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 Promenade à Yomi. [ Libre ]

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Howl Fieldman
Pèlerin sans Monde

Howl Fieldman




Geek : 182
Pouvoir : Invocation de chauve-souris vampires.
Transformation : Chauve-Souris.


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Promenade à Yomi. [ Libre ] _
MessageSujet: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeMer 21 Juil 2010 - 18:58

Avez-vous déjà vu ...
Howl qui se promène à Yomi ?


Il faisait beau à Yomi. Première nouvelle. C’était si rare que Howl resta un moment devant la fenêtre sans réaliser quand il se réveilla. Ce n’était pas un soleil chaud et estival qui régnait dans l’azur bleu du ciel, non, bien sûr que non, c’était juste qu’un peu de lumière perçait les nuages sombres qui planaient comme habituellement au dessus de la ville. Néanmoins, cela surprit Howl, car pour la Nation des Ténèbres, c’était ce qu’on pouvait communément appeler du beau temps. Et c’était rare, mais si rare !, dans la Nation des Ténèbres ! Encore surpris par la météorologie, Howl se rassit sur son lit. Et très vite, une seconde information fusa dans son esprit encore embrumé de sommeil. Il était tard. La chauve-souris, pourtant habituée à se réveiller à l’aube, était donc en retard. Ce qui signifiait qu’Elle avait de fortes chances de l’engueuler. MEEEEEEERDE !! Bondissant sur ses pieds, il attrapa ses affaires qu’il enfila en vitesse. En moins de deux, il avait passé son pantalon noir, sa chemise blanche et son écharpe toute aussi blanche, ainsi que ses bottes noires. Il attrapa son long manteau – noir lui aussi – et sortit en courant des appartements qu’Elle avait mis à sa disposition dans le Château Noir. Il enfila son manteau tout en courant, sous les regards surpris des autres serviteurs qu’il dépassait en courant. Il était rapide, et il connaissait parfaitement bien les couloirs du château, aussi il sauta par-dessus les lattes de plancher qu’il savait traîtres, juste devant les escaliers, et commença à monter, courant toujours aussi vite. En passant devant un miroir, il s’aperçut qu’il n’était ni rasé, ni coiffé, et qu’il n’avait pas ses gants ni son chapeau. Tant pis, il était déjà trop en retard !
Ce ne fut que devant la porte de la chambre d’Aileen, la Gardienne qu’il servait et aimait, qu’il se rappela qu’elle lui avait dit, la veille, que pour le remercier de ses bons et loyaux services, elle lui accordait une journée de repos. T’as pas l’air con maintenant. Comme un crétin, il avait oublié ça ! Mais quelle tache, quelle tache tu fais, Howl Fieldman ! Il tourna les talons, repartant vers sa chambre pour récupérer son chapeau et ses gants. Sur le chemin du retour, tous les regards qu’il croisait semblaient lui hurler « Boulet ! » Par Héla, comment avait-il pu oublier !? Lui qui était d’habitude si attentif aux ordres d’Aileen ... Peut-être parce que cette suggestion l’avait dérouté ? Oh, qu’est-ce qu’il en savait ! Il n’était pas maître de sa mémoire, après tout ! Les mains dans les poches, il rentra dans sa chambre et se jeta un coup d’œil en passant devant le miroir de sa salle-de-bain. Le temps de se raser et de se coiffer et il serait parfait. Il s’exécuta avec cette rapidité que créée l’habitude, puis il récupéra ses gants blancs et son chapeau noir à large bord. Lorsqu’il passa le seuil de la porte, il était tout beau tout classe. Comme d’habitude quoi. Il prit le temps de verrouiller sa porte avant de partir ; non pas qu’il était paranoïaque, mais sa condition de serviteur personnel de la Gardienne faisait des envieux, et il préférait éviter de se coucher avec un assassin tranquillement installé sous son lit. Paranoïa, quand tu nous prends ... Cette précaution était presque inutile, vu qu’un assassin aurait mille autres façons de rentrer chez lui, mais ça éviter au moins les petits vols. Et puis merde, il avait vraiment besoin de s’expliquer à sa conscience ? i___i’. Jouant avec le col haut de son manteau, Howl quitta le château et rejoignit Yomi. En marchant dans les rues, quelques regards le suivaient ; il était grand, beau, bien habillé et beaucoup le pensaient issu de la Noblesse. C’était d’ailleurs le cas de l’enfant qui l’aborda. C’était un garçon d’une dizaine d’année, qui lui mit ses fruits sous le nez en gueulant qu’ils « ne sont pas chers du tout, de si bons fruits, c’est une affaire, monsieur ! »
Howl l’ignora royalement, le contournant pour le dépasser sans lui accorder un seul regard.
Vexé et sûrement habitué à ce genre de conduite de la part des autres, le gamin se mit à le suivre, l’abordant encore deux ou trois fois pour tenter de lui vendre ses fruits. Il courait presque pour ne pas se laisser distancer par Howl, qui faisait de plus grandes foulées et marchait vite. Finalement, l’homme s’arrêta, relevant légèrement le coin de son chapeau. Devant lui, l’enfant s’emportait.

« Vous, les nobles, vous êtes si riches que vous ne vous aideriez pour rien au monde ! Egoïstes ! Vous ne nous comprenez même pas ! »

Howl haussa un sourcil, méprisant.

« Vraiment ? lâcha-t-il. Peut-être aussi que je ne compte pas te laisser me faire les poches comme ça, tu ne crois pas ? Ta main te trahit, gamin, tu la garde dans ta poche parce que tu veux dissimuler ton arme, un poignard sûrement, qui te sers à obliger les jeunes filles et les gamins plus jeunes à te donner leurs bourses. Et ta « diversion » ... – on sentit le mépris dans sa voix – Ce n’est pas à celui qui l’a utilisée que tu feras les poches. »

Sans rien ajouter, le serviteur personnel d’Aileen Sôma dépassa le gamin interloqué, reprenant sa route. Après avoir vécu de longues années à la rue, il avait appris à reconnaître les voleurs – il avait même été un voleur. A cette pensée, il sentit une légère tristesse l’envahir, comme le chant nostalgique de ses souvenirs. C’était une jeune fille qui lui avait appris à voler, Kana. Une jolie blonde, pétillante et pleine de vie. Son premier amour, aussi. Avec elle, la vie avait été un jeu perpétuel, une compétition amicale. C’était à qui rapporterait le plus gros butin. Ils avaient commencé à sortir ensemble, car elle éprouvait les mêmes sentiments que lui. Tout aurait pu très bien se passer. Sauf qu’un jour, Kana avait voulu rendre fier son petit ami, elle avait voulu régler leurs problèmes et les faire sortir de la misère. Elle s’en était prise à un riche. Ce noble l’avait condamnée. On n’attaque pas la Haute. Elle avait été pendue le lendemain. Parfois, dans ses cauchemars, Howl revoyait le corps de Kana se balançant au bout de la corde, le visage masqué par un rideau de cheveux ; mais à chaque fois, c’était la chevelure brune d’Aileen qu’il reconnaissait à la place de la crinière blonde de Kana.

Ce fut un enfant – encore !- qui fit sortir Howl de ses pensées en le percutant. Le serviteur s’arrêta, prêt à invoquer une chauve-souris vampire avant de comprendre que ce n’était qu’un enfant maladroit. Ou un voleur maladroit, quoi qu’il sentait toujours sa bourse. Non, rien de grave, juste un gamin malhabile. Relevant le menton avec mépris, le jeune homme décida de quitter les rues trop fréquentées de Yomi, et entra au hasard dans un bar, feignant de ne pas remarquer les regards de certains clients. Le serviteur de la Gardienne, ici ? Howl traversant la salle en baissant son chapeau pour dissimuler un petit sourire. C’était risible ; il n’était pas un de ces nobles qui condamnaient volontiers la populace, même s’il savait qu’il ne pouvait rien pour tout ces gens dans les rues. De toute façon, il y avait les malfrats des autres mondes et les pauvres de Yomi, ici ; qui aurait donc su faire la différence ? Le beau jeune homme s’assit au comptoir, relevant légèrement son chapeau.

« Et il veut quoi le beau p’tiot ? » gueula le barman dans ses oreilles.

La chauve-souris releva la tête pour planter ses yeux dans ceux de l’homme, comprenant qu’il s’adressait à elle.

« Une bière. »

Pas contrariant, le Howl. Pendant qu’il sirotait sa bière, ses pensées dérivèrent à nouveau, s’axant autour d’un visage. Masculin, cette fois. C’était celui d’un jeune homme qu’il avait embauché quelques mois plus tôt, Sed Meyan, un truc comme ça. Ce qui avait frappé Howl en le rencontrant, c’est combien cet homme pouvait lui ressembler. Et ressembler au géniteur du serviteur, aussi. Meyan était plus petit qu’Howl, plus jeune aussi, mais il avait la même stature que lui, et le même visage. A l’exception près de leurs yeux, couleur noisette chez Meyan et dorés chez Howl. Ce jeune homme l’intriguait, bien que Howl n’apprécia pas son attitude tranquille, légèrement irrespectueuse.

La porte du bar claqua ; Howl se tourna, jetant un coup d’œil en arrière. Quelqu’un rentrait, bien qu’avec le contre jour, il ne parvenait pas vraiment à voir qui c’était. Et puis c’est bien connu, les chauves-souris ont une ouïe hors du commun pour une vue de merde.



1456 mots, arrondi à 1450.
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Sed Fieldman
Pèlerin sans Monde

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Pouvoir : Invocation d'un cheval noir.
Transformation : Panthère Noire


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Promenade à Yomi. [ Libre ] _
MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeJeu 22 Juil 2010 - 1:57


Avez-vous déjà vu
une panthère et une chauve-souris se rencontrer?

Comme presque tous les matins, c'est Talisman qui éveilla son humain à elle, d'un miaulement impérieux suivi d'un atterrissage sur le matelas du lit, et d'un coup de museau frais sur la joue du jeune homme. Seedle bâilla en soulevant une paupière, tendit la main pour frotter la joue de Talisman qui émit aussitôt un ronronnement. La chatte fila alors s'asseoir sur la poitrine de son maître, dardant sur lui un regard satisfait d'elle-même, cet air qu'ont souvent les chats. Elle aimait être au-dessus des humains, c'était quand même carrément plus drôle. A moitié réveillé, Sed soutint le regard de son amie féline tout en essayant de mettre de l'ordre dans ses pensées en vrac. Il y parvint vite, et tenta de se redresser mais Talisman vint poser ses deux pattes avant au niveau de sa clavicule. Approchant sa tête aristocratique de Sed, elle émit un miaulement doux et léger. Soupirant mais sachant d'expérience qu'on ne va pas contre les désirs d'un chat, Seedle lui frotta les oreilles jusqu'à ce que Talisman s'avoue satisfaite et bondisse du lit d'un geste souple. Se levant à son tour, Sed admira la beauté de sa chatte qui se dirigeait d'un pas de reine vers son écuelle, attendant qu'il y mette quelque chose. Elle était jolie, cette femelle, c'était vrai...une sublime tigrée grise, au plastron, au masque et aux pattes blancs, aux yeux ambrés, au corps souple, musclé et massif. Sa fourrure était ondoyante, toujours propre et luisante.
Tout en s'étirant, le jeune homme jeta par habitude un coup d'oeil à la fenêtre, ce qui lui permit de se rendre compte qu'il était plus tôt que de coutume. D'ordinaire, Sed se levait un peu avant le soleil, mais aujourd'hui, l'aurore ne menaçait même pas. Le jeune homme prit donc le temps qu'il lui fallait pour s'habiller, se coiffer, se raser, se débarbouiller, et prendre un maigre petit déjeuner: il n'était pas un gros mangeur le matin. Talisman en revanche, comme de coutume, ne se gêna pas pour piocher dans l'assiette de son humain. Ce qu'il avait été forcément mieux. Et il lui fallait ce qu'il y avait de mieux. Sed lui céda l'ensemble du maigre repas sans vraiment se battre.

Il hésita, au vu de l'heure, à sortir, cependant, il finit par se décider à le faire. Tandis que Talisman achevait sa toilette, le jeune serviteur attrapa ses gants blancs et vérifia dans le miroir qu'il était présentable.
Comme de coutume, il frémit en croisant son propre regard dans la glace. Il avait les yeux de son père, ce regard noisette piqueté d'or par endroits et au gré de la lumière. Il ne possédait d'ailleurs pas, songea sombrement Seedle Fieldman, que les yeux de son géniteur, mais également presque l'ensemble de son physique: les cheveux sombres, la peau claire, la haute taille et la morphologie, les attaches fines, le visage ovale à la mâchoire solide mais pas très marquée...tout en lui, jusqu'à son élégant maintien, évoquait son père. D'aucuns en auraient été heureux, car, il fallait bien le dire, Seedle était plutôt classe et beau gosse, mais lui...cela l'horripilait. Son père n'avait été, même aux yeux d'un petit garçon, qu'un salopard, un ivrogne toujours prompt à frapper enfant et mère, à lever la belette dans tous les coins de taverne une fois qu'il était bien aviné, à rabaisser sans cesse sa mère au rang de plus bas que terre. Heureusement, Sed n'avait supporté tout ceci que six ans puisque, ensuite, son père était mort ou, en tous cas, était parti en hurlant qu'il allait tuer une certaine femme, et n'était jamais revenu. Pour l'enfant, cela avait été un soulagement. Pour sa mère une souffrance. Ils étaient partis vivre à Yomi, où Sed avait appris à voler et à monter des coups tordus pour trouver de quoi vivre, car sa mère s'était mise à boire et vivait dans la plus noire misère, allant jusqu'à mendier pour se payer une bouteille ou un verre. Pour lui, rien. Il s'était vite émancipé, ne voulant plus jamais devoir dépendre d'une ivrogne. Il avait ensuite grandi, aimé, mûri...souffert aussi, un peu, mais toujours déterminé à aller de l'avant, à ne pas se laisser enfermer par son passé. La seule chose qui le secouait, c'était son physique. Il avait toujours l'impression de croiser le regard de son père. Pour s'affranchir de l'ombre de l'homme il avait même changé son nom. De Seedle Fieldman était devenu Sed Meyan, le patronyme de sa mère. Et s'était fait engager ici sous ce nom, par un certain Howl avec qui il se trouvait certains...traits de ressemblance. D'ailleurs, même la Louve l'avait, récemment, confondu avec lui.

Tout à ses pensées, Sed acheva les tâches qu'on lui avait confié pour la journée et demanda rapidement s'il restait quelque chose à lui faire faire. Il reçut une réponse négative, on lui conseilla ironiquement d'aller faire un tour à Yomi puisqu'il se levait si tôt qu'il finissait lorsque les autres commençaient. Sed ne releva pas et sauta sur l'occasion pour aller voir un peu la ville. Sur son épaule, Talisman planta ses griffes dans la veste de l'homme en pétrissant de ses pattes, comme font les chats. Le tissu n'était cependant pas assez épais pour se garantir de griffes acérées et Sed grogna, flatta le col de la chatte:

"Tu es quelque peu en train de me...lacérer l'épaule."


Talisman continua cependant, évidemment.
Sed, soupirant, estima qu'il ne pouvait emmener sa chatte à Yomi sans risques pour elle. D'autant plus que, voir un type trimbaler son chat sur son épaule sans que le félin en semble gêné, c'était rare, tout de même. Il revint donc à sa chambre pour y déposer Talisman qui lui jeta le regard noir d'un chat frustré. Le genre qui fait frissonner n'importe qui et qui pousse à sortir à reculons de la pièce, au cas où...

En sortant du château, Seedle remarqua avec surprise que le temps était étonnamment beau, le soleil filtrant à travers des nuages certes sombres, mais éclairant tout de même la route et les alentours. Ainsi effleurées par les rayons solaires, la Nation des Ténèbres semblait un peu moins lugubre. Sombre toujours, mais moins glauque...
Le jeune homme parcourut cette route assez propre -si peu de gens y circulaient- d'un pas souple et rapide, en direction de Yomi. En chemin un gamin l'aborda en lui vantant une cargaison de fruits, bons, pas chers, une affaire. Sed commença par l'ignorer en surveillant sa bourse du coin de l'œil, car il avait déjà, au temps où il se débrouillait tout seul, pratiqué ce genre de choses, puis, lassé de l'entendre lui brailler des propos inutiles dans les oreilles, fit volte-face et lâcha:

"Rien à foutre de tes fruits, gamin. Et crois bien qu'un gosse comme toi n'arrivera pas à me voler pour la simple et bonne raison que figure toi que je connais tes trucs...y compris cette diversion lamentable et, si tu veux mon avis, très maladroite."


Le gamin se renfrogna:

"Punaise, mais vous avez quoi, tous, aujourd'hui, à vous méfier, hein?"

Sed s'éloignait sans lui accorder un regard lorsqu'il entrevit du coin de l'œil un mouvement derrière lui. Réflexe affûté par des années passées à protéger sauvagement ses butins, il saisit le poignet du gamin et le força à le fixer dans les yeux:

"Maintenant écoute-moi bien, petit. Si tu t'avises de recommencer cette énorme bêtise, je te brise le poignet. Et tu verras bien si tu pourras encore voler après ça!"

Cette fois, le gosse recula et s'éloigna en tentant de sauver un peu de dignité, fait difficile puisque d'autres voleurs, ses compagnons sûrement, avaient épié la scène et charriaient le petit tire-laine à distance. Sed s'éloigna à grands pas agacés. Il s'était un peu laissé emporter. Jamais il n'aurait pu casser quelque chose, sciemment, à un gamin comme celui-là qui essayait juste de vivre. Ni à aucun autre d'ailleurs. Il aimait bien les gosses, souvent moins compliqués que les adultes. Cependant, des années de vie dans les rues lui avaient appris à régler les problèmes de façon expéditive, à menacer avant de l'être. Montrer les dents dès qu'on l'abordait, telle avait été sa seule façon d'avoir la paix et d'éviter les embrouilles. Une ou deux rixes lui avaient permis de se faire une solide réputation de bagarreur, et l'adolescent d'alors n'avait plus jamais eu de problème de ce genre. D'autre part, en gamin qui avait lutté pour avoir de quoi vivre, il défendait son bien avec férocité.
Férocité.
Un sourire naquit sur les lèvres de Sed qui déambulait dans les rues de la ville. C'était vrai ça, il était un peu féroce...pour un peu il n'aurait même pas besoin de se transformer en panthère noire pour mordre...Asaka le lui avait dit, une fois. Asaka, son premier vrai amour. Et le seul pour l'instant...la jeune fille était fille d'un artisan de renom, et avait flirté avec le jeune voleur durant deux années, jusqu'au jour où le père d'Asaka, les surprenant, furibond, avait jeté Sed à terre d'un coup de poing qui lui avait brisé la clavicule et avait traîné Asaka chez lui en hurlant à qui voulait l'entendre que ce jeune voyou essayait de dévoyer sa fille, et cætera. Avec le recul, effleurant l'irrégularité sur l'os que lui avait laissée la fracture, Sed songea qu'il avait été préférable pour l'homme qu'il ait eu la clavicule cassé. Sans quoi, furieux et comprenant bien ce qui allait se passer, il aurait balancé son poing dans la tête du père d'Asaka, ou se serait transformé, ou aurait invoqué Dancing Flame, l'esprit à forme de cheval noir. Malheureusement, la douleur avait été telle qu'il avait roulé au sol et n'avait pu que voir Asaka lui jeter un regard désespéré. Il ne l'avait jamais croisée à nouveau.
Une silhouette furtive coiffée d'un chapeau lui fit penser à Howl, l'homme qui l'avait engagé, l'âme damnée et le serviteur personnel de la Louve. Il avait été frappé par leur ressemblance: Howl avait un peu plus de taille et de carrure que lui, quelques années de plus aussi, une dizaine environs, et des yeux plus clairs, mais il avait tout de même trouvé la ressemblance frappante. Il avait aussi des similitudes avec le géniteur de Seedle, d'ailleurs, d'où une légère antipathie, un préjugé d'une certaine façon, qu'éprouvait Sed à propos de tous ceux qui ressemblaient à son père.

Lassé de zigzaguer entre promeneurs, hommes occupés et voleurs, Seedle obliqua vers un pub qui semblait moins miteux que les autres et y entra, sans bruit à son habitude. Une vague de souvenirs divers l'envahit: souvent il avait fait les poches de buveurs dans des endroits comme celui-ci. Soudain, face à lui, un homme élégant se retourna.
Quand on parle du loup...
C'était Howl, Howl dont il ne connaissait toujours pas le patronyme d'ailleurs. N'ayant aucune affinité avec l'homme et se montrant toujours méfiant par principe, Sed chercha des yeux un autre endroit où s'asseoir. Sauf que, pas de chance...le pub était bien rempli. Presque bondé. Et, manque de bol, bis, le seul siège disponible se trouvait...en face de Howl. Pas de bol, ter.
Faisant contre mauvaise fortune bon coeur -c'est à dire pesant le pour et le contre entre retourner crapahuter dans les rues ou s'asseoir face à Howl. Il choisit la seconde solution, n'ayant aucune envie d'aller faire un gymkhana dans les rues de Yomi à l'heure de pointe. Il avait à peine eu le temps de saluer Howl d'un signe de tête poli mais un peu froid, et de tirer la chaise de côté pour s'asseoir en diagonale par rapport à la table que, déjà, le patron lui fonça dessus:

"Il voudrait pas une bière le beau jeune homme? Mais j'ai carrément plein de beaux p'tiots c'jour! C'est un lâcher d'élevage ou quoi, les gars?"


Le tout sur un ton du genre t'as intérêt à prendre une bière mon gars parce que j'ai plus que ça.
Ne réagissant pas aux deux dernières phrases -pas envie d'initier une discussion sans intérêts, en d'autres termes de remettre des sous dans la machine-, Sed, choisissant de jouer les pas contrariants, répondit simplement d'un ton tranquille:

"Si, une bière, d'accord."


En la buvant, à petits coups, il constata qu'elle n'étais pas si bonne que ça, mais bon, on ne va pas faire le difficile et puis, il avait goûté pire. Tandis que, le dos appuyé contre le dossier de la chaise, l'air détendu et tranquille, il sirotait son verre sans trop y penser, son esprit s'égarait dans une multitude de souvenirs et d'images, mêlant Asaka, une alcoolique, un esprit en forme de cheval noir et aux yeux de feu, une opération "vidage de poche", pas mal d'autres trucs...vestiges d'une vie révolue, celle d'un petit voleur orphelin de Yomi, comme tant d'autres.
Lorsque les yeux noisette de Sed croisèrent ceux, dorés, de Howl, il hésita à lui demander, saisi d'un doute étrange, son nom de famille. Cependant il s'abstint, n'ayant à vrai dire pas très envie de faire la conversation.

2177 mots selon OpenOffice
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Howl Fieldman
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Transformation : Chauve-Souris.


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MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeJeu 22 Juil 2010 - 11:41

Maintenant,
oui !


Lorsqu’il reconnut l’homme qui entrait dans la taverne, Howl retourna immédiatement la tête, manquant de faire tomber son beau chapeau. Ah, ce qu’il l’aimait, ce chapeau ! En taverne plus qu’autre part, il ne risquait jamais de s’en débarrasser, de peur de le perdre, ou de se le faire voler par je ne sais quel malfrat en manqué de sensations fortes. Parce que oui, s’attaquer au couvre-chef du beau jeune homme, c’était s’attaquer au jeune homme en question. Et se prendre une chauve-souris vampire d’un mètre d’envergure dans la gueule. Le Chapeau d’Howl, c’était un peu comme Slade ou Dave pour Aileen, en moins vivant et moins féroce hélas. Pauvre petite chauve-souris, perdue sans autre amie qu’un chapeau noir à larges bords !
Une chaise grinça à côté d’Howl. Se penchant sur sa bière pour ne pas croiser le regard de Meyan, il l’avait néanmoins entendu approcher. Le jeune homme s’assit à côté de lui, tandis que le barman se remettait à hurler dans les oreilles fragiles de Monsieur Chauve-souris. Il incita – ou plutôt obligea – Meyan à prendre une bière, tout en gueulant à qui voulait l’entendre qu’aujourd’hui, il n’y avait que de beaux gosses dans sa taverne. Lorsqu’il évoqua un possible lâché d’élevage, Howl releva violemment la tête, perdant son chapeau cette fois. Il planta son regard glacial dans celui du barman, tout en grommelant à voix basse quelque chose comme Mais tu vas la fermer, abruti !?, tandis qu’il se levait pour récupérer son chapeau-choo. Eh bah non. Un ivrogne, ne sachant pas à qui il avait affaire, l’avait attrapé et posé sur sa tête en riant grassement, sous les regards effarés de ses amis. Se retournant, Howl jeta un regard à sa bière. Elle n’était pas si bonne, et il ne lui en restait plus tant que ça. Il pouvait très bien récupérer son chapeau et partir, non ? Puis ses yeux croisèrent ceux de Sed. Pendant un instant, il se figea. Un léger tremblement s’empara de ses doigts. Ce regard ... Ce visage ... Comment cela se faisait-il que Meyan ressemble tellement à l’homme qui avait tué la mère de Howl, à savoir le géniteur de celui-ci !? Il serra les points, se retournant pour ne pas montrer sa surprise. L’homme paradait toujours avec son chapeau.

« Toi. »

Le mot, pourtant prononcé à voix basse, sembla retentir comme si Howl l’avait hurlé. Il y avait tant de mépris, tant de haine dedans que le barman recula de quelques pas derrière le comptoir. L’homme, trop éméché, n’eut pas l’intelligence de le faire. Il se retourna, croisant le regard de la Chauve-souris en riant toujours aussi bêtement. Il se leva de sa chaise, titubant quelque peu, et s’approcha d’Howl, le dominant d’une bonne dizaine de centimètre. Le serviteur personnel d’Aileen n’était pourtant pas petit, même plutôt grand, mais l’autre avait la carrure parfaite du bucheron. Ce qui ne changeait rien du tout à ce que Howl s’apprêtait à faire. L’homme, surpris qu’un aussi beau jeune homme s’approche de lui avec un air si déterminé et haineux, le jaugea du regard avant de grogner :

« Qu’est-ce que t’as, le beau gamin ?
- Rends-moi mon chapeau. »


L’éclat de rire qui secoua l’homme face à Howl l’irrita au plus haut point. L’autre le toisa d’un air méprisant, avant de lâcher d’une voix pâteuse :

« Oooh le petit bourge, cette tapette de noble a perdu son cha ... »

Le coup de point qu’il se prit dans le ventre l’empêcha de finir sa phrase et le fit se plier en deux. Pour la seconde fois de la journée, Howl s’était fait prendre pour un noble, ça commençait à bien faire ! Lui qui haïsait la bourgeoisie plus qu'autre chose ... Récupérant son chapeau, il revint s’asseoir à côté de Meyan. Il enfonça son couvre-chef sur sa tête, buté, tout buvant une gorgée de bière. Le barman recula encore un peu. A croire que la fureur de l’homme, bien que glaciale et contenue, était perceptible autour de lui. Etrangement, Meyan ne semblait pas atteint par cela. Peut-être connaissait-il ce genre de comportement ? Howl tenait sûrement ça de sa mère, vu que son père, cet ivrogne, était le genre d’homme à éclater à la moindre provocation et à frapper sans raison. Et quand il était en colère, il gueulait, cassait tout ce qui lui tombait sous la main, frapper volontiers la mère d’Howl. Il n’avait pourtant jamais touché son fils. Ni pour le serrer dans ses bras, ni pour le frapper. Comme si ce contact le répugnait. Bah, ce n’était pas une perte, ma foi. La voix du barman fit sortir Howl de ses pensées :

« Mais t'es un noble ou pas, beau p’tit gars ?
- Non. »


Bref et concis, je vous présente Howl.

« Alors t'es qui ?
- Un serviteur de la Gardienne.
- Un serviteur, genre, un gars qui lave le par terre, ou un gars qu’elle aime bien, si tu vois ce que je veux dire ... ?
- Un gars qui lave le par terre. »


Menteur. Howl lança à Meyan un regard, du coin de l’œil. Comment allait-il réagir ? Sûrement en sursautant, peut-être en le contredisant. Ou alors en marchant dans son jeu, échangeant volontiers leurs rôles et se faisant passer pour le serviteur personnel de la Gardienne. Il verrait bien. Peut-être ne réagirait-il tout simplement pas ? Il sirota sa bière tout en continuant de surveiller l’autre. Or contre noisette. Et à nouveau, cette sensation de malaise, de ... de familiarité empli Howl. Il connaissait ces yeux. Il en était sûr. Ce n’était pas seulement ceux de Sed Meyan. Sans qu’il ne sache pourquoi, il lui rappelait son enfance et la peur. Un instant, il eut envie de demander à Meyan d’où il tenait ce regard, pour comprendre. Pour se souvenir. Mais non ; Howl n’aimait pas commencer les conversations. Et pourtant.

« Quel âge as-tu, Meyan ? »

Euh oui mais non, c’est pas touuut à fait ce que tu voulais demander, Howl. .___.



1008 mots, arrondi à 1000.
[ Désolée c'est pas fameux. i___i Mais j'ai cherché à faire quelque chose d'exploitable quoi. xD ]
20 points d'expérience.
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Sed Fieldman
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MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeVen 23 Juil 2010 - 0:19

[c'est vrai que mon message précédent n'était pas vraiment exploitable...désolée]


Lequel des deux
va croquer l'autre?



Sed n'était en aucun cas dupe de la passivité de Howl, qui l'avait probablement entendu entrer, et s'asseoir face à lui. Sinon, c'était que le serviteur personnel de la Louve était quand même sacrément bouché. Fort peu probable, voire même fort impossible, ma foi. Et puis, il avait bien remarqué le geste de Howl à son entrée, réaction qui avait d'ailleurs failli faire perdre à l'homme son chapeau. A cette pensée Seedle sourit. Ce chapeau était décidément bien particulier...sur un autre, il aurait sûrement été ridicule mais, même un ancien petit voleur sans aucune classe des bas quartiers de Yomi devait admettre que ce couvre-chef allait très bien à Howl. Il lui donnait une certaine classe, le genre d'élégance qui permet de se voir ficher une paix royale par les gens épatés. En tous cas, Howl semblait tenir à son couvre-chef, à en juger par la façon dont il l'avait empêché de tomber de ses cheveux noirs. Sage initiative d'ailleurs, car Meyan savait, mieux que personne, à quel point il était simple de se faire piquer quelque chose si on le laissait sans méfiance à côté de soi. Certes, voler Howl n'était sûrement pas bien sage, d'après ce que Sed entendait au sujet de l'homme dans les couloirs du château. Mais bon, simple ne veut pas dire intelligent. Des fois, ce serait même l'exact contraire.

Avec intérêt, Seedle nota aussi la réaction de son vis-à-vis face à l'allusion idiote du tavernier pas bien futé, concernant un élevage. Un élevage de beaux gosses...et puis quoi encore? En tous cas, cela avait dû contrarier Howl car il bondit littéralement en grommelant quelque chose de peu flatteur à l'attention de l'idiot en question, qu'il regardait d'un air plus froid qu'une aube d'hiver dans la Rivière de l'Oubli. Réaction excessive, jugea Sed qui n'avait pas relevé. Howl ne semblait pas être coutumier de la ville...ou du moins, ne pas avoir entendu beaucoup d'allusions idiotes. Ou bien peut-être étais-ce lui, Sed, qui se montrait étonnamment indifférent?
Il fallait dire que le jeune homme s'en était pris plein la figure durant toute sa vie à Yomi. Parmi les nouveaux arrivants en ville et les voleurs, tout ce peuple de miséreux, les nouvelles allaient vite et, avant même qu'il comprenne ce que tout ça voulait dire on l'avait appelé, sur son passage, de divers noms imagés. Bâtard, fils d'ivrogne ou de putain, tapette, petit...euh, petit pas mal de trucs en fait, de crétin à merdeux, chien galeux, sac à puces...il possédait un beau répertoire, depuis. Au début, ces insultes, sifflées sur son passage, glissées sournoisement au hasard des rencontres, avaient blessé l'enfant qu'il était. Et puis, peu à peu, il s'était endurci. Il avait appris à prendre de la distance, à ne pas entendre les mots blessants, les mots railleurs, à passer tête haute entre les hordes de moqueurs. Il avait cessé de croire que les phrases qu'il entendait entamaient sa dignité, et pour cela, elles avaient cessé de l'atteindre. Aujourd'hui, on aurait pu faire une allusion à sa mère ou à sa situation d'enfant né hors mariage, il s'en foutait mais alors, royalement. Au moins.
Visiblement, Howl n'avait pas ce détachement là.

A son entrée dans la taverne, Sed avait émis quelques conjectures sur l'attachement de Howl à son chapeau. Il en eut la preuve lorsque l'homme, cherchant son couvre-chef, l'aperçut sur la tête d'un ivrogne derrière lui. Il se figea, et hésita visiblement à partir avant de s'adresser à l'homme, après que ses yeux aient croisé ceux de Sed qui épiait la scène. Une fois de plus, quand il sonda les prunelles dorées, Seedle Fieldman eut l'impression vague de connaître cet homme de longue date. Il lui disait quelque chose, éveillait en lui les échos d'un temps révolu, et d'un ivrogne qui hurlait en rentrant à peine capable de tenir la station debout. Son père...et lui-même, ce regard lui rappelait celui qu'il voyait chaque matin dans le miroir. Oui, décidément, cet homme lui ressemblait, physique, beaucoup. D'ailleurs, tous deux avaient aussi une certaine prestance, réelle quoique différente. Howl semblait, dans son ensemble, plus...noble, plus stylé que Sed, à l'attitude parfois nonchalante. En résumé, si Howl avait été un fier chat de race à pedigree, Seedle aurait été un chat de gouttière, hâve, gouailleur, avec moins de convenances mais autant de classe et d'aura.

Le ton de Howl fut comme une douche d'eau froide sur l'ensemble de la taverne. Même l'ivrogne se figea un instant, avant de se remettre à maugréer et brailler d'une voix désagréable, qui vrillait les oreilles de Sed assis juste entre lui et Howl.
L'homme se leva d'un air mal assuré, et s'approcha en titubant du serviteur de la Louve. Il s'appuya sur la table un instant, pour invectiver le jeune homme, et son haleine avinée fit froncer le nez à Sed. Le jeune homme, s'écartant un peu -il avait bu combien de verres ce type?- se prit à penser à nouveau à son père. Observant le braillard, il se fit la réflexion, habituelle, que tous les hommes avaient vraiment l'air de brutes épaisses et stupides lorsqu'ils étaient bourrés. L'expression de Seedle, presque malgré lui, se chargea d'un incommensurable mépris, et d'une rancœur qui n'était pas destinée à cet homme-là, tandis qu'il toisait l'ivrogne. En même temps, réflexe d'enfant qui s'était pris bien des torgnoles de la part d'un homme saoul, il avait dans l'œil de la méfiance.
Howl s'étant levé, le voleur de chapeau vint se planter devant le jeune homme, le dominant nettement sans que cela ne paraisse inquiéter Howl. Sed se cala sur sa chaise, curieux de savoir comment allait se finir l'altercation, bien qu'ayant une petite idée de son issue. Idée qui se révéla tout à fait juste lorsque l'ivrogne eut l'idée stupide de commencer à protester, et finit sa phrase...non, ne la finit pas, plié en deux sur le sol par un bon coup dans le ventre. Howl récupéra son chapeau sans montrer d'émotion, sans un mot, mais sa rage irradiait autour de lui, comme des vagues glaciales d'une mer déchaînée. Tous étaient muets, mais Sed, lui, devait admettre que, s'il était impressionné, ce n'était que par l'habileté avec laquelle le jeune homme avait géré l'altercation. En habitué des embrouilles de taverne, il savait bien que Howl venait de gagner sa tranquillité: nul n'oserait plus s'approcher de lui trop près ni trop longtemps. En revanche, la fureur de son...collègue le laissait plutôt froid: la rage, la haine, il était vacciné contre. Et puis, il n'avait pas vocation à l'emportement, quoiqu'ayant le tempérament un peu sanguin parfois, et il se serait probablement comporté à la façon de Howl dans la même situation. En un peu plus violent, certes.

Un léger sourire aux lèvres, l'air nonchalant d'un félin qui se dore au soleil et savoure un spectacle intéressant, Sed se redressa un peu sur sa chaise. Vaguement, il entendit le barman questionner Howl sur son appartenance, ou non, à la caste très fermée des nobles. Intéressé, Sed se fit attentif, sans changer son attitude cependant. La réponse fut négative. Les questions suivantes concernèrent le rôle du jeune homme au palais, et Howl répondit, à la surprise de Sed, qu'il était un serviteur de bas étage. Sans sursauter cependant, Seedle ouvrit les yeux et jeta à Howl un regard ambigu, un rien d'ironie au fond des yeux, façon de lui signifier qu'il n'était pas dupe, mais qu'il voulait bien jouer le jeu et se taire.
Cependant, Sed n'alla pas jusqu'à échanger leurs rôles. Il n'avait pas très envie qu'on le prenne pour un serviteur bénéficiant de la confiance d'Aileen Sôma. Vieille habitude, encore, qui le poussait à demeurer si possible dans l'ombre. L'ombre, c'est la sécurité. Enfin, seulement de façon imagée, parce que en vrai...bref.

Revenant à sa bière, Howl ne quitta cependant pas des yeux Sed, qui soutint son regard sans broncher. Certes, l'homme de confiance de la Louve avait un regard franc et direct, qui pouvait sans doutes mettre mal à l'aise, certes il était haut placé et lui n'était qu'un serviteur de bas étage, mais il n'avait quand même pas l'intention de baisser les yeux. Maintenant qu'il y pensait, chez les félins, le regard droit dans les yeux, c'est signe de défi. Et à bien y penser, il y avait un peu de test chez chacun, comme deux futurs adversaires qui se tournent autour et prennent la mesure l'un de l'autre avant d'engager le combat. En tous cas, c'était ce que Sed ressentait, et il avait toujours eu de l'intuition; il faisait confiance à ce sens apparaissant comme animal et indigne de l'homme à certains. N'empêche que ça lui avait souvent sauvé la mise.
Et puis Howl le questionna. Lui demanda son âge. Drôle d'entrée en matière, songea Sed. Il ne doit pas aimer débuter les conversations, lui non plus. Enfin bon, soupira-t-il intérieurement, converser avec Howl, c'est mieux que bavarder avec cet abruti de barman qui me prend pour un cheval, à me dire sorti d'un élevage!
Aussi répondit-il sans ciller, sans détacher ses yeux de ceux de son interlocuteur, et sans marquer de gêne non plus:

"J'ai vingt ans, à quelques mois près. Toi, tu es plus âgé que ça, me semble-t-il."

C'était une question déguisée, mais Howl s'étant jusqu'ici révélé peu loquace, Sed jugea utile de renchérir, pour bien lui signifier qu'il attendait une autre réponse que "oui":

"Quel âge as-tu?"

Il le tutoyait. Le vouvoiement lui aurait semblé incongru et puis, pourquoi vouvoyer un homme qui vous tutoie? D'autant plus qu'il se sentait une sorte de...familiarité avec cet homme. Pas le genre de proximité que donne l'amitié ou les années, non, quelque chose de plus trouble et insidieux, de plus fort et faible à la fois que cela.
Songeur quoique présent deux secondes avant, attentif et aux aguets quatre secondes après, Seedle reposa sa chope sans détacher ses yeux noisette de ceux de son aîné au regard plus clair.

1658 mots selon OpOf.

Arrondis à 1650, ce qui nous donne 33 points d'expérience.
UP LEVEL 7.
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Howl Fieldman
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Promenade à Yomi. [ Libre ] _
MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeVen 23 Juil 2010 - 11:49

Saviez vous que les chauve-souris
ont un vraiment sale caractère ?


Howl jeta un regard en coin à Meyan, qui lui répondait qu’il avait vingt ans. Vingt ans ... Ils avaient plus ou moins dix ans de différence. Pour la première fois, Howl se sentit ... vieux. Certes, ce n’était pas un vieillard croulant sous le poids des années, mais il avait depuis longtemps dépassé l’insouciance de son adolescence. C’était étrange que le jeune homme lui fasse cet effet ; il était pourtant habitué à côtoyer Aileen, plus jeune que lui de quatre années. Pour se donner le temps de répondre, il but une nouvelle gorgée de bière. Il tenait sa chope d’une main et jouait avec le bord de son chapeau de l’autre. Il ne comprenait comment celui-ci pouvait ainsi s’attirer l’envie de l’ivrogne ; c’était pourtant un vieux couvre-chef abimé par l’usage. Ca faisait un bout de temps qu’il l’avait, d’ailleurs, le Howl. Avec un petit sourire, il se tourna vers Meyan, reposant sa chope et lâchant son chapeau. A nouveau, il croisa son regard noisette et ne put contenir un petit frisson devant ces prunelles étrangement familières. Il plissa les yeux, puis se rappela la question de son « camarade ».

« Je suis plus vieux que la Gardienne. »

Ce fut tout ce qu’il dit, et c’était déjà beaucoup. Ca laissait entendre qu’il connaissait l’âge de la Gardienne, ce qui signifiait une certaine proximité – non pas qu’Aileen soit gênée de son âge, mais plutôt qu’elle ne s’éclatait pas à le gueuler sur tous les toits. Néanmoins, ce fut une erreur, vu que le tavernier releva violemment la tête pour regarder bêtement Howl. Il bafouilla bêtement quelques mots, ébahi.

« Même les bonzhommes qui lavent l’par terre y connaissent son âge !?
- Qui te dit que je ne sors pas un ramassis d’âneries pour intéresser ce jeune homme ? J’ai vingt-neuf ans, Meyan. »


Le tavernier, surpris de l’animosité tranquille du serviteur haussa les sourcils d’un air excédé en se retournant, s’éloignant pour aller discuter avec d’autres clients. Enfin la paix. Howl jeta un coup d’œil à sa chope : vide. Il pouvait soit rester pour discuter avec Meyan, soit sortir et perdre l’occasion de comprendre ce qui le troublait chez l’autre, soit commander une autre bière. Quoi que non, vu comment il tenait mal l’alcool, la troisième option était plus que dangereuse. Il n’avait aucune envie de rentrer totalement bourré au Château Noir, qu’aurait dit Aileen ? « Alors comme ça, mon serviteur favori est un sale ivrogne ? i___i’ » Euh ouais, quelque chose comme ça. De toute façon, il ne tenait pas à ressembler à son père et à finir alcoolique à cet âge. Si Aileen le virait un jour, peut-être qu’alors ... Non, même pas, avec tout ce qu’il savait sur elle, il y avait trop de chance que dans son ivresse, il commence à balancer tout ce qu’il pouvait dire à propos de la Gardienne. Trop dangereux, vraiment. Déjà qu’avec sa bière, il se sentait un peu bizarre, une de plus et ça finirait mal. Non, vraiment, il tenait très mal l’alcool. Il posa ses coudes sur le comptoir, fermant les yeux pour coller ses paumes contre ses paupières. Il resta un instant dans cette position, puis releva la tête, affrontant à nouveau le regard de Meyan. C’était vraiment étrange ...

« T’as de beaux yeux. »

Oh merde, tu tiens si mal l’alcool !? Tu vas passer pour un homo, Howl. Il n’avait vraiment pas intérêt à reprendre un verre, sinon, il finirait affalé dans le caniveau à se laisser faire les poches par les gamins en gueulant à qui voulait l’entendre qu’Aileen était l’élue de son cœur. Ce qui, ma foi, était une fort mauvaise idée. Sous le regard ahuri du tavernier, Howl attrapa le menton de Sed, s’approcha un peu. Ce visage lui rappelait vraiment quelque chose. Peut-être quelqu’un qu’il avait croisé ? Peut-être ... Kana ? Elle avait les mêmes traits fins, ce même air légèrement insolent ... Ecarquillant les yeux, il se surprit à murmurer le nom de la jeune fille. Non, ce n’était pas possible. Kana lui aurait dit si elle avait eut un frère. Ils s’étaient tout raconté, elle et lui ...

« D’où tu viens, Meyan ? Je connais ce visage, j’en suis sûr ... Mais d’où tu viens !? » murmura-t-il, plus pour lui-même que pour le jeune homme.

Ce n’était pas possible qu’il ai oublié, il n’était quand même amnésique ! Etrangement, ce visage lui rappelait son enfance. Son adolescence, aussi. Cette fameuse journée où il avait perdu sa mère et son identité, et où il avait gagné un combat et une chauve-souris. Pourquoi ? Il ne le savait pas. Peut-être parce que son père ressemblait à ce jeune homme ? Il ne se souvenait plus tellement des traits précis de cet homme ; cela faisait vingt ans qu’il s’était enfui avec sa mère, et quand, six ans plus tard, il avait revu son père, il l’avait tué. Ce qui faisait que leur dernière rencontre, qui avait duré quinze minutes à tout casser, remontait à ... Il y a quatorze ans. Génial, on oubli facilement les détails avec ça. Se pouvait-il que le jeune homme ai un quelconque rapport avec le père de Howl, ou plutôt Caïn, Fieldman ?

« T’veux pas une autre p’tite bière, m’sieur au chapeau noir ? »

Le cri du tavernier surprit légèrement Howl, qui releva la tête. L’homme était accoudé à quelques mètres d’eux, et fixait la chope vide du jeune homme avec l’intention manifeste de la remplir. Euh non, pas question ! é_é Il se tourna vers l’homme, avec toujours cette attitude froide et nonchalante, cette assurance de celui qui sait qu’il ne lui arrivera rien. De toute façon, si le tavernier s’excitait, il n’aurait qu’à invoquer une chauve-souris vampire qui suffisait, la plupart du temps, à faire flipper quiconque l’emmerdait. Au pire, il n’aurait qu’à sortir l’un des deux poignards qui pendaient contre sa jambe, cachés par son long manteau.

« Non.
- L’est pas bonne ma bière !? »


Et voilà, il se vexait. Se détournant, Howl haussa les épaules en songeant qu’il n’avait pas à perdre son temps à se justifier. Il soupira, scrutant à nouveau Meyan. Il était vraiment bizarre, ce gars.

« Tu veux pas qu’on sorte ? Je connais quelques coins tranquilles à Yomi ... »

... Que Kana m’avait montré.



1062 mots, arrondi à 1050.
21 points d'xp.
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Promenade à Yomi. [ Libre ] _
MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeSam 24 Juil 2010 - 1:17


Et qu'elles tiennent
vraiment très mal l'alcool?


    Meyan soutint le regard de travers de Howl, mais ce dernier se contenta de boire sa bière et de tripoter du bout des doigts le bord de ce vieux chapeau décousu, terni et usé, mais auquel il semblait tenir comme un enfant à son doudou. Meyan ne bougea pas, songeur. La taverne s'était réanimée depuis la brève altercation qu'avait eu Howl avec l'ivrogne, et l'endroit bruissait des bruits de conversations et, la journée avançant, de bruyants beuglements d'homme avinés. Sed maugréa en son fort intérieur en plissant le nez du côté gauche, rictus involontaire qu'il avait toujours lorsque quelque chose le gênait ou lui déplaisait, mot, odeur, scène ou son. Le bruit le gênait toujours, non pas qu'il ait l'ouïe particulièrement bonne, mais il avait toujours été extrêmement sensible aux signaux que lui envoyait son entourage. Hypersensible, à fleur de peau, il avait fini par apprendre à se contrôler, mais était tout à fait le genre à coller un couteau sous la gorge à l'innocent plaisantin venu lui crier "bouh" dans les oreilles pour le faire sursauter. Pour cette raison, le bruit l'insupportait souvent.
    Howl, ayant fini sa bière, croisa de nouveau le regard de Sed qui se posa encore des questions sur l'origine de cet homme qui lui ressemblait. Enfin, le serviteur personnel de la Louve répondit à la question de Seedle, question qui n'avait été posée, cependant, que dans le but d'entretenir et poursuivre plus avant la conversation. Plus vieux que la Gardienne...la phrase n'indiquait pas seulement plus ou moins l'âge de Howl, mais aussi et surtout sa proximité avec Aileen Sôma. Proximité dont, au passage, Sed ne doutait pas pour avoir déjà eu l'occasion de l'observer. En effet, se souvint-il, lorsque la Louve l'avait croisé, de dos, un matin, elle l'avait littéralement pris pour Howl, à en juger par la question qu'elle lui avait adressé. Même Slade, le superbe loup bicolore, s'y était laissé tromper et avait commencé à faire la fête à Seedle, avant de se rendre compte qu'il faisait la carpette pour un parfait inconnu.

    Le tavernier qui, jusqu'ici, avait eu l'intelligente idée de se faire oublier, trouva malin de mettre son grain de sel dans la conversation en s'extasiant concernant la connaissance que les serviteurs avaient de l'âge de leur maîtresse. Howl le rembarra fermement et offrit enfin à Sed une réponse claire: vingt-neuf ans. Lui et le jeune homme avaient donc presque dix ans d'écart.
    Alors que Sed allait répliquer, Howl se mit à observer le fond de sa chope comme s'il envisageait d'y sauter, histoire de voir si il y avait du fond. Sed, qui achevait la sienne, nota que le serviteur semblait déjà ressentir les effets de l'alcool. Cela se voyait à son regard un peu moins droit et fixe que précédemment. Sans faire aucun commentaire, Meyan vida sa chope. la reposant, il s'aperçut que le serviteur de la Louve, qui jusqu'ici se tenait assez droit quand même, avait posé ses coudes sur la table et ses paumes sur ses paupières, dans la posture d'un homme fatigué, qui se sent mal. Sed le dévisagea sans mot dire, toujours. Ce n'était quand même pas la bière qui mettait Howl dans cet état? Il devait être juste un peu patraque, c'était tout...ouais, ce devait être ça. Intrigué, Sed n'en demeurait pas moins immobile à observer son aîné de neuf ans. Soudain, Howl redressa la tête et soutint à nouveau le regard doré de son vis-à-vis. Cela sembla lui faire une drôle d'impression, puisqu'il déclara soudain à Sed qu'il avait de beaux yeux. Pour le coup, le léopard noir fut surpris. Certes, on lui avait déjà dit ça, mais...c'étaient des filles. Puis, observant plus attentivement le serviteur, il lui trouva l'air un peu hagard. Le tavernier, du bout de la taverne où il était allé abrutir d'énormités d'innocents clients bavards, les dévisagea soudain avec une mine éberluée: Howl, qui visiblement suivait le cours de ses pensées plus ou moins bien, venait d'attraper le menton de Seedle et s'était penché dans sa direction, le dévisageant d'un air pensif. Le jeune homme n'aimait pas vraiment les contacts humains, surtout lorsqu'on lui attrapait le visage sans lui demander son avis, et il chercha à se dégager, mais Howl avait de la poigne. L'examinant, le serviteur marmonna un prénom, Kana. Sed l'observa. Il ne savait absolument pas qui était cette personne, mais elle semblait signifier quelqu'un aux yeux de Howl. Puis, sans le lâcher, le serviteur de la Louve grommela quelque chose, s'interrogeant sur la provenance du jeune homme, qui se déroba brusquement et rétorqua:

    "Je viens de Yomi. Je suis juste un petit voleur des rues de la capitale."


    Et un fils d'ivrogne, songea-t-il en son for intérieur, sans le dire cependant. Le patron, qui observait leur manège ou plutôt, le manège de Howl depuis quelques minutes d'un air attentif vint jusqu'à eux et demanda, cornant dans les oreilles de Howl et de Sed, si il fallait qu'il remplisse à nouveau les chopes vides. Howl refusa, ôtant à Seedle la tâche de le faire, et proposa au jeune homme de changer d'endroit, arguant qu'il en connaissait quelques uns tranquilles. Heureux qu'il lui propose de quitter cette taverne où les clients commençaient à s'avérer avinés et le tavernier casse pieds, Sed se leva souplement et approuva:

    "Oui, je n'ai pas envie non plus de traîner ici..."


    Le jeune homme, comme toujours, ne ressentait pas les effets de l'alcool, du moins pas très fortement. Bon, il fallait dire qu'avec une bière, aussi, hein... Ça ne semble pas être le cas de Howl, songea Seedle Fieldman en regardant son collègue. Certes, le serviteur de la Gardienne était loin d'être saoul, mais...il n'avait pas l'air bien frais tout de même. Sed, qui venait de repousser sa chaise, jeta sur la table quelques pièces, le prix de la bière pile. Le tavernier, qui était resté près d'eux, attendit quelques secondes puis, comprenant que Seedle n'avait aucune intention de lui donner un quelconque pourboire -ayant travaillé avec un tavernier autrefois, il savait que les tenanciers se faisaient déjà une belle marge sur les produits-, grommela un vague remerciement en empochant les pièces. Sed se tourna vers Howl, l'attendant, puisque c'était lui qui allait jouer les guides dans la ville. Encore que...Sed ayant passé plus de dix ans en presque totale autonomie dans Yomi, il y avait en fait de grandes chances pour qu'il connaisse, lui aussi, les coins tranquilles mentionnés!

    Le patron jeta une série de regards noir à Sed tandis que le jeune homme patientait le temps que son compagnon paye, lui aussi. Bon, non pas que lui, Sed, ne veuille pas payer pour Howl le cas échéant, mais...en règle générale, ce genre de choses ne se fait qu'entre amis, bons amis, et bons amis, ils ne l'étaient pas vraiment. Chacun des deux était juste curieux de l'autre, et ils se considéraient avec une circonspection mutuelle.
    Le patron, passant devant Sed, lui jeta un regard noir. Un regard qui signifiait "bon débarras". Sed savait bien pourquoi il avait droit à une telle expression: le simple fait, à Yomi, ville miséreuse, d'avoir de l'argent et de ne pas le cacher pouvait inspirer le respect ou être vécu comme une provocation. En plus, il est vrai que Howl avait créé des remous en envoyant un bon coup dans le ventre du voleur de chapeau. Sed n'avait rien fait mais, dans l'esprit du barman, il était de mèche avec le serviteur et donc responsable aussi de ce qui était arrivé à ce client fidèle. Trop fidèle, d'ailleurs, le client. Agacé, Seedle soutint le regard du tavernier quelques secondes avec mépris, puis, à la manière des chats -observer Talisman lui apprenait parfois bien des choses- regarda à travers lui, ses yeux fixant un point situé derrière le tavernier.
    Cependant et ne souhaitant pas provoquer de mouvement d'hostilité, ainsi qu'impatient de retrouver l'air frais du dehors, il laissa Howl régler ses affaires tout seul et sortit dans la rue. Lorsque le serviteur de la Gardienne l'eut rejoint, Seedle, qui l'attendait adossé au mur, certes crasseux, mais qui offrait l'avantage de lui éviter d'être bousculé par les promeneurs, les acheteurs et les voleurs, lui jeta un regard en coin. Puis, finalement et après des hésitations, car il ne savait absolument pas comment Howl réagirait à une telle question, qui pouvait paraître vexante à certains, il demanda d'un ton détaché:

    "Dis-moi, c'est moi qui me fais des idées ou bien...tu tiens vraiment pas bien l'alcool?"


    Il n'y avait ni moquerie, ni ironie, ni quoi que ce soit d'autre que de la curiosité dans sa voix. Sed avait simplement posé la question car il était peu coutumier, il fallait bien l'avouer, de voir quelqu'un avec l'air aussi...pas frais après une seule chope de bière. Surtout que, à en juger par l'heure qu'il était lorsqu'il avait croisé Howl dans la taverne, c'était vraiment une seule chope de bière: il n'aurait pas eu le temps de commander autre chose.
    En fait, c'est moi qui ai de la chance de le tenir si bien, l'alcool, songea Sed. Il n'était pas vraiment un grand buveur, n'éprouvait pas grand-plaisir à boire, à part celui de savourer une bonne boisson -ce qui était quand même rare dans ce genre de taverne-, il ne buvait pour ainsi dire jamais puisque n'en ayant jamais le temps, et pourtant, il tenait l'alcool. Mais le tenait...une ou deux fois, il avait fêté deux ou trois gros coups réussis dans une taverne avec des complices. Ils avaient tous bu plus que de raison, mais presque tous avaient roulé sous la table à la fin. Sed était juste rentré un peu titubant. Et n'avait rien eu le lendemain à part la bouche pâteuse. En fait, la seule fois où il avait vraiment pris une cuite était le soir où il avait été...brutalement séparé d'Asaka. La seule fois de sa vie qu'il n'avait pas réussi à rentrer chez lui, ou plutôt jusqu'à ce qui était son chez lui, un repaire aménagé dans un coin d'une impasse. Il s'était effondré sous un porche et le lendemain, il avait découvert ce qu'on appelle élégamment le syndrome encéphalo-rectal et la gueule de bois. A bien s'en souvenir, il avait trouvé tellement peu d'intérêt à cette mésaventure qu'il n'avait plus jamais bu plus que de raison, ni eu envie de le faire.
    Sed eut un sourire en regardant la rue. Un fils d'ivrognes qui ne boit pas et qui tient tellement bien l'alcool qu'il lui faut la bouteille pour commencer à rire un peu fort. Cherchez l'erreur.


1754 mots. Arrondi à 1750?

Yep Machin Rose, c'est bien 1750 =)
35 points d'XP donc .

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MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeSam 24 Juil 2010 - 12:01

La petite chauve souris
et sa nouvelle amie panthère


Lorsque Howl lui attrapa le visage, Meyan chercha d’abord à se dégager, n’y parvenant pas tout de suite. Quand le serviteur murmura le nom de Kana, aucune réaction chez Meyan. D’un certain point de vue, ça le rassurait. Soit il masquait très bien ses sentiments, soit Kana n’avait en réalité rien caché à Howl. Oui, ce devait être ça. Kana lui avait tout dit. Comme une amie. Meyan se dégagea soudain, répliquant qu’il n’était qu’un petit voleur de Yomi. Un sourire amer se dessina sur les lèvres de Howl. Ca rappelle qui, ça ? Meyan avait apparemment eut le même parcours que la chauve-souris, pas très rare dans les rangs de la Gardienne, il faut l’avouer. Non pas qu’Aileen soit particulièrement miséricordieuse, mais elle se foutait de l’origine de ses serviteurs, et ne triait pas comme le faisait son prédécesseur au pouvoir, à savoir un gros porc aviné qui se nommait roi. La preuve, c’était lui, Howl, qui était le plus proche d’elle. D’un autre côté, il avait déjà entendu dire qu’elle venait elle aussi de Yomi, et tout laissait penser qu’elle ne venait pas seulement de la capitale, mais aussi du même genre de quartier que son fidèle valet. La voix de Meyan tira Howl de ses pensées ; à la grande joie de la chauve-souris, l’homme acceptait volontiers de quitter ce bar. Il se leva tout de suite, l’attendit un peu, puis sortir. Howl, de son côté, resta un moment assis. Bon, il se sentait comment ? Pas très frais. Comme s’il n’avait pas bu une bière mais trois ou quatre. Maudit alcool. Si un jour Aileen organisait une fête au château, il aurait tout intérêt à batailler ferme pour ne pas se laisser tenter par l’alcool qu’il portait sûrement. Et connaissant la Gardienne, elle lui proposerait volontiers un verre. Avec un soupir, Howl finit par se relever, remettant son cher couvre-chef sur sa tête. Il plongea la main dans sa bourse, et jeta quelques pièces sur le comptoir. Le tavernier le fusilla du regard. Non, lui non plus ne donnait pas de pourboire, c’est un bon moyen de se faire vampiriser son fric, alors qu’on a jugé le service minable. Il sortit, sous le regard méprisant du voleur de chapeau. Du coin de l’œil, Howl le vit se lever pour parler à l’aubergiste. Ils échangèrent quelques mots en le regardant, puis tout deux éclatèrent de rire. Lorsqu’il passa la porte du bar, ce fut comme un soulagement pour lui. Appuyé contre le mur sale de l’établissement, Meyan le regardait, l’air hésitant et curieux à la fois. Allons bon, qu’allait-il lui demander cette fois ? S’il tenait pas l’alcool ? Exact. Oh putain je la sentais venir celle-là. Avec un soupir, Howl baissa la tête, avant d’acquiescer.

« Exact. J’ai jamais pu supporter, ça faisait rire Kana à chaque fois qu’on allait dans un bar et qu’on buvait trop. Enfin, trop pour moi, parce que elle, elle était comme la majorité des gens. Un peu pompette quand je commençais à gueuler aux tabourets qu’ils devaient me rendre mon chapeau. Heureusement, elle avait compris que je détestais ça, et quand on avait de l’argent, on préférait se taper un bon repas. J’imagine que ce doit être psychologique, que c’est parce que voir mon père dilapider l’argent de la famille au bar et revenir encore plus con qu’il ne l’était habituellement, ça m’a marqué ? Si cet abruti n’avait pas été un ivrogne, rien ne se serait passé comme ça ... »

Il avait baissé en prononçant la dernière phrase, qui était plus pour lui-même que pour Meyan. Howl n’aimait pas parler de sa vie, et à part Aileen, personne n’en savait beaucoup. Son nom et son prénom, par exemple. Quand on le questionnait trop, il avait habitude de sortir au pif un nom, celui de sa mère souvent, parfois celui de Kana. Non, vraiment, il n’y avait qu’Aileen qui connaisse réellement son identité. Quoi que, le passé, elle n’en avait eut que des bribes. Elle ne savait pas vraiment comment le père d’Howl pouvait battre sa femme et insulter son fils, lui criant régulièrement qu’il allait le jeter dans la rivière de l’Oubli. Petit, ça avait vraiment fait peur à Howl, qui fondait en larmes à chaque fois que son père criait ça. L’homme ne supportant pas les pleurs des enfants, il s’en prenait à la mère, et Caïn se calmait tant bien que mal. Et dès que l’homme repartait à la taverne, il se remettait à pleurer dans les bras de sa mère. Il ferma un instant les yeux, les rouvrit. Allez, on arrête les pensées nostalgiques – ou pas -, on va se balader. Il se tourna vers Meyan, lui disant de le suivre. Il s’enfonça immédiatement dans la foule, vérifiant que le jeune homme le suivait. Une main sur la bourse – technique ancestrale et fort utile -, il se fraya un passage à grand coup d’épaules, vérifiant bien que son chapeau ne courrait aucun risque, strictement aucun. Plusieurs fois, il se retourna, avisant Meyan pour vérifier que celui-ci le suivait bien. Ce fut d’ailleurs alors qu’il se retournait qu’on le percuta de plein fois. Immédiatement, Howl entoura d’un bras le torse de celui qui lui rentrait dedans, le ramena contre lui et sortit son poignard qu’il fit jouer contre le cou de ... l'enfant de tout à l'heure ?

« Encore toi ? C’était mieux cette fois. Mais ne te fie pas aux apparences, je déteste autant que toi la noblesse. Tiens, prends ça. »

Tout en parlant, Howl relâcha le gamin et décrocha sa bourse, qu’il lui tendit. Il n’y avait plus qu’une dizaine de pièces d’or, le reste étant resté dans la chambre de Howl au Château Noir, mais l’éclat de stupeur teinté de bonheur qui se dessina dans les yeux du gamin lui fit, étrangement, assez plaisir. Ce n’était pas son genre d’être un bon samaritain dégoulinant de miséricorde et de sainteté, avec cette envie d’aider les gens qui les étouffe, mais ce petit lui rappelait Kana. Bien sûr, tous les petits pouvaient le faire penser à elle, mais celui-là plus que d’autres. Elle aurait fait pareil, attaquer plusieurs fois sa proie pour vider sa bourse. Howl le regarda filer, puis se remit en marche, après un regard à Meyan. Un regard teinté de défi. T’as rien à dire, j’ai suivi mon instinct. Il savait bien que c’était ridicule de faire ça, que le gamin recommencerait à voler ou bien l’aborderait dès qu’il serait en ville, mais si ça pouvait faire le bonheur d’une famille, alors tant mieux. Espérons juste qu’il n’y avait pas d’ivrognes dans cette famille. Continuant à marcher sans s’intéresser aux cris exaspérés des passants qu’il bousculait, Howl finit par tourner au coin d’une ruelle. Après avoir vérifié que Meyan l’avait vu, il s’y enfonça. Tout le monde aurait pris ça pour un coupe-gorge, mais Howl savait d’expérience qu’au fond de cette pseudo-impasse, on aboutissait sur une petite place pas trop fréquentée. Alors qu’il marchait dans la ruelle, ses pas résonnaient, légèrement inquiétant. Il finit par arriver sur la place. Un vieil arbre y étendait ses branches, entouré de pierres plates, hautes d’une bonne cinquantaine de centimètres. Il attendit que Meyan l’ait rejoint pour annoncer, un peu nostalgique :

« Voilà, c’est assez paisible ici. Avec Kana, on y dormait régulièrement, quand nos autres coins devenaient trop peuplés ... »

Certaines des roches étaient collés les unes aux autres, faisant une sorte de banc, et lorsque Meyan et lui s’avancèrent vers les pierres, ce fut sur un de ces bancs qu’il s’allongea, observant le jeune homme. A nouveau, ses anciens « doutes » refluèrent en lui. Devait-il lui dire qu’il lui rappelait quelqu’un ? Ou bien garder pour lui ce secret ? Pouvait-il demander à la Gardienne si elle connaissait celui qui se nommait Sed Meyan ? C’aurait été tout bonnement ridicule. Aileen ne parlait pas avec tous ses serviteurs. Il n’y avait que ceux qui étaient réellement proches qu’elle connaissait bien, et qui la connaissaient tout aussi bien. Et pour l’instant, Howl pouvait s’enorgueillir d’être le plus près de la belle jeune femme.
S’appuyant sur un coude, Howl se tourna vers Meyan, jetant un nouveau coup d’œil à cette stature si semblable à la sienne. Qui était donc ce jeune homme qui lui ressemblait tant ? Quel pouvait être son secret ? En avait-il honte, ou peur ? Il y avait tant de question dans l’esprit de Howl, et si peu de réponses à son goût ... Il se demanda aussi, l’espace d’un instant, quel pouvait être son animal, et son pouvoir. Peut-être que s’il l’avait su, il aurait pu déterminer qui était Sed Meyan ? Arrêtes de te torturer l’esprit avec ça, stupide bête volante, se morigéna-t-il. Il se rallongea sur son banc improvisé, posant son chapeau sur sa poitrine. Il gardait une main dessus, de peur que son cher couvre-chef ne s’envole. Pourquoi ? Parce que l’hiver, on a froid sans chapeau, de un. Parce qu’en suite, le chapeau est un accessoire de mode universellement reconnu qui allait parfaitement bien à Howl. Et parce que, troisièmement, ça faisait comme partie de lui d’avoir son chapeau. La plupart de gens qui connaissait le serviteur de la Louve avait dans l’esprit l’image d’un grand - et bel - homme avec un long manteau noir et un chapeau de même couleur. C’était lui, tout bêtement, ce chapeau.

« Tu fais quoi au service de la Louve ? Il y a tellement de gens au Château Noir, j’ai de la chance de me souvenir des noms. Surtout que je parle une fois par an à tout ces gens, quoi, ils ne vont pas m’approcher pour me demander comment ça va la vie tout simplement parce que c’est bien connu que j’ai trop mauvais caractère. Mais bon, passons. Donc que fais-tu au service de la Gardienne ? »

L’alcool délie les langues ? Non, ça ne pouvait pas être ça, pas après une seule bière en tout cas. Il se sentait pas frais, d’accord, mais rien de plus que ça. Alors, c’était peut-être tout simplement qu’il se sentait bien en la présence de Meyan ? Qu’il avait envie de taper discute avec lui ? De devenir ... son ami ? Oh, qu’est-ce qu’il en savait ? L’important pour le moment, c’est qu’il parlait avec quelqu’un qui était jusque là un inconnu, et qu’il se sentait bien en sa présence. Affaire à suivre, messieurs dame.




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Sed Fieldman
Pèlerin sans Monde

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Promenade à Yomi. [ Libre ] _
MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeSam 24 Juil 2010 - 16:39

    Howl, entendant la question de Seedle, ne parut pas surpris. D'un autre côté, songea Sed, il devait s'en douter. Il est quand même très peu courant de voir un homme à qui la bière, une seule chope de bière, faisait tant d'effet...Cependant, ce à quoi ne s'attendait pas Sed Meyan, c'était à toutes les phrases qui suivirent sa réponse. A bien y réfléchir, jamais il n'avait entendu Howl parler autant d'un seul coup, et surtout, parler de lui. Entendant le nom de Kana à nouveau dans la tirade du jeune homme, le léopard écouta attentivement et finit par en déduire, au vu du ton, de l'expression et des mots de Howl, que cette Kana était une bonne amie, voire...quelqu'un d'intime. Une petite amie, peut-être? Sed se garda bien de poser la question. Il ne connaissait pas assez bien Howl pour se permettre ce genre d'interrogation. Howl continua, et soudain Sed se prit à imaginer le serviteur de la Louve, bien éméché, en train de brailler à l'attention des tabourets qu'il fallait lui rendre son chapeau et arrêter les conneries, non mais! Le jeune homme étouffa un sourire derrière sa main, tentant tant bien que mal de maîtriser le rire que la scène venait de faire naître. Finalement il y parvint et écouta la suite. Lorsque Howl expliqua qu'il détestait boire, Sed le considéra avec un regard nouveau. Punaise, encore un point commun, et pas physique cette fois-ci. L'explication de cette ressemblance lui fut cependant donnée par la suite de la phrase, quand la chauve-souris expliqua que son père avait été un ivrogne. La dernière phrase, sur un ton de regrets, n'était pas destinée à Sed qui la perçut cependant et observa encore plus attentivement Howl. Finalement il répondit simplement:

    "Peut-être que c'est psychologique, oui...en fait, je déteste ça aussi. Les bars ne sont pas vraiment ma destination préférée. Peut-être parce que mon père passait son temps à perdre tout l'argent de ma mère et le sien en buvant, puis revenait en frappant et insultant tout ce qui passait à sa portée, surtout moi.

    ...quel sale type c'était, quand même..."


    Il avait marmonné les derniers mots pour lui-même, dans un soupir, en baissant les yeux sur son passé. Sur cet homme qui rentrait fin saoul tous les soirs, repoussait le repas que sa compagne, bêtement dévouée, avait préparé, et commençait à insulter tout ce qui bougeait ou ne bougeait pas. Les chiens, les arbres, les tabourets, la table qui se dressait en travers de son chemin, sa compagne qui faisait trop de bruit et l'emmerdait à force d'essayer de le retenir, le gamin blotti sous sa couverture au bout de la pièce, cherchant à se faire oublier...c'était surtout sur ce dernier, le gosse, que se concentrait la hargne du père sans que Seedle ait jamais pu savoir pourquoi. En tous cas, généralement, l'ivrogne finissait par s'approcher de lui d'un air rogue, le toisant de haut. Seedle, terrifié par cet homme effrayant puisque n'ayant plus aucune mesure, se roulait en boule en tremblant sous une couverture, ou bien sanglotait sans pouvoir se maîtriser. Cela mettait vite Fieldman père dans un état de colère assez important, et il se mettait à hurler sur tous les tons à l'attention du gosse qui voyait défiler ainsi des insultes qu'il commençait à connaître par coeur. Toujours effrayé, il se voyait traiter de lopette, de femmelette, menacer d'être abandonné -la pire crainte d'un gosse, quel qu'il soit-, son père lui jetait à la figure des phrases rendues hésitantes par le vin, mais qui blessaient encore. Ainsi, Seedle avait vite appris, dans l'ordre, qu'il n'était qu'une petite tapette qui allait finir tout seul parce que lui, son père, ne garderait pas un gosse ne méritant pas son pain sous son toit, avait aussi appris qu'il n'avait rien à faire là, qu'il n'aurait même pas du naître, et autres choses moins élégantes et moins agréables encore...naturellement, avec le recul, Sed n'était plus vraiment heurté par ces phrases. N'empêche...pour un gosse, c'était pas facile à entendre, ça faisait mal, et aujourd'hui, lorsqu'il repensait à l'ivrogne hurlant, il avait encore au coeur un petit tiraillement, vestige de la terreur et de l'humiliation du gosse d'il y avait quinze ans.

    Sed, s'apercevant qu'il était resté pensif une bonne minute, au moins, secoua la tête tristement et balaya tous ces noirs souvenirs. Du passé, rien que du passé qui ne pouvait plus l'atteindre ni lui faire le moindre mal. Enfin, ça...c'était pas sûr. Il s'ébroua de nouveau, cette fois-ci avec colère. Mais arrête donc de te flageller comme ça, crétin! A croire que ça me plaît, grogna-t-il en suivant Howl d'un pas rapide et efficace, en homme accoutumé à marcher dans les rues de Yomi. Une main sur sa bourse, méfiance, toujours, l'autre libre, avec laquelle il écartait ce et ceux qui le gênaient, il avançait sans se laisser distraire par les mendiants. Devant lui, Howl faisait de même, avec l'air décidé de celui qui sait où il va, se retournant de temps en temps pour voir si Seedle suivait. Ce dernier était évidemment toujours à deux pas à peine derrière Howl, sachant très bien à quel point on perd vite un homme dans la foule. Il en avait fait les frais parfois, mais cela lui avait aussi servi: au bout de quelques pas de course, le petit voleur devenaient invisible aux yeux de ceux qui le poursuivaient. Plus d'une fois il s'était échappé ainsi, en se fondant dans cette masse de marcheurs, cette coulée d'humains.

    La quatrième fois que Howl se tourna vers lui pour voir s'il suivait, Seedle capta, juste devant le serviteur de la Louve, un regard attentif. Celui d'un chat qui a trouvé une proie. Sachant très bien ce qui allait suivre pour avoir souvent bénéficié de l'inattention d'un promeneur, Sed ouvrit la bouche pour prévenir son guide. Immédiatement cependant, Howl fut percuté par le gamin qui venait de repérer sa distraction. Erreur, gamin. Tu t'y es pris trop vite, il était encore attentif. De toute manière, j'ai pas l'impression que t'aurais pu le surprendre, lui. Sed, en bon voleur, ne put s'empêcher de morigéner mentalement le maladroit gosse. Encore que...de dos, il avait bien pu observer l'allure de Howl à travers la foule, et avait fini par en déduire qu'il appartenait à cette espèce d'hommes qu'on ne vole pas, parce qu'ils font attention à tout. Ces gens étaient d'ailleurs souvent des anciens voleurs. Howl venait-il...? Sed n'eut pas le temps de continuer. Vif comme un serpent, le serviteur de la Gardienne venait de saisir le gamin à bras-le-corps et de dire d'un air surpris quelque chose. Seedle, qui avait pilé net pour ne pas trébucher sur Howl, suivit la scène à ses côtés, et lui aussi s'exclama à l'attention du gamin:

    "Quoi, encore toi, gamin?"

    Le gosse, reconnaissant Seedle, sembla soudain encore plus mortifié de s'être fait pincer par ses deux proies potentielles de la matinée. Sed n'ajouta rien, considérant le voleur avec une once d'amusement. Il était courageux le gosse, et plutôt entêté, une bonne qualité ici. Il s'en sortirait sûrement, il ne resterait pas éternellement un pauvre voleur contraint à de petites rapines pour survivre. Ici, c'était la volonté seule qui permettait de s'en sortir. Avoir un but, ne jamais le perdre de vue. Le gamin avait tout ça.
    Seedle observa Howl parler au gosse. Lui aussi l'avait déjà croisé. Avec une once de surprise, il vit le jeune homme décrocher sa bourse et la tendre au voleur. Une bourse bien peu pleine, en vérité, mais assez pour que le petit et sa famille puissent manger à leur faim jusqu'à la fin de la semaine, voire plus s'il se débrouillait bien. L'enfant attrapa l'argent d'un air sidéré, presque incrédule, et fila avant que Howl ne change d'avis...ou avant qu'un adolescent plus fort que lui ne vienne lui dérober son butin. Howl, une fois que l'enfant se fut fondu dans la foule, jeta à Sed un regard noir, un regard du genre "commentaires très déconseillés". Mais Seedle Fieldman n'avait pas eu l'intention de dire quoi que ce soit. A vrai dire, il se demandait s'il n'aurait pas agi de la même façon. Le petit était assez méritant, et pareil entêtement -et courage aussi- ne se voyaient pas tous les jours. En fait, Howl venait de monter d'un cran dans son estime, et en même temps, la curiosité de Sed se faisait plus ardente. Je pensais qu'il ne me ressemblait que physiquement, mais nous semblons avoir d'autres points communs.

    A la suite de Howl, il s'engagea dans une petite ruelle, le genre sombre et tortueux qui donne envie à toutes les personnes du monde de passer leur chemin. Le pas de Sed s'allongea, il venait de reconnaître les lieux. Les retrouver. Ces pavés disjoints où l'on glissait parfois, ce son inquiétant du vent entre les murs, cette fenêtre qui n'avait plus de volets, ce tas de gravats par terre...Sed eut un sourire nostalgique et reprit sa route, mais cette fois-ci, accéléra le pas. En réalité il n'aimait pas trop traverser cette rue. Non pas par peur ou claustrophobie, non, mais...de mauvais souvenirs dansaient dans cette rue. Sa première transformation, un carnage perpétré de ses griffes et de ses crocs. Il se souvenait. Étant revenu à lui après, il avait eu du mal à regarder le sol sanglant et les débris humains éparpillés un peu partout. Il avait fui, droit devant lui, sans réfléchir. Et...déboulé sur la place qu'il foulait maintenant, agréable et tranquille, paisible, aux pierres parfaitement bien placées sous l'arbre pour permettre de passer une nuit au sec.
    Howl lui présenta le lieu, et Sed entendit encore parler de Kana. Cette femme avait vraiment dû compter pour Howl...comme Asaka pour lui, probablement. Puis le jeune homme s'allongea sur un des bancs que formaient les pierres jointes, et Sed se dirigea vers un autre, un peu plus près du tronc, et qui était son préféré quand il venait dormir ici. Vivement, retrouvant des gestes vieux de plus de deux ans maintenant, le jeune homme bondit sur la pierre et hésita à s'y allonger , comme il le faisait pour dormir, autrefois, quand il se roulait en boule sous la morsure du froid d'hiver et de la faim. Finalement, il opta pour une solution annexe et se cala dans une position de détente, allongé sur le ventre, une jambe repliée au niveau du genou comme un gamin qui balance les pieds et l'autre ployée de telle sorte qu'il était aussi en appui sur le bout d'un pied. Le bras gauche replié, transversalement, juste devant son torse, il cala son menton dans sa main droite soutenue par son coude. Un instant, avec l'expression d'un chat, il ferma les yeux avec un sourire, sur son passé.
    Plus d'une fois, il avait dormi avec Asaka dans ses bras ici. Il passait la chercher le soir, la jeune fille, débrouillarde il fallait l'admettre, passait par sa fenêtre et le rejoignait dans la rue. Les tourtereaux filaient alors trouver un coin tranquille, et avant l'heure du lever, Sed la reconduisait et lui faisait la courte échelle pour l'aider à escalader à nouveau sa maison. Que faisait-elle, aujourd'hui, Asaka? Probablement était-elle mariée à un jeune homme bon chic bon genre, à la situation appréciable par son père. Probablement même avait elle déjà un enfant, peut-être plus, et jouait-elle les fées du foyer pour son époux. Il avait croisé, une fois, le père de la jeune fille dans la rue. Cela avait beau s'être déroulé deux bonnes années après leur confrontation, Seedle, ne cherchant pas les ennuis, avait dissimulé son visage et changé de rue. En fait, il s'était éloigné autant pour ne pas être reconnu que pour résister à la tentation de questionner l'homme sur Asaka.
    Avec un soupir, Sed déplaça sa main. Non mais regarde-toi, toujours pas foutu d'oublier un amour d'adolescent. D'un autre côté...ça avait duré deux bonnes années, cette petite histoire. Et puis bon, oublier la jolie Asaka, ça ne lui aurait pas plu. Ça lui faisait quand même de jolis souvenirs, tout ça...les rares qu'il ait eu à Yomi, de bons souvenirs.

    Rouvrant les yeux, il observa la placette, et constata que rien n'avait changé. Bon, d'un autre côté, il n'avait rejoint le service de la Louve que depuis deux ans, à peine. Yomi était une ville lente, qui ne changeait pas de visage en deux petites années. N'empêche, c'était surprenant de voir à quel point l'endroit était demeuré conforme à ses souvenirs. Toutes ces nuits où le bruissement du vent dans les branches de l'arbre l'avait la bercé tandis qu'il observait les étoiles en cherchant le sommeil...La nuit, dans des endroits tranquilles comme celui-là, était souvent l'écrin de ses rares souvenirs paisibles à Yomi.
    Sentant le regard de Howl sur lui, Sed le soutint. Et encore une fois, il fut surpris par ces yeux dorés, plus clairs que les siens, mais qui lui donnaient quand même l'étrange impression de connaître ce regard. Ce regard qui le ramenait en arrière, dans des souvenirs d'enfance qu'il préférait souvent oublier.
    Avant que Sed ait pu le questionner, Howl prit la parole et lui demanda ce qu'il faisait au service de la Louve. La question était ambiguë: il pouvait lui demander comment ça se faisait qu'il était là, mais aussi quelle était sa tâche, plus simplement. Sed hésita quelques secondes avant de choisir de répondre aux deux. Il ne se sentait pas vraiment d'humeur taciturne et la séquence souvenirs avait un peu entamé sa carapace habituelle:

    "Eh bien...si ta question concerne mon travail, en général je fais ce qu'on me dit de faire! Plus sérieusement, disons que je fais comme la majorité: le ménage.
    -il eut un petit rire sans amertume, juste au souvenir du mensonge de Howl dans la taverne- Je suis un serviteur genre qui lave par terre, si tu vois ce que je veux dire!
    Si, comme je le pense, ta question était plutôt du genre à me demander ce que je fais là, c'est plus compliqué quand même...en gros, j'ai joué les voleurs à Yomi depuis que j'ai six ans, depuis que mon...père
    -il cracha ce mot avec mépris, incapable comme toujours de le prononcer de façon neutre- est mort, ou plutôt est parti un soir et n'est pas revenu. Pas une grande perte. Bref, le jour où la Gardienne est allée annoncer aux habitants qu'elle avait tué les Gardiens, je ne sais pas pourquoi mais, ce jour là, je l'ai vraiment admiré. Et bon, la suite tu la connais, j'ai décidé de rentrer à son service, j'ai fini par réussir, et ça fait deux ans que je suis là. Voilà."

    Oups, il avait parlé plus qu'il ne l'avait prévu, remontant même aux raisons qui l'avaient poussé à venir à Yomi. Et du coup, il s'était retrouvé obligé de parler de son père. Il n'aimait pas ça. En règle générale, il cherchait à tenir ses six premières années à l'écart de ses pensées, car sur elles planait l'ombre de son père, toujours criant, menaçant, hurlant, toujours saoul. Bon sang, ce qu'il pouvait le haïr, même quatorze ans après, ce salaud-là...même pas un homme, une brute avinée, une bête, et puis voilà. Dont il portait en plus le nom...et avait le physique. Pas de bol, Sed...il avait changé de nom, mais le physique, il pouvait difficilement le modifier. Pour ça il lui aurait fallu se couper la tête, au moins, et question survie après, c'est quand même un peu problématique.
    Rivant à nouveau ses yeux noisette sur Howl, ces yeux noisette avec comme un reflet d'or au fond, il se demanda encore qui était donc cet homme, pour lui ressembler comme cela, et pour avoir une histoire...si proche, au demeurant. Certes, nombreux étaient les anciens voleurs au service de la Gardienne, qui se fichait bien des origines, mais les anciens voleurs au père ivrogne, c'était quand même moins courant. Relativement moins. Et tous ces points communs surprenaient Seedle, éveillant en lui une sorte d'inquiétude, un doute sur lequel il ne parvenait pas encore à mettre de mots.

    Avec un soupir, il cessa de se questionner à ce sujet. Ce n'était pas le plus surprenant pour le moment. Ce qui l'étonnait, sur le coup, c'était qu'il venait, mine de rien, de se livrer beaucoup plus qu'il en avait coutume face à Howl. Et d'un seul coup, ce qui était rare. D'ordinaire il était peu loquace, solitaire et même renfermé, le genre à mettre vite fin aux conversations. En fait, ses seules confidences, c'était son chat qui en était témoin. Pourtant, aujourd'hui, il avait parlé plus que ces six mois derniers, et à un homme qu'il connaissait à peine, dont il ne savait rien à part ce qu'on en disait dans les couloirs du château. Alors que, d'habitude, il fuyait la compagnie, là, il se sentait bien, et à vrai dire, il avait plutôt envie que la situation se prolonge, que Howl reste et qu'ils discutent encore. Parce que ça lui était agréable. Et qu'il avait envie de mieux connaître cet homme.


2832 mots selon Open Office
[j'ai refait trois fois le copier-coller parce que, vraiment, j'avais un gros doute...mais il faut croire que c'est vrai]
Joli, en effet *__*
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Howl Fieldman
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Promenade à Yomi. [ Libre ] _
MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeSam 24 Juil 2010 - 19:34

Quand Howl eut fini de s’expliquer sur son incapacité à tenir l’alcool, Sed se tut un instant, avant de répondre. Lui aussi détestait cela. Lui aussi avait un père qui « buvait » l’argent de la famille. Lui aussi avait un père qui battait sa famille. Lui aussi haïssait ce père. Ca faisait bien des points communs entre Howl et Sed. Trop pour que ce ne soit qu’une simple coïncidence. Leurs pères devaient se connaître, faire partie d’un club d’alcooliques violents, ou bien entretenir un lien de parenté ! Il haussa les épaules, rabattant son chapeau sur sa tête. Il découvrirait bien ça un jour. Lorsque le gamin le percuta, il nota alors que Sed s’exclamait à son tour, connaissant apparemment le gamin. Sûrement le petit avait-il tenté de refaire les poches de l’un des deux, et avec leur ressemblance, s’était trompé ? Quoique, avec le chapeau ... Atteignant la petite place, Howl s’allongea, son camarade faisant de même sur un second banc. Il finit par répondre à la question du serviteur personnel de la Louve, expliquant qu’il était un serviteur « qui lave par terre » après un petit rire. Cette réponse surprit Howl ; il s’attendait plutôt à savoir pourquoi le jeune homme était entré au service d’Aileen, qu’est-ce qui l’avait poussé à quitter son emploi, si emploi il avait eut, pour venir laver le sol chez la Gardienne. Ce fut d’ailleurs la seconde réponse de Meyan. Son père était parti, n’était jamais revenu. Pour Howl, c’était le contraire. C’était eux qui étaient partis, et lui qui était revenu. Lui, ce père, qui avait tué sa mère et qui avait voulu faire pareil avec son fils, à l’époque petit et frêle. Comment Fieldman père aurait-il pu savoir que son fils, le premier, celui qu’il aurait voulu jeter dans la Rivière de l’Oubli, celui qu’il méprisait tant qu’il ne le frappait pas, ce fils donc, maîtrisait des chauves-souris vampires des plus dangereuses ? Comment aurait-il pu savoir que Caïn les dirigerait vers lui ? En s’intéressant à lui, peut-être ; en cessant de boire, et tentant d’être un véritable père. Pas juste un bœuf perpétuellement éméché qui beuglait et ruait sans raison.
Les paroles de Meyan avaient réveillé en lui l’écho de ses quinze premières années, avec ces neuf ans passés dans la peur de voir la main de son père s’abattre sur lui, de voir sa mère s’effondrer et ne pas se relever. Howl se recoucha sur le dos, le regard planté vers le ciel moins sombre, moins noir qu’habituellement. Ils étaient seuls, Meyan lui avait parlé, l’air était doux ... C’était le moment idéal pour parler, non ? Tournant sa tête vers le jeune homme, Howl reprit la parole, d’un air faussement enjoué :

« Hé, Meyan ... J’ai pas mal moi aussi. Nous, c’est nous qui sommes partis. Mon père ne m’a jamais frappé, sûrement parce que je le répugnais, mais il se lâchait volontiers sur ma mère. Alors le jour de mes neuf ans, ma mère m’a fait le plus beau cadeau qui soit. Elle m’a pris dans ses bras, et on est parti pour la maison de ma grand-mère, tout près de la Porte des Ténèbres. On a passé six ans comme ça, à peu près tranquille. Puis un jour, mon père est revenu. Il a tué ma mère, comme ça, sous mes yeux. C’est ce jour-là que j’ai découvert mon pouvoir. Je lui ai balancé ma chauve-souris dessus, et il est mort. C’est pas mal non plus, tu ne trouves pas ? Le fils renégat qui assassine son cher père, honnête citoyen de Yomi ! Ahaha, laisses moi rire ... »

Il finit sa phrase avec amertume. D’un certain point de vue, il jugeait sa conduite de l’époque trop miséricordieuse envers son père. Il aurait pu se contenter de le blesser profondément, puis de le voler et de le laisser agoniser là, dans le jardin de sa grand-mère, cette vieille femme trop paresseuse pour marcher et profitant de la présence de sa fille et de son petit-fils chez elle pour les exploiter, suivant parfaitement l’exemple du monarque de la Nation des Ténèbres. L’homme aurait peut-être été soigné par la vieille femme, en raison de leur mépris commun envers Howl et sa mère, et serait reparti, sans un sou, sans rien pour se payer sa chope. Il aurait fini par succomber à son manque, ou bien par mourir à cause de son foie dévasté par la trop grande quantité d’alcool, qui sait. Mais non. Il était parti en moins d’une minute, voyant son sang s’enfuir dans la bouche de cette immense chauve-souris noire et grise qui s’était abattue sur lui, comme un monstre immense et plein d’une haine contenue jusque là qui ne demandait soudain qu’à sortir pour réclamer vengeance. Sûrement la haine que Howl éprouvait à ce moment là, mêlé à la détresse. Il avait vu le visage simple mais doux de sa mère ravagé par les coups, il avait vu son regard vitreux et son corps exsangue, figé dans une dernière tentative de se protéger, et il avait senti naître en lui un mépris rageur, une rancune glaciale, qui l’avait emporté. Il n’avait pas tenté de maîtriser son vampire – de toute façon, s’il avait essayé, sans doute n’en aurait-il pas été capable, car c’était la première fois qu’il voyait la chauve-souris vampire. Après la mort de son père, il s’était senti vide. Il ne se sentait pas particulièrement apaisé, pas particulièrement reposé, juste vide. Il n’y avait plus de détresse, plus de haine, juste ce gouffre noir et béant qui l’avait englouti. Sans réaliser, il était remonté dans sa chambre, et avait fait son baluchon, repartant vers l’endroit d’où il venait : Yomi. Et à son arrivée, il avait découvert avec autant de joie que de tristesse que la capitale n’avait pas changé. Pas le moins du monde. Il y avait toujours cette injustice flagrante entre les riches bâtisses des beaux quartiers et les cabanes de bois des enfants voleurs des endroits « mal famés ».

« Tu sais, quand je suis revenu à Yomi, j’ai dû commencer à voler. Je ne l’avais jamais fait avant, et mon pouvoir de me transformer en chauve-souris m’a été bien utile. Quand je me faisais prendre, les gens se retrouvaient avec une petite bestiole grise aux canines impressionnantes entre les mains, ça les surprenait et ils me lâchaient. Ca suffisait à ce que je m’envole loin, que je m’enfuis. Sauf une fois. J’ai voulu faire les poches à une petite fille blonde, un peu plus jeune que moi. J’ai failli me faire éventrer. Son nom, c’était Kana. Elle est morte deux ans après. Pendue. On ne fait pas les poches de nobles. »

La voix d’Howl se teinta d’amertume quand il prononça les dernières phrases. Kana, souvent, lui manquait. Ce n’était pas la petite amie qu’il regrettait, mais tout simplement sa présence rassurante, son rire doux, ses yeux pétillants, son beau sourire et ce mental d’acier qui aurait pu la porter loin. Après sa mort, il avait eut l’impression que son cœur cessait de battre ; qu’il ne se relèverait jamais de cette perte ; qu’il allait mourir, lui aussi, mais de désespoir. Il avait passé quelques heures, juste après sa pendaison, à pleurer, allongé sur la couche de Kana, humant l’odeur de sa couverture, de ses affaires, pour la graver dans son âme et ne jamais l’oublier. Le lendemain, il avait remballé ses propres affaires et quitté l’endroit où ils dormaient habituellement, laissant là tout ce qui avait jadis appartenu à Kana. Ses larmes ne coulaient plus quand il s’était retourné une dernière fois pour dire adieu à sa façon à la jeune fille. Et pourtant, il avait l’impression qu’une flèche se plantait dans son cœur à chaque inspiration, comme un souvenir de Kana qu’il ne pourrait jamais oublier. Peu à peu, il s’était habitué à vivre avec sa douleur, se renfermant sur lui-même encore plus qu’il ne l’était déjà, cessant de parler aux autres, ne faisant qu’écouter et regarder. Jusqu’au jour où il avait vu la Gardienne pour la première fois, couverte de sang, revenant de son « massacre ». Pour la première fois en cinq ans, son cœur avait recommencé à battre en douceur, sans aucune douleur, sans cette flèche de détresse. Il avait senti une seconde fois cette chaleur dans sa poitrine, et s’était senti attiré par cette jeune femme comme par un aimant. Tous les amoureux connaissent cette force mystique qui les pousse à s’approcher toujours plus de celui qui fait battre leur cœur, tout en ayant peur de se brûler les ailes, pauvres petits papillons attirés par une flamme sauvage. Fermant doucement les yeux, Howl se laissa bercer par la pensée d’Aileen, se questionnant une fois de plus sur cette question qui emplissait sa vie : qu’aurait dit la belle si elle avait su les sentiments de son valet ?



1481 mots, arrondi à 1500.
[ Superbe post. *_____* Bravo ! <3 Désolée, moi c'est nettement moins bien xD Je uppe, normalement, là *_* ]
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Sed Fieldman
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Promenade à Yomi. [ Libre ] _
MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeSam 24 Juil 2010 - 20:56

    Meyan soupira brièvement. Il n'aimait pas vraiment ressasser tous ces souvenirs, mais...ça ne le gênait pas d'en parler à Howl. Surprenant de sa part, d'ailleurs. Il modifia un peu sa position, échangea celles de ses mains et plia l'autre jambe. Il venait juste de s'installer confortablement lorsque Howl, qui avait laissé passer un certain temps de silence après la tirade du jeune homme, attira son attention et prit la parole.
    Il avait eu lui aussi un père ivrogne, Sed le savait déjà. Ce qu'il apprit en plus, c'était que Howl et sa mère avaient alors fui l'homme, alors que Howl avait neuf ans. Neuf ans, songea brièvement Sed, nous avons neuf ans d'écart tous les deux...j'ai dû naître pas loin de cette période là. Ils avaient vécu chez une parente près de la Porte des Ténèbres durant six ans, et puis le père de Howl était revenu et Howl l'avait tué après que l'homme ait assassiné son ancienne compagne. Donc moi, j'avais six ans, songea Seedle sans vraiment savoir pourquoi il faisait ce calcul, agaçant à la longue. Sans doutes parce que ce soupçon sur lequel il ne pouvait mettre le doigt l'énervait et parce qu'il cherchait d'autres points communs avec le jeune homme. Howl acheva par une phrase empreinte d'ironie amère et Sed, qui entendait ce ton-là pour la première fois dans sa bouche, tourna les yeux vers Howl. Cependant, il n'ajouta rien. Il comprenait bien...lui aussi, avait haï son père, et il aurait certainement agi comme Howl. Enfin...pas lorsqu'il avait six ans! Fugitivement, Seedle Fieldman -qu'il détestait ce nom- songea qu'il connaissait désormais la nature du pouvoir de Howl. Invocation de chauve-souris vampires, rien que ça! Seedle laissa passer quelques secondes et répondit, d'un ton pensif:

    "Tu sais, je crois que si quelqu'un ne l'avait pas fait à ma place, je l'aurai tué tôt ou tard, mon père...enfin, plus tard que ce qui s'est passé, parce que quand il est mort, j'avais six ans."


    A son tour, il roula sur le dos et noya ses yeux dans le ciel sombre. Si un promeneur était passé par là, il aurait été surpris par la scène: deux hommes, plus ou moins semblables de stature, tous deux allongés sur les bancs de pierre comme deux gamins des rues, parlant de leurs vies respectives. Mais Sed s'en fichait. Il était bien, voilà. Et de toute manière, personne ne passait jamais par ici, à part les voleurs, qui n'oseraient probablement pas s'approcher des deux hommes. Il reprit:

    "Je me rappelle...je n'ai jamais cherché à savoir pourquoi, mais ce soir là, il est rentré...encore plus beuglant qu'à l'ordinaire, si c'était possible. Fou furieux, vraiment. Il parlait d'une femme, en des termes pas vraiment flatteurs, et hurlait qu'il allait la tuer...et d'un gosse aussi. Il a fait allusion à un gosse en disant qu'il aurait dû le balancer dans la rivière. Il s'est planté devant moi, j'en menais pas large mais il n'a rien dit, il est parti dans la nuit en hurlant toujours qu'il allait tuer cette personne dont il parlait, et il est jamais revenu. Ma mère -qui en connaissait quand même plus que moi sur le sujet- m'a affirmé qu'il avait été tué. Honnêtement, je m'en fichais, je voyais juste qu'il n'était plus là et que c'était vachement mieux."

    Il soupira et laissa passer une seconde de silence. Howl avait repris la parole et expliquait que, à Yomi, après la mort de son père et de sa mère, devenu orphelin, il avait dû voler pour survivre, et avait souvent usé de sa métamorphose. Chauve-Souris. Sed lui jeta un regard en coin. Il n'avait pas réellement les caractéristiques du petit mammifère, à part peut-être...son ouïe? Après tout, il avait entendu Sed entrer dans le vacarme du bar, alors qu'il se trouvait au fond de la salle...enfin, Howl lui parla de Kana, expliqua les circonstances de leur rencontre. Seedle, sans qu'il eut besoin de le dire, devina que la fille avait compté pour lui, et à en juger par l'amertume de ses derniers mots, qu'elle lui manquait encore. Une idée lui vint soudain lorsqu'il songea à ce que Howl avait dit au petit voleur. Il demanda, tournant la tête vers Howl:

    "Est ce que...c'est pour ça que tu n'aimes pas les nobles?"


    Il resta immobile, attendant la réponse de la chauve-souris. Son regard était attentif, mais il se demandait s'il n'était pas allé trop loin, trop vite. Howl n'avait pas l'air d'être du genre à se confier, et c'était quand même très personnel tout ça.
    Lui non plus, il n'appréciait pas les nobles, pour diverses raisons. La plus grande était une anecdote, qu'il raconta, plongeant dans ses souvenirs.

    "Ça me rappelle une gamine...Je n'ai jamais eu d'ami à Yomi, juste des complices éventuellement, mais il m'est arrivé, lorsque j'ai eu quinze ans et que j'ai dû me débrouiller tout seul, d'accepter de temps en temps de prendre un gamin sous mon aile...disons que je savais bien à quel point c'est difficile de se débrouiller ici, pour un gosse de moins de dix ans. Donc, c'était une gamine qui m'avait plu parce qu'elle était assez...entêtée, et qu'elle n'avait pas froid aux yeux. Elle avait huit ans à tout casser, elle s'appelait Tiria, mais on l'appelait tous Tir...bref, un jour, elle aussi elle a voulu faire les poches d'un noble. Le type l'a attrapée, évidemment. J'ai vu la scène, mais qu'est ce que je pouvais bien faire? Bon, je te laisse imaginer l'engueulade qu'elle s'est pris...et ensuite le noble s'est demandé tout haut ce qu'il allait faire d'elle. J'ai espéré qu'il la laisserait repartir. Il a commencé par demander à ses gardes de la passer à tabac. Une gosse de sept ans à peine. Et lui, ça le divertissait, je l'ai même entendu confier à un de ses...amis? Qu'il regrettait que les voleurs ne lui fassent pas les poches plus souvent pour qu'il puisse s'amuser plus régulièrement.
    Soudain, un des types m'a vu et j'ai dû détaler. Je suis resté plus loin, à attendre en espérant qu'il laisserait la gamine sans la tuer. Je l'ai entendu crier, Tiria. Deux fois...mais au point que je me suis demandé ce qu'il avait bien pu lui faire. Et puis ils sont partis, j'ai attendu un peu et je suis allé voir. Elle était prostrée là où ils l'avaient laissé, couverte d'hématomes...et de sang. Elle ne m'a même pas entendu ni vu approcher. Lorsque je me suis agenouillé près d'elle et que je l'ai retournée sur le dos, j'ai compris pourquoi elle avait hurlé. Il lui avait coupé les deux mains. A une gosse de sept ans. Evidemment, Tiria n'a pas survécu. Elle avait perdu énormément de sang déjà, elle était très faible -c'était l'hiver- et elle morte très vite sans que j'aie rien pu faire. Mais c'est une des raisons pour lesquelles j'ai pour les nobles...beaucoup d'antipathie, pour ne pas plus."

    Le silence retomba encore, et Sed ferma les yeux avec un soupir. Il passait peut-être pour un sentimental ridicule, mais...un gosse quoi! Le noble l'aurait pendue, il lui en aurait voulu mais il aurait pu comprendre que c'était la loi...mais non, il avait trouvé plus drôle de battre et de mutiler la gosse, de se divertir de son agonie. Tout ce sang...il arrivait à Sed de revoir, dans un rêve, la petite Tiria qui pleurait. Mais jamais elle n'avait les traits qu'elle avait dû avoir. Il se souvenait d'une gosse blondinette au nez retroussé et aux yeux rieurs. Il soupira. Il n'avait pas tout raconté à Howl, parce que certaines choses ne se racontent pas. Les deux mains tombées dans une mare de sang à côté de l'enfant, et ces hurlements, affreux, et ses sanglots lorsqu'il l'avait ramassée, tenté de panser les deux affreuses plaies. Ses derniers moments, qu'il avait accompagnés en la berçant dans ses bras, comme un frère. Et l'expression, enfin, détendue et confiante de l'enfant lorsqu'elle avait ouvert les yeux, et que l'étincelle dans ses prunelles pétillantes s'était enfuie.
    Sed ne dit rien pendant quelques minutes puis prononça encore quelques phrases:

    "Moi, ma transformation ne m'a pas servi à grand-chose à Yomi. Une panthère noire, c'est quand même pas franchement discret. Et mon pouvoir non plus, enfin, si, ça m'a tiré d'affaire une ou deux fois. Invoquer un grand cheval noir, ça permet de se tailler la route rapidement...ou de fuir pendant qu'il se bat."

    Nouveau silence de Seedle qui avait détourné son regard de celui de Howl et fixait le ciel, ce couvercle de nuages, sombre et contrasté, qui pesait sur l'horizon et sur l'esprit des habitants. Cependant, le soleil apportait aussi un peu de gaieté dans la scène. Une brise fraîche agita les branches de l'arbre au-dessus de Sed, qui suivit des yeux les jeux de lumière sur les feuilles déjà roussie par l'été, qui pourtant n'avait rien de torride ici. Simplement, l'automne venait vite, et le vert du printemps se muait rapidement en un roux de fin d'été.
    Les mots et les confidences tournaient dans la tête de Seedle, surtout ce petit calcul qu'il avait fait précédemment concernant leurs âges et qui le tracassait. Coïncidence? Non, cela commençait à en faire beaucoup, des coïncidences. Là, c'était être idiot que d'y croire encore. Leur ressemblance physique, leurs points communs, leurs histoires et surtout leurs pères proches...même les âges collaient. Peut-être le père de Seedle connaissait-il celui de Howl? Après tout, entre alcooliques on se croise parfois, et passer la journée à se soûler en pestant sur tout, ça devait créer des liens. Faibles, mais liens...en son for intérieur, Seedle sentait qu'il ne mettait pas là le doigt sur le problème. C'est cette sensation doublée de ce doute qui le tarabiscotait qui le poussèrent à se redresser sur un coude et à fixer Howl avec un regard très sérieux:

    "Dis moi, Howl, comment s'appelait ton père?"
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[Ooopss, ça dure pas longtemps, visiblement, les beaux post^^]
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MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeDim 25 Juil 2010 - 12:08

Laissant planer une seconde, l’autre finit par répondre à Howl qu’il aurait lui aussi tué son père, s’il en avait eut l’occasion. Mais à six ans, c’aurait été ridicule de s’attaquer à un homme adulte, à un ivrogne de surcroît. Plus violent, plus bestial, c’est les caractéristiques de l’alcoolique éméché, après tout. La tête toujours tournée vers le jeune Meyan, Howl attendit, ne sachant que dire. L’autre reprit heureusement la parole, expliquant les circonstances de la mort de son père. Un ivrogne qui partait en gueulant qu’il allait tuer une ancienne femme, et un gosse qu’il parlait de balancer dans la rivière de l’Oubli. Ces mots glacèrent Howl au plus profond de lui-même. Pour ne pas laisser entrevoir ses sentiments, il enchaîna sur Kana, avec une pointe d’amertume dans le ton. Lorsqu’il eut finit, Meyan tourna la tête vers lui, alors que Howl relevait un genou, ramenant son pied au niveau de l’autre genou. Les mots qu’il prononça étaient pourtant si évidents ! Est-ce que c’était pour ça qu’il détestait les nobles ? Bien sûr.

« Oui, Meyan. Kana était la première fille que j’ai aimée. Elle m’a apprit à me débrouiller dans la rue, elle m’a aidé à me transformer, c’est sous ses yeux que j’ai commencé à m’entraîner pour bien maîtriser mes chauves-souris. Elle était tout pour moi. Et cet homme l’a pendue, sans même la juger, sans même prendre le temps de s’intéresser à son condition. Je ne sais même pas ce qui s’est passé pendant la demi-journée où elle a été captive, dans sa prison. Peut-être l’a-t-il frappée ? Peut-être l’a-t-il brûlée ? Peut-être l’a-t-il laissée en « jouet » à ces gros porcs qui lui servent de soldats ? Et malgré ça, je regrette encore de ne pas avoir pu la sauver. J’aurai pu m’introduire sous ma forme de chauve-souris dans leur prison, balancer mes vampires ça et là, et l’emmener avec moi, non ? »

Il se tut, finissant sur une note légèrement désespéré. Meyan le regardait toujours, immobile. Les souvenirs de Howl, jusqu’ici, étaient son jardin privé. Seule Aileen avait pu y faire quelques pas, admirer sa noirceur. Maintenant, un homme y était entré, avait observé les fleurs, avait peut-être pu les juger, ces tristes roses flétries et sombres. La voix de Meyan le sortit à nouveau de ses pensées. Il lui parla d’un certaine Tiria, une petite qu’il avait pris comme complice, comme il disait. Une petite qui avait elle aussi voulu faire les poches d’un gars de la Haute. Et qui, elle aussi, s’était fait prendre. Avant même que Meyan ne finisse son récit, Howl sut que la petite était morte. On ne se tire pas vivant de ce genre de situation. Mais les détails que le jeune homme ajouta le firent serrer les dents. Passée à tabac, puis abandonnée. Avec les mains coupées. Meyan n’eut pas besoin d’ajouter quoi que ce soit. Howl devinait qu’il ne lui avait pas tout raconté, parce que certaines choses ne se racontent pas. Mais ce n’était pas grave. La chauve-souris avait suffisamment d’imagination pour se faire une image précise de la scène. Il voyait la petite enfant, avec les traits de Kana, allongée sur le ventre, cachant ses blessures sous son corps. Il voyait Meyan, enfant, arrivant en courant et retournant la petite. Il entendait les hurlements perçants, douloureux, de la fille. Il voyait les plaies ensanglantés, les mains exsangues tombées à côté d’elle, dans un lac de sang. Il n’y avait rien à dire. Pas de mots à ajouter. Juste à conserver le silence, comme en hommage à Kana et Tiria, à ces deux enfants que les Nobles avaient emportés vers la mort. Qui sait combien d’enfants mourraient encore ainsi, sur ordre de cet homme ? Ce fut à ce moment qu’Howl se demanda, encore une fois, pourquoi on appelait les gens de la Haute les « nobles ». Noble ne signifie-il pas pourtant généreux, magnanime, héroïque ? Qu’y avait-il de tout cela dans la conduite de ces deux hommes ? Nul trace d’héroïsme, avouons le. Serrant les dents, Howl failli sursauter quand Meyan brisa à nouveau le silence, lui parlant de sa transformation à lui. Une panthère noire et un grand cheval de même couleur. Il ajouta que sa transformation n’était toutefois pas très discrète à Yomi, et que ça ne lui servait rien. Après un moment de silence, Howl lui répondit.

« Faux, jeune homme. Ta transformation peut te servir. Crois-tu qu’un loup, c’est discret ? Et pourtant Mademoiselle Aileen se balade avec Slade et se transforme en louve dès qu’on l’attaque. Tu sais, je ne compte plus les fois où elle est venue me chercher durant mes journées de repos pour m’engueuler parce que je ne faisais rien, vu que je n’ai ni ami, ni famille ici, et que Slade me regardait avec cet air insolent qu’on si souvent les animaux. Il est marrant, ce loup, il a commencé à me fusiller du regard la première fois que je suis arrivé au Château Noir – d’ailleurs, j’ai failli mourir bêtement parce que la Gardienne m’a attaqué et a failli m'ouvrir le bide – puis, au fur et à mesure, comme je m’entêtais, j’ai dû commencer à lui plaire parce que parfois, il va même jusqu’à me faire la fête quand j’arrive. Il est beau, en plus, ce loup ... »

Il avait un peu dévié le sujet, mais autant remplir le silence, non ? Pendant un moment, il retourna sa tête vers le ciel, posant son chapeau sur son visage, cachant ses yeux. Il repensait à tout ce qui collait entre Meyan et lui. Alors que Howl avait neuf ans et qu’il fuyait son père, Meyan naissait. Quand la chauve-souris eut quinze ans, il tua son père. Meyan avait alors six ans ; or, à six ans, Meyan perdait son père. De plus, les deux jeunes hommes avaient tout deux vécu en voleurs à Yomi, détestaient autant l’un que l’autre l’aristocratie et avait un père ivrogne qui battait sa femme – et son fils, pour Meyan. Quant aux mots prononcés par le père de Meyan quand celui-ci partit régler son compte à une femme et un enfant, c’était exactement le genre de propos qu’aurait pu tenir celui de Howl. Et puis, un homme voulant tuer une femme qui ne revenait pas, c’était peut-être parce qu’il avait été tué en cours de route ? A cette pensée, un doute s’immisça en Howl. Etait-il possible qu’ils ... Une nouvelle fois, la voix de Meyan le surprit. La question encore plus.

« Comment s’appelait mon père, Meyan ? Mais qu’est-ce que ça peut bien te faire ! »

Dès qu’il prononça ces mots, il le regretta. Relevant légèrement son chapeau pour dégager sa vue, il jeta un coup d’œil en coin à Meyan.

« Mon véritable nom est Caïn Fieldman. J’ai pris le surnom de Howl parce que quand j’ai tué mon père, ma chauve-souris a poussé un hurlement terrible et à la fois ... Je me sentais puissant. Si tu connaissais et appréciait cet ivrogne, ce dont je doute, alors comprends moi. Il venait de tuer ma mère sous mes yeux. Durant les neuf premières années de ma vie, il parlait régulièrement de me balancer dans la Rivière de l’Oubli. Plusieurs fois, il m’a traîné dehors, et il a fallu que ma mère s’accroche à moi, l’implore de ne pas me tuer, lui promette de faire tout ce qu’il voulait pour qu’il me lâche. Et à chaque fois, quand elle promettait ça, j’entendais ma mère hurler pendant que ce porc prenait son pied, dans leur chambre. Je le haïssais, cet homme. Et il l’a tuée, comme ça, sous mes yeux, alors qu’elle était tout pour moi. De toute façon, il n’y a pas d’explication à donner. Tu m’as dit plus tôt que tu aurais fait pareil. Et j’imagine que ton père était le même bonhomme, non ? »

Prononçant ces mots, Howl ne s’aperçut pas tout de suite du double sens. Il voulait dire qu’il imaginait que leurs pères avaient exactement le même genre de caractère, d’actes, de vie, non pas qu’ils n’étaient qu’un seul et même homme. Lorsqu’il s’en rendit compte, il réalisa que cette question avait peut-être plus de sens qu’il ne le pensait. Ecarquillant les yeux, il rabattit son chapeau sur sa tête pour masquer sa stupeur. Se pouvait-il que ... Meyan et lui soient de la même famille ? A bien y repenser, ça expliquait beaucoup ! Leur ressemblance commune, et surtout ce même physique que leur père ; leurs mêmes caractères ; le fait que tout colle au niveau du passé ... C’était à la fois déroutant et apeurant, tout en gardant une teinte de miracle. Howl, enfant, avait souvent rêvé d’avoir un frère, pour qu’ils protègent ensemble leur mère. A cette époque, il rêvait d’un aîné, fort et puissant, qui puisse tenir tête à Fieldman père. Dans son adolescence, il avait oublié ce rêve. Et maintenant, maintenant qu’il s’était pris à penser qu’ils pouvaient être de la même famille, il aurait bien aimé avoir un petit frère à serrer dans ses bras, quelqu’un à qui parler, avec qui rire et partager souvenirs comme tristesses du passé. Un frère, tout simplement. Certes, Meyan était adulte, avait vingt ans, mais si les soupçons de Howl étaient réellement fondés, qu’adviendrait-il ? Est-ce que Meyan le haïrait pour avoir tué son père, sans l’avouer ? Est-ce qu’il lui cracherait de dégager ? Et puis, quand bien même ce frère l’accepterait, combien de temps faudrait-il pour rattraper ces vingt ans séparés l’un de l’autre ?
Oh la ferme, Howl. Ca se trouve, tu t’es planté en beauté. Ca ne m’étonnerait pas, d’ailleurs. Ce n’était qu’une phrase jetée comme ça, sans te rendre compte du double sens. Ce n’était pas du tout un signe de ton inconscient, stupide chauve-souris. Avec un soupir, il se releva, s’asseyant pour sortir de sa poche du papier et du tabac. Il roula sa cigarette, puis l’alluma (ne cherchez pas comment, je n’ai aucune idée de si les allumettes existaient à cette époque. è_é) et tira un peu dessus. Il souffla, observant les volutes de fumée s’élever dans le ciel noir. Ah, ce que ça peut faire du bien, une bonne petite clope ...




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[ Arrêtes, ils sont beaux tes posts *_* Moi quand je fais des rps qui s'enchaînent aussi vite, avec des messages aussi longs pour chacune, je suis époustouflée quoi xD. Sinon j'ai hâte de voir la réaction de Meyan, héhé. x) ]


Dernière édition par Howl Fieldman le Dim 25 Juil 2010 - 16:06, édité 1 fois
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Promenade à Yomi. [ Libre ] _
MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeDim 25 Juil 2010 - 16:02

    Howl n'avait pas réagi au récit de Sed concernant son père, et avait même enchaîné très rapidement sur Kana, sans laisser de temps de silence. Cette précipitation surprit Seedle, mais il ne fit nulle remarque et écouta la suite du récit du jeune homme. Bien sûr, c'était pour ça qu'il n'aimait pas les nobles...oui, mais ça ne coûte rien de demander quand même pour éviter de faire une gaffe. Howl, qui jusqu'ici lui avait surtout parlé des faits, finit par évoquer ses regrets, sa peine de n'avoir pas pu sauver Kana. Seedle faillit dire quelque chose, se ravisa. Que pouvait-il dire? D'abord, il n'était pas là et la scène ne lui était connue que par son imagination, ensuite, la question de Howl n'attendait nulle réponse. Elle n'était destinée, en vérité, qu'au serviteur personnel de la Louve. Alors, Sed se contenta de rester immobile quelques secondes avant de parler de cette gamine, qu'il avait prise sous son aile, et qui était morte de façon aussi...affreuse. Seedle ferma les yeux. Jamais, sans doute, il n'oublierait le rire du noble amusé par la scène. Un tel traitement, à une gamine qui essayait juste, comme tout le monde ici, de vivre...Ce jour-là, tandis qu'il berçait Tiria sans ses bras, sachant pertinemment qu'il ne la sauverait pas, il s'était senti terriblement frustré de ne rien pouvoir faire. D'être si impuissant. Il n'avait qu'à peine pu adoucir l'agonie de la gamine. Peut-être que...si il l'avait retenue lorsqu'elle s'était enfoncée dans la foule? Si il avait surgi, s'était transformé pour surprendre les nobles et amener l'enfant en lieu sûr? Si il avait invoqué le cheval noir pour que tous les deux puissent s'enfuir? Si...Mais non, il n'avait rien fait et après, cela avait été trop tard. Et, cela avait beau être inutile, il ne pouvait s'empêcher de se questionner, de se demander s'il aurait pu sauver sa petite complice.
    Des nobles, laissez-moi rire...ils ne se comportaient pas en nobles. Leur comportement ne l'était pas, noble. Où est la noblesse dans cette façon de mutiler, de pendre des petites voleuses qui essayaient juste de vivre? La caste la plus élevée de la Nation des Ténèbres méritait bien mal son nom.

    Lorsque Seedle parla de sa transformation, il se fit reprendre par Howl. Le jeune homme jeta à son aîné un rapide regard, mais ne broncha pas et l'écouta. Oui, il avait raison bien sûr, mais...il n'avait jamais utilisé la panthère que pour le combat, et la fuite éventuellement, car elle était forte, agile, plus rapide que les humains. Mais la discrétion...un fauve n'est pas naturellement adapté à la ville. Cependant, la conversation, au fil des mots de Howl, dériva sur Aileen Sôma, et Sed, lorsque le serviteur mentionna Slade, décida de lui faire part de cette amusante scène qu'il avait vécue quelques jours auparavant:

    "C'est vrai qu'il est très beau, cet animal...Il te fait la fête, des fois? Alors, lui aussi avait dû me confondre...Euh, tu ne dois pas trop savoir de quoi je parle, là. En fait, il y a quelques jours, j'ai croisé par le plus grand des hasards la Gardienne dans le couloir. J'étais de dos par rapport à elle, visiblement elle devait te chercher et elle m'a confondu avec toi. Donc je lui ai quand même expliqué...eh bien, que je n'étais pas toi, et en regardant Slade, j'ai vu que lui aussi s'était trompé: du coup, il s'était roulé par terre comme un chien qui fait la fête! Bon, il s'est quand même vite relevé une fois qu'il s'est rendu compte de son erreur, mais...voir le loup se tromper de personne, c'était quand même assez amusant."


    Le silence retomba ensuite, et chacun laissa vagabonder ses pensées. Tournant la tête, Meyan chercha à étudier l'expression de Howl, mais le jeune homme avait dissimulé son visage sous ce chapeau qu'il semblait tant aimer. Sed sourit. C'était vrai que le chapeau faisait désormais partie de Howl, d'une certaine façon: une fois ou deux, avant que l'on ne s'étonne de sa curiosité, il avait questionné les serviteurs au sujet de l'homme le plus proche de la reine. Ceux qui le lui avaient décrit parlaient toujours du chapeau, comme si Howl était équivalent à chapeau. Sed eut un léger sourire en laissant retomber sa tête sur le banc pour regarder le ciel. Avec un soupir, il replia un bras et le posa sur son visage, masquant ses yeux sous ses paupières closes, et demeura ainsi un certain temps, perdu dans ses pensées. Tant de choses collaient entre Howl et lui...d'un point de vue physique d'abord: leur stature semblable, la couleur de leurs cheveux, leurs yeux aussi, car ceux de Sed avaient des reflets dorés, et puis, des yeux dorés, ce sont des yeux noisette éclaircis -l'inverse était vraie aussi-, même leur teint. Ils étaient si semblables que Slade s'y était trompé quelques secondes aussi, de dos.
    Du point de vue de leurs histoires respectives aussi, ça collait étrangement. Il y avait, bien sûr, les hasards ou ce que Sed voyait comme tel: leur haine pour les nobles, leur passé de voleur...mais aussi d'autres choses, plus troublantes. Leurs pères, notamment, alcooliques. Et même leurs âges! Howl était né neuf ans avant Sed. Âgé de neuf ans, il avait, avec sa mère, fui son père, violent et alcoolique. Une fois ou deux, la mère de Sed avait laissé entendre qu'elle vivait avec l'homme depuis que sa femme était partie. Ensuite...Sed avait vécu six ans sous la houlette de l'alcoolique, avant qu'il parte dans le but de tuer une femme, et ne revienne jamais. Sa mère devait savoir quelque chose qu'il ne savait pas, car elle lui avait dit qu'il avait été tué. En tous cas, Howl avait à ce moment-là...quinze ans. Pile l'âge auquel la chauve-souris avait raconté avoir tué son père. Et ensuite, l'un et l'autre avaient vécu à Yomi, mais c'était sûrement leur différence d'âge qui avait fait qu'ils ne s'étaient jamais croisés.
    Oui, tout collait, songeait Sed tandis qu'il demandait à Howl le nom de son père.

    La réaction de ce dernier, vive, fit sursauter Sed Meyan qui eut un mouvement de retrait. T'as encore mis les pieds dans le plat, idiot... Sed voulut s'excuser, mais Howl ne lui en laissa pas le temps. Il souleva son chapeau pour regarder Seedle, qui restait immobile et un peu reculé, ne sachant trop s'il devait s'attendre à des reproches, une explosion de colère, une réponse, ou à voir Howl se refermer comme une huître. Bon sang, t'étais bien, pour une fois ça te faisais plaisir de parler avec quelqu'un, et évidemment tu fiches tout en l'air avec une question idiote! Mais la chauve-souris reprit la parole, et répondit à Sed d'un ton redevenu calme. Ce dernier se rasséréna un peu, en constatant que l'éclat de Howl n'avait pas duré. Pendant ces quelques secondes, Sed devait se l'avouer, lui qui se fichait de l'opinion des gens, il s'en était voulu d'avoir posé la question. Il avait eu peur d'avoir, en quelques mots, une, deux secondes, brisé le fragile lien de confiance que leurs confidences avaient instauré. Oh, et puis, à quoi bon les grands mots? Il se sentait bien en compagnie de Howl, et il avait craint d'avoir tout fichu en l'air, voilà tout.
    Enfin bon, heureusement, il ne semblait pas lui en vouloir...d'ailleurs il lui disait son nom, finalement. Caïn Fieldman. Sed continua à l'écouter, sans relever. Pas très malin ça, alors qu'il venait de demander le nom du père de Howl...enfin bon, Sed n'était pas toujours malin. Souvent, mais pas toujours. En tous cas, les mots de Howl s'approchaient de ce que Sed avait vécu. La Rivière de l'Oubli, la mère battue, la mort de la femme...les cris de son propre père lui revenaient en tête. Les hurlements au sujet d'une femme qu'il allait tuer, selon ses propres mots, et d'un gosse qu'il voulait balancer dans la Rivière de l'Oubli. A la question de Howl, Sed acquiesça machinalement. Et se figea d'un seul coup en repensant au nom du jeune homme.

    Caïn Fieldman. Fieldman??
    Sonné, l'esprit tournant à plein régime, Seedle se redressa sur son banc, et s'assit, pliant un genou pour ramener une jambe contre lui. Son regard était fixé sur ses réflexions. Fieldman...ses pensées tourbillonnaient. Arrête, crétin, c'est une coïncidence. Si ça se trouve t'as mal entendu. Vas pas te monter un bateau tout seul, abruti. Tu le sais, en plus, que le cerveau voit des coïncidences partout, hein? Alors, arrête, tu vas te planter. Mais il n'arrêtait pas. Tant de ressemblances, et maintenant, ce nom...Était-il possible que...?
    Incapable de rester immobile, Seedle se leva et regarda Howl, le regard flamboyant. Il respirait un peu vite, mais décida d'expliquer sa réaction à la chauve-souris.

    "Je...Sed Meyan, c'est pas mon vrai nom. Enfin, presque. Sed, c'est juste un diminutif de mon prénom, Seedle, et Meyan le nom de ma mère, parce que je ne voulais pas prendre celui de mon père. Mais en réalité, je...mon vrai nom est Seedle...Fieldman."


    Il avait lâché le dernier nom dans un souffle, et dévisageait maintenant Howl avec un regard inquiet, se demandant si le jeune homme allait faire le lien, ou juste rire. Se moquer. Il voulait être sûr. Peut-être qu'il passerait pour un idiot, mais ça faisait trop de coïncidences pour qu'il puisse laisser passer. Il les exposa, ressentant le besoin de se justifier. Il arpenta la place tout en parlant, sur quelques mètres, peinant à demeurer à l'arrêt. La surprise couplée à l'activité intellectuelle lui donnaient envie de bouger, il avait l'impression de mieux réfléchir en bougeant. Tant de points communs...âge, histoire, physique, et même tempérament puisqu'ils partageaient certains traits de caractère. Mais surtout, ce physique particulier: les yeux dorés ou aux reflets dorés ne couraient pas les rues. Face à Howl, Seedle Fieldman pila et le dévisagea, cherchant à quoi s'en tenir.

    Il prit une profonde inspiration.
    Enfant, il avait souvent rêvé qu'un parent éloigné le protégeait ou protégeait sa mère. Il avait rêvé qu'un grand frère oublié, peut-être un enfant de cette femme qui s'était enfuie, surgissait soudain dans sa vie pour l'aider, lui, le petit garçon de même pas six ans, à protéger sa mère de la brute. Mais personne n'était venu, et seul, il se morfondait et pleurait sur son impuissance en l'entendant crier dans la chambre voisine. Il avait rêvé d'un frère plus âgé, un complice, quelqu'un dans les bras de qui sangloter lorsque tout allait mal, quelqu'un qui aurait pu tenir tête à son père. Seul, il n'en avait ni la force, ni le courage. Souvent il avait imaginé, dans cet état étrange qui précède le sommeil, et où tout semble possible, qu'il avait un frère qui déboulait et les aidait, lui et sa mère. Il avait rêvé que quelqu'un viendrait. Et qu'il ne serait plus seul. Mais personne n'était jamais venu.
    A Yomi, il avait fait des recherches, lorsqu'il avait environ quinze ans. Mais personne ne connaissait le nom de Fieldman, et il était resté bredouille. Et puis sa mère était morte. Il avait toujours dû se débrouiller seul, mais à ce moment là, le jeune garçons n'avait plus jamais pu disposer du temps nécessaire pour mener des recherches, accaparé qu'il était par la nécessité de survivre, de se procurer à manger, de défendre son butin de ses poings et de ses griffes. Peu à peu, son rêve d'enfant, mêlé à tant d'autres, s'était délité dans les brumes d'un passé révolu, et il n'y avait plus jamais pensé. Il avait arrêté d'espérer et de rêver. Il s'était concentré sur lui-même.
    Et voilà que cette idée venait de lui traverser la tête, faisant ressurgir les histoires que l'enfant s'était raconté, les recherches qu'avait mené l'adolescent cherchant un membre de la famille. Seedle, toujours immobile, fixait sans trop le voir Howl qui allumait sa cigarette. Le serviteur de la Louve semblait moins tourmenté que le léopard noir. Peut-être que Sed se trompait? Non, ce n'était pas possible. Il y avait trop d'indices pour cela. Mais...peut-être que ce n'étaient réellement que des coïncidences? Que du hasard? Non, peu probable. Peu crédible. Ses yeux posés sur Howl détaillaient leurs points communs, stature un peu, cheveux, yeux, peau...ils se ressemblaient quand même beaucoup.
    Sed se remit en marche, et souffla en comptant sur ses doigts:

    "Il ne peut pas y avoir que des coïncidences...Physiquement, on se ressemble puisque même Slade, le loup, s'y était laissé prendre un peu. Et du point de vue de nos passés respectifs...grosso-modo, je suis né peu après que tu aies fui ton père, puisque neuf ans après toi. Et...il est mort six ans après. Donc, toi, tu devais avoir environ quinze ans. Tout ça colle un peu trop pour...être un hasard."

    Il pivota à nouveau vers Howl, l'ai un peu déboussolé maintenant, ne sachant trop à quel saint se vouer:

    "Et en plus tu as le même nom que moi. Fieldman."


    Il était complètement perdu, hésitant même sur la conduite à tenir. Comme quoi, quand la carapace se fendille, l'humain est à fleur de peau dessous.
    Un frère...un grand frère? C'était un vieux rêve d'enfant, et cela apparaissait comme très miraculeux. C'était ce qui éveillait la méfiance de Seedle. La crainte, aussi, de voir ces espoirs naissants être brisés, et d'être déçu. Car, si effectivement il ne s'agissait que de hasards, la chute serait rude et il tomberait de haut: il devait se l'avouer, il s'était déjà pénétré de cette idée et ça ne lui aurait pas déplu d'avoir un frère.
    Oui, mais...et Howl? Après tout, Sed était le portrait craché de ce père qu'ils haïssaient tous les deux. Lui-même, parfois, frémissait en croisant son propre regard dans une glace, alors Howl...lui pardonnerait-il de ressembler à son père? Il n'en faut souvent pas plus pour forger une antipathie. Et puis, Howl voulait d'un frère, un petit frère? L'accepterait-il? Et puis, ne le rejetterait-il pas, ne lui demanderait-il pas de dégager? Quand bien même il serait heureux d'avoir un membre de sa famille, Sed ne savait comment se comporter. Howl était encore, bien qu'il se sente bien à discuter avec lui, un étranger aux yeux de Seedle. Quoique...plus un étranger. On ne se confie pas de la sorte à un étranger. Mais étaient-ils réellement amis? Ils ne se connaissaient vraiment que depuis quelques minutes, une heure à tout casser. Peut-on rattraper vingt ans de séparation? Comment se comporter avec un frère qu'on n'avait presque jamais vu?

    Finalement, Sed reprit la parole, traduisant en mots ce qui les taraudait tous les deux:

    "Est ce que tu serais...mon frère?"


    Il n'avait pas dit "demi", mais c'était l'évidence même, et il pensait que Howl ne s'y tromperait pas. Sed savait qu'ils partageaient seulement un même père, et c'était ce qu'il entendait par "frères". Et puis, il n'aimait pas les demi-mesures. A-t-on déjà vu une moitié de frère! On est un frère, ou on ne l'est pas. Cependant, Sed demeurait prudent. Il ne voulait pas se tromper. Il avait peur d'être déçu.
    Immobile toujours, face à Howl fumant sa cigarette dont l'odeur âcre montait aux narines de Sed sans que cela le gêne, respirant un peu fort encore, un brin déboussolé, il y avait dans ses yeux quelque chose d'une bête traquée, mais aussi et surtout de la curiosité. De l'espoir.
    Un frère?


2539 mots, c'est arrondi à 2550?
Yup, 51 points d'XP donc .
[Tu trouves? Merci =) C'est vrai que Sed m'inspire^^ Et puis, le RP est intéressant, quand même...
Puis bon, là, j'ai hâte que le RP avance pour voir où ça va nous mener!]
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Promenade à Yomi. [ Libre ] _
MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeDim 25 Juil 2010 - 17:35

Quand Meyan se releva, Howl comprit que son nom avait éveillé quelque chose dans l’esprit du jeune homme. Lui-même senti son cœur s’emballer, comme si cette réaction avait été la preuve que les pensées du valet favori de la Louve étaient fondées. Il se brida intérieurement ; crier victoire aussi tôt était ridicule. Peut-être que Sed ne l’accepterait pas ? Peut-être que ce n’était qu’une coïncidence ? Oh, par Héla, tu vas te taire, stupide chauve-souris !? Une coïncidence pour le nom, je veux bien, mais que tout colle comme ça, c’est ridicule ! Par conséquent, cela signifiait qu’il y avait forcément une explication, quelque part, qu’ils trouveraient forcément. Howl lui-même se rassit, prêt à se lever si Meyan décidait de l’attaquer ou s’il partait brusquement sans explication - ce qui aurait entraîné Howl à sa suite, vu qu’il n’appréciait pas qu’on le plante là, comme ça. Le regard flamboyant de Meyan le mit d’abord mal à l’aise. Puis le jeune homme prit la parole, d’une voix un peu étranglée. Sa respiration était rapide, et un instant, Howl redouta qu’il se passe quelque chose qu’il n’aurait pas pu gérer, quoi que ce soit. Mais non. Meyan expliqua juste sa réaction à Howl. Il commença par lui signaler que Sed Meyan n’était pas son véritable nom. A ces mots, Howl tiqua. Etrange … Meyan qui n’était pas Meyan, ajouta que c’était en réalité le diminutif de Seedle, son prénom, et que Meyan n’était rien d’autre que le nom de sa mère. Puis il murmura, dans un souffle, son véritable nom. Les yeux de Howl s’écarquillèrent de stupeur.

Seedle Fieldman.

Ce fut comme si on faisait sonner un gong juste à côté des oreilles de Howl. Seedle Fieldman. La surprise, d’abord. Meyan, ou plutôt Fieldman - quoi que non, Howl se refusait à appeler le jeune homme par ce nom -, donc … Sed, se mit à faire les cent pas devant une chauve-souris totalement abasourdie, expliquant que ce ne pouvait être qu’une simple coïncidence. Il paraissait dans un tel état d’excitation, ce beau jeune homme qui faisait donc partie de sa famille ! Face à la chauve-souris, Sed pila, scrutant le visage de Howl. En vain ; ce dernier avait rebaissé son chapeau pour masquer ses yeux écarquillés de stupeur, et continuait de fumer sa cigarette comme si de rien n’était. Il ne comprenait pas lui-même sa réaction, mais étrangement, il n’aimait pas montrer sa surprise. Pourtant, il ne pouvait empêcher ses doigts de trembler d’excitation, de joie, de … D’il ne savait pas trop quoi, en fait. Son cœur battait la chamade, comme rêvant de s’échapper de sa cage thoracique pour emporter son baluchon ailleurs. Ah, comme ce devait être la belle vie, d’être un cœur ! Point de toutes ces emmerdes, comme deviner si oui ou non ce gars faisait partie de la famille. Quoi que Howl aurait mis sa main à couper que oui, ils avaient au moins un lien de parenté. Sed passa de l’immobilité à ses grands pas rapides et désordonnés, se répétant ; il exposait une seconde fois ses arguments, comme quoi ce ne pouvait être une coïncidence. Comme si la Chauve-souris ne voyait là qu’une vulgaire coïncidence ! A nouveau, le jeune homme se tourna vers Howl, ajoutant d’une voix un peu enfantine qu’ils avaient « en plus » le même nom, ce nom qu’ils maudissaient tout deux. Fieldman. Finalement, le hasard fait bien les choses ; mon frère, tout comme moi, hait notre père. Parce que oui, pour Howl, ce ne pouvait être que ça. Ils étaient frères, c’était désormais une certitude. « Demi » frères, mais ça revenait au même pour lui. Ils avaient le même géniteur, et même s’ils n’avaient pas été élevés ensemble, même s’ils n’avaient pas la même mère, ils se ressemblaient trop pour n’être qu’à moitié frères. De toute façon, c’était trop tard. Le rêve de gamin de Howl s’était réalisé. Il avait un frère. Un petit-frère. Il avait une seconde personne à qui se raccrocher, la première étant Aileen. Peu à peu, un sourire un peu béat, mais franc, se dessina sur les lèvres de Howl. A ce moment, Sed, l’air tourmenté, se tourna vers lui, lui demanda s’ils étaient frères. Point de demi dans les mots du jeune homme. Juste un frère. Et dans les yeux de Sed, il y avait certes un peu de peur, mais aussi de la curiosité. Et de l’espoir. Comme si lui aussi avait rêvé, toute son enfance, d’avoir quelqu’un comme lui. De ne pas être fils unique.
Ce fut le regard de Sed qui fit fondre les derniers doutes, les dernières peurs de Howl. Il se leva, dominant Sed d’une dizaine de centimètres, et s’approcha de lui. Il releva son chapeau, et, avec un peu d’hésitation, prit Sed dans ses bras. Il fit bien attention à ne pas écrabouiller sa clope sur le manteau de son frère, ça aurait été un peu bête de foirer comme ça leurs retrouvailles. Tout en serrant dans ses bras cet homme qui débarquait un beau jour, discutait avec lui une heure et devenait son frère au bout de cette heure, il approcha sa bouche de l’oreille de Sed.

« Oui, Sed. L’idéal aurait été de demander à notre boulet de père, mais comme on peut pas vraiment à moins de savoir converser avec les esprits, on va dire que oui, d’accord ? »

Il lâcha Sed, le prenant par les épaules après avoir remit sa clope à la bouche - moins dangereux. Plantant son regard d’or dans les prunelles noisettes du jeune homme, il lui fit un sourire ; ce genre de sourire qu’échangent les frères quand ils se retrouvent après plusieurs mois d’absence. Là, ça faisait grosso modo … 240 mois d’absences, mais qu’importe ! Ils s’étaient retrouvés. Enfin. Après cette enfance d’attente, Howl avait enfin un petit frère. Quelqu’un à écouter, quelqu’un à qui parler. Un frère, tout simplement. Ils ne pourraient jamais rattraper les vingt ans passés - ce père maudit leur avait arraché à chacun l’être qu’ils attendaient le plus au monde - mais désormais, ils ne seraient plus seuls. En y réfléchissant bien, il y avait des tas de trucs qui auraient pu les gêner, comme le fait que Howl soit le supérieur hiérarchique de Sed, ou bien leur différence d’âge, ou encore leur physique si semblable à celui de leur père, mais non. Howl se fichait bien des deux premières options, quant à la troisième, il ne reconnaissait plus son père dans Sed. Son père se tenait plus courbé, comme sous le poids de toute sa beuverie. Il était un peu plus gros, aussi. Et puis, il avait toujours l’œil vitreux et l’haleine désagréable des ivrognes. Sed, lui, se tenait droit, était svelte et avait le regard alerte des voleurs. Son haleine … Euh, Howl ne s’était pas éclaté à foutre le nez dans la bouche de son frangin, mais il devinait qu’elle était tout à fait supportable, contrairement au papa. De toute façon, même si Sed ressemblait à leur père, Howl savait très bien qu’il n’était pas du tout le même. Déjà, il détestait l’alcool. Et puis, il voyait mal le jeune homme totalement ivre se mettre à frapper sa femme et hurler à son fils qu’il aurait mieux fait de se noyer dans la rivière - ou de se faire bouffer par les piranhas, au choix. A cette pensée, Howl se demanda soudain si Sed avait une famille autre que lui. Une femme, des enfants, par exemple. Ou une tante, ou un oncle, ou des grands-parents, qu’en savait-il ! Lui, il n’avait plus que cette vieille femme qui lui servait de grand-mère, quoi qu’il ne savait pas vraiment si elle était encore en vie. Et une seconde pensée, amusante celle-ci, courut dans l’esprit de la petite chauve-souris. Est-ce que Sed se demandait la même chose, à cet instant ? Il était plus envisageable déjà que Howl soit marié et père, vu son âge, que Sed, et puis personne ne savait vraiment grand-chose sur Howl, à part qu’il vivait au Château Noir dans des appartements plutôt pas mal. Il y avait peu de passage dans le coin où il logeait, aussi une éventuelle femme aurait pu se fondre dans la masse de serviteur en rejoignant un couloir plus arpenté, qui sait ? Poser à la chauve-souris ce genre de question l’aurait fait rire tout en lui rappelant bêtement que son amour était impossible. Aileen ne le voyait sûrement que comme son valet favori, peut-être comme un ami - et encore, il voyait gros, là -, mais sûrement pas comme un beau jeune homme dont le charme la faisait succomber. Dommage, ça aurait pu être sympa comme tout. Souriant encore, ému par sa rencontre avec son frère, Howl se laissa tomber sur le banc tout en tirant un peu sur sa clope. Il souffla, observant la fumée qui s’élevait en cercles gris, puis se laissait emporter par le vent.

« Ca fait bizarre, Sed. Gamin, j’ai rêvé des dizaines, non, des centaines de fois que j’avais un frère. Un cadet, que je pouvais serrer dans mes bras, que je pouvais protéger, qui pouvait jouer avec moi. Ma mère, j’aurais pu la protéger, je sais, mais … Elle ne voulait pas. Elle me disait de faire attention, qu’il ne fallait surtout pas que cette sale brute me frappe. Etrangement, il ne m’a jamais touché, sinon pour me traîner dehors dans la rue. Je le répugnais, sûrement. Il battait ma mère sous mon regard, m’insultait, me balançait parfois des chaises, mais j’étais assez vif pour les éviter, et lui trop saoul pour bien viser. Un petit frère, pour moi … Je ne sais pas, c’était un peu comme quelqu’un que j’aurais pu impressionner, un gamin avec qui cavaler dans les rues, avec qui voler, un enfant à qui apprendre des tas de choses. En bref, je voulais être le genre de grand-frère qu’on aime. Quand dans la rue, j’entendais deux enfants se disputer et l’un crier à l’autre qu’il allait appeler son grand frère, ça me faisait toujours un peu mal. Parce que moi, j’avais envie de protéger un petit frère, mais je n’en avais pas. Et c’est maintenant, à près de trente ans, que j’ai le petit frère que j’attendais gamin. Cet abruti aurait quand même pu nous présenter, hein ? Mais il devait avoir peur que tu prennes la mauvaise pente et que tu suive ton grand-frère renégat … Quel boulet ce mec. x) »

Avec un sourire, Howl tira une nouvelle fois sur sa cigarette, tout en regardant son frangin. Il se demandait bien si celui-ci avait une tête à chapeau, tiens. Mais bon, si Sed mettait lui aussi un couvre-chef, là, Slade ne pourrait plus les différencier. L’anecdote racontée par Sed le fit sourire, à la fois d’amusement et tout autant d’émotion. « Elle devait te chercher. » Ne dites jamais ça à l’homme amoureux en parlant de la femme qui possède sans le savoir son cœur épris. L’espoir est sûrement le plus grand ennemi de l’amour, car lorsque ces espérances s’avèrent infondées, la détresse de l’homme épris se mêle à la déception. Se tirant de ses pensées, Howl nota soudain la présence de poils sur le manteau de son frangin. Un chat ? Lui aussi devait avoir un peu de poils sur le manteau, vu qu’il côtoyait quand même Aileen Sôma et donc Slade et Dave, le loup et le chaton ailé, mais Sed avait-il un chat ? Howl, lui, n’avait aucun animal. Ce n’était pas qu’il n’aimait pas les petites bestioles, juste qu’il ne lui avait jamais ressenti l’envie de prendre un animal sous son aile de chauve-souris (c’était petit ça). Quoi que, un petit chien … Oh oui, un beau bâtard noir, qui suivrait Howl partout, tel son ombre ! Le Chien, le Chapeau et la Chauve-souris, le trio du Ch de début, le trio noir surtout ! Mais quelle classe, oui, quelle classe ! Et ton cerveau qui déconne, c’est la classe aussi, stupide chauve-souris ? Mais t‘es un pauvre boulet, Howl.



2010 mots, arrondis à 2000. x]
Objectif atteint xD
40 points d'XP donc ;
LEVEL UP ! Niveau 10 .

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MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeDim 25 Juil 2010 - 20:01

    Tandis qu'il marchait, incapable de rester immobile, dans un grand état d'excitation, il était vrai, Sed cherchait le regard de Howl. mais le jeune homme avait tiré sur ses yeux son chapeau, tout en continuant à fumer, sans broncher. Il ne frémissait même pas, et Sed ne savait toujours pas quelle était, quelle serait sa réaction. Finalement, Sed s'était arrêté, regardant son frère d'un air éperdu, attendant une réponse de sa part. Mais Howl ne disait rien. Rien du tout. Sed craignait de s'être trompé, mais non! Il ne pouvait pas s'être trompé, tout ça ne pouvait tout simplement pas être le fruit du hasard. Il avait forcément raison, et sa question n'était qu'une demande de confirmation. Un demi-frère, un frère. Ils n'avait pas eu la même mère, ils ne s'étaient pas connus et n'avaient pas grandi ensembles, mais cela ne changeait rien, ils étaient frères, frères à part entière. Finalement, Howl se redressa et, repoussant son chapeau en arrière, révéla enfin à Sed son expression. Lorsqu'il croisa son regard, quelque chose sembla s'évanouir dans les prunelles de Howl, un reste de réserve peut-être, puisqu'ensuite le serviteur personnel de la Louve se leva. Il dominait Sed d'environ dix centimètres, à des poussières près. Sed ne bougea pas tandis que Howl s'approchait de lui, avec un rien de gêne et d'hésitation dans l'attitude, puis l'attrapait dans ses bras. D'habitude, Seedle n'aimait pas les contacts, mais là...il saisit aussi son frère dans ses bras, avec l'impression d'avoir, enfin, quelqu'un à qui se raccrocher vraiment. Il laissa ses muscles, alertes depuis quelques minutes, se détendre et s'abandonna à l'étreinte de son frère, le serrant dans ses bras lui aussi, un instant, le temps de se convaincre qu'il ne rêvait pas. Lorsque Howl lui glissa ce qu'il pensait de la question, Sed eut un petit rire et répliqua:

    "Franchement, même si je savais converser avec les esprits, je lui adresserais pas la parole.
    D'accord."


    Puis Howl le lâcha, remit sa clope à la bouche et l'attrapa par les épaules. Il lui sourit, son regard rivé dans le sien, et Sed ne put s'empêcher de lui rendre son sourire. De toute manière, il n'avait pas l'intention de s'en empêcher, remarquez. Il rendit donc à son frère -c'était agréable de l'appeler comme ça- son sourire, sourire dans lequel il mit tout ce qu'il ne pouvait pas dire à voix haute. Ses yeux noisette pétillaient, comme plus clairs que d'habitude, sans quitter les prunelles de Howl. Son grand frère!
    Un promeneur, qui serait passé par là par hasard, aurait été bien surpris de rencontrer les deux frères, face à face, le plus grand tenant le plus petit et le plus jeune par les épaules, souriants. C'était un brin incongru, comme scène, mais à vrai dire, Sed n'y pensa pas une seconde. Il s'en fichait royalement. Le regard des autres lui était encore plus indifférent que d'habitude, c'était dire! Il aurait pu sauter au cou de Howl, même sous le nez d'Aileen Sôma. Ouais, peut-être pas quand même. Enfin bon bref, il était content.
    Toute son enfance durant, il avait attendu un frère, un grand frère, quelqu'un qui pourrait le protéger, peut-être face à son père, quelqu'un qui l'aurait aidé, quelqu'un avec qui courir, rire, quelqu'un à admirer. Un modèle, auquel s'identifier, quelqu'un avec qui s'enguirlander de temps en temps, se chamailler un peu, mais qui serait toujours là quand il avait besoin de lui. Quelqu'un sur qui s'appuyer, quelqu'un à qui s'accrocher. Il avait voulu à toute force ne plus être seul, seul à affronter les coups de son père, seul à essayer de protéger sa mère, seul à supporter les souffrances et les humiliations. Il avait rêvé que surgissait un parent, qui l'emmenait loin de sa famille. Jamais ça n'était arrivé, mais Sed avait continué à rêver d'un frère. Un grand-frère. Amusant, mais l'envie d'avoir un petit frère ne l'avait jamais caresse. Peut-être voulait-il être protégé plutôt que protéger? En tous cas...le hasard, qui finalement faisait vachement bien les choses, venait de lui offrir ce dont il avait rêvé depuis des années.
    Il regarda son frère. Vingt ans. Vingt ans qu'ils auraient pu se rencontrer, apprendre à se connaître, faire front face aux autres. Vingt ans qu'il rêvait d'avoir quelqu'un à qui parler, quelqu'un pour l'écouter, quelqu'un à écouter et pour lui parler. Vingt ans perdus pour eux deux, vingt ans qu'ils ne rattraperaient jamais, à cause de leur maudit père, mais quelle importance! Enfin, il avait un frère, ils s'étaient enfin retrouvés, et les interrogations sur ce qui aurait pu se passer ou non s'ils avaient été ensembles plus jeunes n'avaient pas lieu d'être ici. Ils s'étaient enfin rencontrés, chacun se voyant offrir ce qu'il désirait le plus. Un petit frère pour l'un, et un grand frère pour l'autre.
    Howl le dévisageait toujours, le même sourire aux lèvres. le reflet de celui qui ornait les lèvres du jeune homme. Sed se demanda ce qu'il était en train de penser. Pour sa part, le jeune homme venait de réaliser qu'il ne savait rien de cet homme qui s'était révélé son frère au bout d'une heure. Avait-il encore de la famille vivante? Était-il marié? Avait-il, pourquoi pas, après tout il avait vingt-neuf ans, des enfants? Autant de questions que Sed n'osait poser. En fait, il n'avait pas l'impression que Howl soit marié. Sans savoir pourquoi, il ne pensait pas que son frère aîné ait une compagne ou des enfants. C'était comme un pressentiment qu'il était incapable d'expliquer. Howl n'avait pas l'air de quelqu'un qui a trouvé chaussure à son pied en amour ou qui a des enfants. Cependant...si c'était le cas, en fait, ça ne dérangeait pas vraiment Seedle.

    Finalement, Howl lâcha son frère, et se laissa retomber sur le banc, toujours souriant. Il se remit à tirer sur sa cigarette qui avait bien eu le temps de se consumer durant les secondes, yeux dans les yeux, à nu l'un face à l'autre, qu'ils venaient de passer. Sed hésita un instant à s'asseoir à côté de son frère, puis décida que c'était plus simple de se poser sur son autre banc, face à Howl. Ce dernier souffla une longue bouffée de fumée, et regarda les volutes danser dans l'air en s'élevant, ondulants et immatériels serpents. Sed suivit son regard, se demandant vaguement si c'était vraiment si bon que ça, la clope. Parce que les gars qu'il avait vu fumer, quand il était à Yomi, semblaient aimer ça et se donnaient des airs. Mais lui, le jour où on lui avait proposé une cigarette, il avait été pris d'une superbe quinte de toux et les adolescents rieurs en avaient profité, en plus, pour lui piquer sa bourse. Depuis, il était quand même méfiant, mais bon, maintenant qu'il était adulte, l'odeur ne lui faisait plus vraiment froncer le nez.
    Howl reprit la parole, expliquant que ça lui faisait très bizarre. Sed sourit, en songeant que c'était exactement ce qu'il aurait dit à ce sujet. C'était vrai ça, ça faisait quand même un drôle d'effet de croiser un type, de lui parler, d'apprécier sa compagnie et sa discussion et puis en une heure à tout casser, paf, de se rendre compte qu'on n'était pas en train de discuter avec un supérieur hiérarchique mais avec un frère qu'on n'avait jamais vu en vingt ans. Bizarre, c'était le mot.
    Continuant, son frère ajouta qu'il avait toujours rêvé d'avoir un petit frère, avec qui jouer, à protéger. Un petit frère, quoi. Emu, Sed écoutait sans rien dire, observant lui aussi les volutes de fumée, un sourire encore accroché aux lèvres. Sans savoir pourquoi, il sentait qu'il allait être de très bonne humeur, aujourd'hui, et probablement les jours suivants. Howl acheva en parlant de leur père, avec humour, ce qui tira un sourire amusé à Sed, qui répondit avec un petit rire:

    "Dans l'absolu tu sais, je l'aurais effectivement suivi, mon grand frère, et sur n'importe quelle pente, même la pire!!"


    Puis il reprit, un sourire lointain aux lèvres:

    "Crois moi, ça me fais plutôt bizarre aussi...Petit, souvent j'ai rêvé que je n'étais pas seul, que j'avais un frère, quelqu'un qui pourrait jouer avec moi, me protéger aussi, quelqu'un à qui me confier...parce que ma mère était plutôt distante, toute entière soumise à mon...père. Je n'ai jamais compris pourquoi elle rampait devant lui, mais souvent elle me repoussait, me disait que j'allais encore le mettre en colère si il me dénichait dans ses bras...donc je restais tout seul dans mon coin. Lui, il ne se gênait pas pour me flanquer des torgnoles. Et puis, dehors, j'étais tout seul. Les autres gosses ne m'approchaient pas, j'aurais bien aimé avoir quelqu'un avec qui jouer. Quand j'entendais des gosses crier qu'ils allaient aller chercher leurs grands frères et que ça allait barder, je regrettais, vraiment, de ne pas avoir quelqu'un à appeler. Quelqu'un pour m'aider, me protéger...En fait, je crois que je cherchais surtout quelqu'un qui aurait pu jouer avec moi, quelqu'un à admirer, à chercher à imiter, à appeler à la rescousse. Qui m'aurait appris des choses aussi, avec qui j'aurais pu courir dans les rues ou bien faire des bêtises, le genre de truc que font tous les gosses...
    C'est quand même ironique que ce soit, après avoir laissé tomber mes rêves d'enfant, à vingt ans, que je tombe enfin sur un grand frère!
    Ouais, il aurait pu nous présenter, mais bon...je suis pas sûr qu'il ait su où tu étais. De toute manière..."

    Il laissa sa phrase en suspens, ne trouvant plus de mots pour qualifier son père, et adressa à Howl un petit sourire de plus. Remarquant des poils blancs et plus sombres sur son manteau, il songea que ce devait être la marque de l'affection de Slade. Lui-même avait certainement des poils de Talisman sur l'épaule gauche, celle où elle se perchait...ah, oui, il en avait. Sed se frotta un peu l'épaule pour les faire partir. Sa chatte, ou plutôt, la chatte dont il était l'être humain perdait des poils partout en ce moment, et elle trouvait vachement drôle de venir en mettre sur son lit. résultat, ça lui chatouillait le nez tout la nuit. Surtout qu'elle venait dormir tout contre son visage, alors il en avait plein partout en se réveillant. Peut-être que c'était ça que Howl observait? Il semblait regarder quelque chose sur le manteau de Seedle, qui jeta un regard et un sourire à son frère en lui désignant les poils d'un revers de main:

    "C'est mon chat qui fait ça. Elle perd ses poils partout, c'est affreux."

    Est ce que son frère avait un animal de compagnie? Il y avait tant de choses qu'il ne savait pas à son sujet...Il espérait au moins avoir droit à un certain temps pour se rattraper. Le hasard les avait séparés durant vingt ans, maintenant, pour se rattraper, il avait intérêt à les laisser ensemble pour tout le reste de leur vie, non mais. Cet espèce de hasard...n'empêche que, aujourd'hui, il faisait bien les choses, le hasard.
    Sed observa son frangin. Il peinait encore à y croire, le jeune homme, qu'il avait enfin, après toutes ces années passées à en rêver, un grand frère. Bon, Sed n'avait plus besoin d'être protégé maintenant, il était adulte, majeur et tout à fait capable de se défendre seul, mais il était quand même très heureux d'avoir un frère. De ne plus être seul, d'avoir quelqu'un à qui parler, quelqu'un à écouter, quelqu'un à qui s'accrocher. Un frère, c'est un soutien, pas forcément un ami, mais au moins un complice...

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Howl Fieldman
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Promenade à Yomi. [ Libre ] _
MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeLun 26 Juil 2010 - 12:21

Alors que Howl serrait son petit frère dans ses bras, ce dernier lui rendit son étreinte, tout en répondant avec un petit rire qu’il n’aurait parlé pour rien au monde à leur père. Ca, Howl le comprenait bien ! Lui-même n’avait pas du tout envie de voir à nouveau le monstre qui avait pourri leurs vies, et puis il y avait toujours le risque d’être déçu. D’apprendre qu’ils s’étaient trompés. Ou bien que le père mente et refuse d’admettre ce qui pourtant crevait les yeux. Tandis qu’il se laissait tomber sur le banc en souriant, Sed lui rendit son sourire. Un vrai sourire, comme celui d’un enfant, pas ces pauvres rictus faussement joyeux que les adultes savent si bien faire. Les prunelles de Sed pétillaient, paraissant un peu plus claires qu’habituellement ; l’espace d’un instant, Howl crut même les voir devenir dorées.
Howl avait conscience que, d’un œil extérieur, la scène pouvait paraître un peu surprenante : un grand bonhomme brun, son chapeau vissé sur la tête, le serviteur de la Louve, rien que ça, qui s’était assis devant sa copie conforme en plus petit et avec les traits plus fins, tous deux souriant comme des enfants qui retrouvent un vieil ami attendu depuis des mois. C’était tout à fait ça. Howl retrouvait ce rêve perdu il y a des années, avec une nouvelle dimension, cette fois, celle de la réalité. Et quand bien même un promeneur égaré, un voleur ou même la Gardienne serait passé par ici, il n’aurait rien changé à son attitude. Il faisait trop beau pour s’inquiéter des regards d’inconnus, il avait déjà donné sa bourse et Aileen le connaissait trop bien pour dire quelque chose qui n’aurait pas plus à Howl. De toute façon, elle qui savait bien que jusque là, Howl n’avait aucune famille, aucun ami, rien, elle n’aurait sûrement pas eut de commentaires. Malgré tout ce que racontaient les gens des autres mondes sur elle, la Gardienne renégate était capable d’être des plus douces avec son serviteur personnel. Pendant qu’il réfléchissait à cela, Sed s’était assis sur son banc à lui, sûrement perdu dans ses pensées. Au bout d’un moment, la Chauve-souris reprit la parole. C’est vrai que ça lui faisait franchement bizarre. En une heure, Sed était passé du statut minable servant du château avec une faible ressemblance à connaissance avec qui on boit une bière, puis à gars avec qui on se sent bien et avait fini en petit frère. C’était quand même fou ! Les paroles de Howl tirèrent un petit rire à Sed, qui ajouta qu’il aurait volontiers suivi son frère. Même sur la pire pente. La pire que Howl avait emprunté, pour le moment, c’était de s’éprendre de la Gardienne, vu que ça finissait incontestablement sur une impasse. Bim, dommage. x] Après un petit silence, le petit frère reprit, souriant vaguement. A lui aussi, ça faisait bizarre. Il avait, enfant, eut les mêmes rêves que Howl, mais le cadet était passé aîné. Héla fait bien les choses ! Les derniers mots de Sed serrèrent légèrement la gorge de Howl, néanmoins. Je suis pas sûr qu’il ai su où tu étais. D’une certaine façon, Sed avait raison. C’était sa fuite qui les avait empêchés de se rencontrer. Mais d’un autre côté, si sa mère et lui n’étaient pas parti, Fieldman père n’aurait sûrement jamais rencontré la mère de Sed, et ce petit frère qu’il avait tant attendu ne serait peut-être finalement jamais né, ce qui aurait été une grande perte. Car oui, il fallait l’avouer, en une heure, Howl avait décidé qu’il appréciait déjà Sed. Peu importait que vingt ans se soient écoulés sans qu’ils n’aient pu se rencontrer, ni se serrer chacun de leurs bras, ils avaient enfin abattu la barrière de l’ignorance ! Ils étaient tout deux là, désormais. Ensembles.
Sed dû suivre le regard de Howl, vu qu’il expliqua que c’était son propre félin qui le couvrait de poils. Une féline, plutôt, à écouter Sed. Avec un petit sourire, Howl songea qu’en réalité, sa solitude lui plaisait bien. Il était au près d’Aileen depuis des années, avait un frère désormais, il n’avait pas vraiment envie de prendre un animal sous son aile. Il avait déjà assez de responsabilité au château comme ça, comme gérer le stock de serviteurs et virer ceux qu’il ne jugeait pas digne de confiance, sur ordre d’Aileen. Déjà, lui, il reste, songea-t-il en regardant Sed. Et puis ce n’est pas le rôle d’un grand frère de s’occuper de son cadet dans l’ombre ? A cette pensée, le sourire de Howl s’étira un peu :

« Ca va te paraître totalement débile, mais si t’as besoin d’aide, tu peux toujours gueuler que ça va barder et aller chercher ton grand-frère, hein ? Une chauve-souris, c’est rapide, une panthère noire aussi, n'est-ce pas. Ou alors, tu m’envoies ton poney – son sourire s’étira encore, preuve qu’il plaisantait gentiment – et je rapplique pour taper les méchants qui embêtent mon petit frère. x] »

Par Héla, t’as toujours pas digéré ta bière !? Il lui arrivait de dire des trucs cons, des fois, mais c’était monumental quoi. C’était sûrement l’allégresse d’avoir trouvé enfin le frère qu’il cherchait qui provoquait ça. Non, à coup sûr, vu que ça faisait quand même assez longtemps, pour son unique bière de la journée ! D’ailleurs, il espérait que Sed ne se mettrait pas à lui taper sur l’épaule en lui gueulant qu’ils allaient fêter ça autour d’un verre, parce que sinon il était vraiment mal barré. Une bière, passe encore, mais plusieurs verres de vin, ça ne l’aurait pas fait. Pas du touut. Et vraiment, rentrer en pleine nuit avec l’esprit resté à la taverne, après avoir bien fait marrer les autres en s’engueulant avec le comptoir, ça ne le tentait pas plus que ça, surtout que le lendemain matin, il aurait sûrement une gueule de bois monstrueuse. Et sérieusement, se présenter devant la Traîtresse avec une migraine folle parce qu’il avait abusé des bienfaits de l’alcool la veille, ce n’était pas tout à fait le genre d’occupation qui amusaient Howl. Surtout qu’il y avait de grandes, non, d’immenses probabilités qu’il commence à balancer des trucs en vrac devant son verre, comme gueuler qu’il ne vivait que pour les beaux yeux de la tout aussi belle Gardienne. Le problème étant que pas mal de gens commençaient à le connaître, ça aurait été rapporté à Aileen en moins de deux, et il aurait eut l’air assez con le lendemain, non ? D’ailleurs, en y repensant, est-ce que Sed avait le même genre de ... « problème » face à l’alcool ? Il ne semblait pas, vu qu’il avait l’air vraiment étonné de voir celui qui jusque là n’était pour lui que le serviteur de la Louve pas très frais après une seule bière. Non, Sed devait plutôt être normal, lui. La chance. Assis sur le banc, face à un frère qu’il n’avait jamais vu avant aujourd’hui, Howl peinait à peu à croire que c’était vrai. Et pourtant, Sed était bel et bien là, en chair et en os, devant lui. Il continua de sourire à son frangin, ajoutant :

« Je sais plus quoi te dire là. J’en reviens vraiment pas. Je parlerai de toi à la Milady, je suis sûr qu’elle t’apprécierait. Il y en a beaucoup qui pensent qu’elle a vraiment sale caractère ou que c’est une peste imbue d’elle-même qui voulait se rendre intéressante en tuant les autres Gardiens, parce qu’elle ne montre pas ses sentiments, mais c’est des conneries. Une peste imbue d’elle-même n’irait pas chercher son valet dans les couloirs du château en ne le voyant pas arriver un matin, n’est-ce pas ? Elle n’est pas comme les autres. L’ancien roi, avec ses serviteurs, c’était une vraie teigne, même avec les plus proches. J’ai plusieurs fois vu des filles dans les rues en larmes, qui pleuraient qu’il avait abusé d’elles. Mais là, Mademoiselle Aileen ... C’est vraiment quelqu’un de bien. Quand j’ai quelque chose à dire, elle m’écoute, même si elle n’en a pas l’air. Le matin, quand j’arrive, je la réveille sûrement, mais alors qu’elle pourrait me laisser poireauter des plombes, elle se lève immédiatement. Et puis, elle se conduit avec l’assurance de celui qui a le pouvoir, certes, mais sans vanité, sans arrogance. Un autre meneur nous jugerait sûrement comme égaux à des animaux, parce que nous ne sommes que des domestiques, des plus bas que terre. Pas elle. Elle est avec moi ... vraiment naturelle. Normale. Comme si je n’étais pas un valet mais ... Je ne sais pas. Pas son égal, mais pas quelque chose en dessous. Quelqu’un dans la masse qui se distingue parce qu’elle l’aime bien, sûrement. Pas plus, j’imagine. »

Il ne put empêcher sa voix d’être amère sur les derniers mots. Oui, il aurait aimé être plus que cela pour Aileen. Peut-être l’était-il, mais c’était présomptueux de le penser, vu que la Gardienne n’était pas du genre à étaler ses sentiments au vu et au su de tous. Même à lui, elle ne dévoilait que ce qu’elle voulait bien dévoiler ; il fallait dire qu’il se comportait à peu près pareil. Il cachait beaucoup de ses réactions dans l’ombre de son chapeau, comme des sourires flattés ou un visage métamorphosé par des reproches pas toujours formulés. Elle avait une longueur d’avance sur lui, n’ayant pas besoin de cacher son visage pour masquer ses sentiments, mais il faisait avec ce qu’il avait, hein ? L’important était qu’elle l’apprécie.
Non, il se trompait.

L’important était qu’il avait enfin trouvé le petit frère qu’il avait toujours attendu.
Et surtout qu’ils semblaient s’apprécier.


1600 mots arrondis à 1600 mots. What a Face
Pile poil, joli What a Face
32 points d'XP donc .

Héhé, t'as vu un peu, Froggy ? XD. J'aime pas perdre des mots. x]
Désolée, c'est beaucoup moins bien, mais je suis un peu dans les vapes ce matin. x_x'
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Sed Fieldman
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Promenade à Yomi. [ Libre ] _
MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeMar 27 Juil 2010 - 17:05

    C'était l'évidence même. Aucun des deux hommes n'avait envie de revoir ce père qui avait pourri leur enfance et gâché leurs premiers pas dans le monde. Et puis, quelle déception cela aurait été, de savoir qu'ils s'étaient trompés, qu'ils n'étaient pas frère...non. Sed, saisis par cette pensée en forme de douche froide, ne se dégagea pas pour autant. Il garda ses bras serrés autour de son frère. Son frère, nul doute à avoir. Quand bien même ils se seraient trompés, quand bien même ils auraient eu pour pères des sosies tous deux alcooliques et morts, étrangement, aux mêmes dates, ils demeuraient frères tout de même. Parce qu'ils s'étaient reconnus, l'un en l'autre, l'un l'autre. Parce qu'ils avaient décidé, d'un commun accord, qu'il en serait ainsi. Leur sang partagé ne faisait que renforcer ce lien établi entre eux.
    D'un œil extérieur, la scène aurait sûrement été étonnante, surtout que Howl commençait à être connu par le peuple de la Nation des Ténèbres comme le serviteur de la Louve. Voir l'homme assis en face d'un autre, qui était presque son portrait craché en plus petit, fin et jeune, les deux avec des sourires de gosse, ce n'était pas réellement banal! Mais Seedle n'en avait absolument, mais alors là, complètement rien à faire. Même la Louve aurait pu débouler et les questionner, qu'il aurait répondu avec le même sourire, celui de quelqu'un de vraiment heureux. Celui d'une personne qui, après des années d'attente et de désillusions, voit enfin se réaliser un vieux rêve qu'il aurait cru ne jamais voir devenir réalité. Comme quoi, parfois, il est bon de s'accrocher un peu à ses rêves d'enfant...Seedle sourit, ou plutôt, conserva son sourire béat et un peu enfantin, mais franc et sincère, si différent des rictus ironiques ou railleurs, voire polis et hypocrites, que faisaient d'ordinaire des adultes de l'âge de ces deux-là.
    Sed était assez stupéfait de la rapidité avec laquelle s'enchaînaient les évènements, ce matin. Il y a une heure à peine, Howl était son supérieur hiérarchique, en face duquel il s'était assis parce qu'il n'y avait pas d'autre place, et face auquel il se montrait méfiant. Après quelques confidences qui les avaient surpris tous les deux, car Sed était un taciturne et Howl n'avait pas non plus le profil du bavard, la chauve-souris était passée dans l'esprit du serviteur au stade pas encore ami, mais type dont on apprécie la compagnie et la conversation. Et enfin, ses soupçons se révélaient confirmés et cet inconnu d'il y a une heure devenait un frère, un grand frère, c'est à dire celui dont Sed avait toujours désiré l'existence. Il y avait de quoi être assommé ou perdu, mais le jeune serviteur était juste très content, et le sourire jouant sur ses lèvres en témoignait mieux que tout. Il était rare qu'il sourie comme ça. Éventuellement, à son chat. Mais ce genre de sourire, franc, un brin béat tout de même et plutôt visible, n'était pas habituel sur le visage de Sed, plutôt habitué à dissimuler ses émotions.
    A la remarque de Sed concernant Talisman, Howl ne répondit rien excepté un sourire. Son petit frère se demanda, l'espace d'un instant, si la chauve-souris possédait un animal de compagnie. Sans savoir pourquoi, il voyait mal Howl dresser un chien, ou bien jouer les serviteurs face à un chat. Un chat...Sed songea à Talisman. Elle était entrée dans sa vie par le plus grand des hasards, cette petite chatte, puisqu'il l'avait dénichée, blessée et rampante, dans le château. C'était alors le bébé d'une chatte errante, qui s'était quelque peu égarée dans les jardins. Les autres petits avaient été décimés par les serviteurs qui n'aimaient pas particulièrement les félins, mais la boule de poils avait eu la chance de tomber sur Sed. Le jeune homme, qui alors avait dix huit ans, avait littéralement fondu devant ce petit chat pitoyable, et l'avait attrapée pour la prendre dans ses bras. Là, Talisman avait eu une réaction sûrement instinctive, mais qui avait tout simplement mis bas toutes les défenses de l'humain: elle avait grimpé un peu, et blotti sa petite tête sous le menton de Seedle, en ronronnant tout ce qu'elle pouvait. Avec son chaton de deux mois dans les mains, Sed n'avait pu retenir un grand sourire. Et il avait gardé le chat, évidemment. Il l'avait élevée et nourrie, avait tenté aussi un temps de la dresser, mais Talisman n'écoutait rien et ne faisait que ce qu'elle voulait, c'était à dire rester perchée sur l'épaule de Sed des heures durant, pour voir ce qui se passait de là-haut. En fait, c'était elle qui l'avait dressée. On ne possède pas un chat, un chat vous possède...le proverbe moqueur était vrai. Un chat, c'est un roi, et le maître habite chez lui, non pas l'inverse. Talisman, bien nourrie par son être humain, avait grandi et s'était développée, prenant des proportions surprenantes pour un félin. Non pas qu'elle soit grosse ou grasse, mais sa mère devait être de bonne taille, car aujourd'hui la femelle atteignait un poids supérieur à douze livres. Musclée, solide, sublime, elle se lovait contre son maitre et prenait toute la place. Sa fourrure avait épaissi, et ses longs poils gris et noirs dessinaient un corps graphique et plutôt joli, tandis qu'elle possédait un plastron, des bouts de pattes et un museau blanc comme neige. Enfin, son regard ambré avait pris de l'assurance et lorsqu'elle miaulait d'un ton impérieux, nul n'osait l'ignorer. D'autant plus que la miss avait sa fierté, et, si on passait outre ses exigences, menait une telle sarabande que, de guerre lasse, on finissait par accéder à ses désirs. Malgré tout ceci, Sed était tombé sous le charme des félins et avait d'ores et déjà décidé qu'il en aurait d'autres si jamais Talisman devait disparaître. Il avait passé deux ans auprès de la chatte, lui qui avait vécu sans ami jusqu'ici, à part quelques enfants qu'il prenait sous son aile et une petite amie, et Talisman était vite devenue sa confidente, la compagne de nuits sans sommeil, de petits déjeuners mornes, et de journées de travail. Elle lui avait même permis de faire connaissance avec Aileen puisque, devant la Louve, la boule de poils avait mis en place une stratégie de séduction, allant se frotter contre la Gardienne, collant des poils plein les jambes d'Aileen Sôma, pour finir par regarder Slade d'un air très clair. Sur le thème, en gros, "elle on la partage, mais lui, c'est mon humain à moi toute seule, rien qu'à moi". Elle était exclusive, la chatte, et Sed se demanda si elle adopterait Howl de la même façon, si un jour les deux se croisaient.

    Howl rompit le silence en souriant, et en annonçant à Sed que, si il avait besoin d'aide, il n'avait qu'à gueuler que ça allait barder et appeler son grand frère à la rescousse, ou lui envoyer son poney. Dancing Flame, un poney? Seedle sourit à cette idée, et rentra dans le jeu, donnant la réplique à ce grand frère qui faisait l'andouille avec contentement, faisant mine de s'offusquer:

    "Non mais, mon poney! Il est plus grand que tes machins volants! -Il eut un sourire qui prouvait bien qu'il plaisantait, lui aussi, et à vrai dire, taquinait un peu Howl- Mais bien sûr, je t'appellerai à la rescousse en cas de besoin...a moins que ce ne soit toi qui ait besoin d'un petit frère pour taper les méchants, bien sûr. Ça marche aussi dans l'autre sens..."

    Il sourit. Un petit frère appeler son grand frère pour avoir de l'aide, c'était classique, mais l'autre sens, c'était possible aussi, pas vrai? D'autant plus qu'ils étaient tous deux adultes et autonomes désormais, bien que Howl, de par sa position, soit sûrement plus à même d'aider son frère en cas de besoin. Sed avait plaisanté un peu sur ce coup-là, il lui arrivait de faire l'idiot, parfois. Juste comme ça, pour le plaisir. L'avantage d'être intelligent, c'est qu'on peut toujours faire le con, alors que l'inverse est totalement impossible. Mais il ne le faisait pas devant tout le monde. Et là, il y avait quand même un fond de vérité. Que Howl ait besoin d'un coup de main, fasse à appel à lui, et dans la seconde surgirait un grand léopard noir, musclé, pelage moiré et crocs découverts, pour défendre son frangin volant! Eh oui, quelquefois, les petits frères peuvent aider les grands...
    Un autre que Seedle aurait peut-être décidé d'aller fêter leurs retrouvailles dans un bar. Mais Sed, d'une part n'aimait pas l'alcool, d'autre part avait appris un peu plus tôt que son frère ne le supportait pas, mais alors, pas. Un instant, se souvenant de ce qu'avait dit Howl, il l'imagina en train de s'engueuler avec les tabourets pour que ces meubles mal élevés lui rendent son chapeau et sourit à l'évocation de la scène. De toute manière, lui non plus n'aimait pas l'alcool. D'une certaine façon, son père, cette loque alcoolique et brutale, l'en avait dégoûté tout petit. En plus, le vin, ça ne sentait pas vraiment la rose. Comment t'as deviné? C'est bien Sed, tu progresses à reculons là! En tous cas, il n'aimait pas l'alcool et Howl non plus, alors il était tout bonnement hors de question d'aller fêter tout ça où que ce soit où il y aurait de ce liquide qui poussait les gens à de drôles d'extrémités.
    Regardant Howl, une fois de plus, il se demanda si il n'était pas en train de rêver. Ce ne serait pas la première fois, après tout, mais chaque fois qu'il avait rêvé avoir un frère, ce dernier n'avait pas de visage et Sed s'éveillait vite, déçu. C'était étrange, très étrange d'avoir un frère pour de vrai, après l'avoir souhaité si ardemment et si longtemps. Surprenant de ne plus être seul et d'avoir quelqu'un sur qui compter, à appeler à la rescousse le cas échéant, ou juste quelqu'un à qui se confier. Quelqu'un qu'il appréciait aussi, car Seedle avait fini par décider que, en fait, Howl n'avait pas du tout le caractère cassant et désagréable, hautain qu'on lui prêtait dans les couloirs du château, entre domestiques, et qu'il lui plaisait bien, ce grand frère surgi de nulle part. Tiens, maintenant qu'il y pensait, le Château Noir...il n'y serait plus seul désormais. Oh, il n'avait pas l'intention de se tailler une bavette avec Howl chaque fois qu'il le croiserait, mais voir, enfin, un visage ami, apprécié, dans les couloirs longs et vides, cela lui ferait plaisir, réellement plaisir.
    Avant qu'il ait eu le temps de développer cette éventualité, Howl, dont les pensées avaient visiblement suivi leur propre cours, reprit la parole et se mit à lui parler de la Louve en des termes très élogieux. Vraiment très élogieux, tant que Sed finit par avoir l'impression d'avoir mis le doigt sur quelque chose, sans savoir vraiment sur quoi. Alors il continua à écouter son frère tout en balayant cette idée informulée, et dont il ne savait même pas ce qu'elle voulait dire, de sa tête. Cependant, sur les dernières phrases de Howl, concernant ce qu'il pensait être pour Aileen Sôma, Sed ne put s'empêcher de noter une certaine amertume. Comme si ça lui déplaisait. Et, évidemment, de demander à Howl si c'était vraiment le cas:

    "A t'entendre, ça a l'air de te déplaire, qu'elle t'apprécie comme ça..."


    Puis il reprit:

    "Je la connais mal, je ne l'ai croisé qu'une fois, mais elle m'a fait bonne impression. Je veux dire, j'avais déjà croisé des nobles, des gens avec un certain pouvoir, mais...en général ils ne m'inspirent que de l'antipathie, à cause de leur façon dont ils traitent les autres. Comme du bétail et même moins que ça. Elle, elle a l'air différente...je ne l'ai pas rencontrée très longtemps, mais j'ai l'impression qu'elle respecte réellement les gens qui la servent. Elle n'est pas particulièrement hautaine, pas vraiment arrogante."


    Il eut un sourire, autant adressé à son frère qu'à lui-même. Un serviteur, juger son employeuse, quelle ironie...mais bon, il était vrai que les maitres traitant bien leurs domestiques étaient rares, très rares et même trop rares, et que de ce point de vue là, Aileen semblait être une vraie perle. Il avait pu parler avec elle, avait constaté que son caractère n'était pas celui de la peste imbue d'elle-même qu'on voulait leur montrer, qu'elle valait mieux que ça. Elle avait du pouvoir, certes. Mais sans ostentation, et sans que cela ne lui en fasse perdre la tête pour qu'elle ne se croie au-dessus du commun des mortels.
    Il semblait très proche de la Louve, son frère. D'un autre côté, il était son serviteur personnel et se trouvait sûrement toujours dans son sillage ou auprès d'elle, alors, il était normal qu'il la connaisse si bien. Pas vrai?
    Et puis, proche ou pas d'Aileen, l'essentiel aux yeux de Sed, pour l'heure, c'est que Howl était son grand-frère et qu'il l'avait enfin retrouvé.
    Rien d'autre ne comptait aujourd'hui.

2141 mots arrondis à 2150
43 points d'XP .
& bonnes vacances aussi ;]


Dernier ou avant-dernier RP avec Sed avant de partir en vacances, snif^^
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Howl Fieldman
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Promenade à Yomi. [ Libre ] _
MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeMar 27 Juil 2010 - 18:01

Quand Howl, rieur, évoqua le « poney » de Sed, ce dernier fit mine de s’offusquer, répondant que le poney en question était sûrement plus grand que « ses machins volants ». Hé, tu parles pas comme ça de mes chauves-souris, au moins elles sont méchantes, elles ! Pas comme le poney. Son frère, toujours aussi taquin, enchaina en répliquant que son aîné aussi pouvait l’appeler à la rescousse - « ça marche aussi dans l’autre sens » fit-il en souriant. Cette pensée amusa Howl. La chauve-souris pas (trop) chiante, assez grande pour avoir la paix et si ça ne suffisait pas, assez menaçante quand elle sortait ses flingues, cette chauve-souris là pourrait avoir besoin d’appeler son frère au secours ? Bah, on ne savait jamais, ça pouvait toujours servir si Héla décidait d’envoyer une armée contre Aileen et qu’Howl était tout seul pour l’aider. A trois, ça ferait déjà plus de ménage, surtout qu’une panthère et un poney … Wah, ça roxe quoi ! Il fallait avouer que la transformation de chauve-souris, à part vous voler dans la tronche, ça pouvait pas servir à grand-chose. L’invocation de vampire, par contre, c’était déjà un peu plus utile. Quant aux deux pistolets qui pendaient contre les cuisses d’Howl … Ca, c’était le chic quoi. Ca volait la vie en un seul mouvement, il suffisait de savoir viser et d’appuyer sur la gâchette. Ces petites merveilles l’avaient déjà plusieurs fois sorti d’affaire, pour tout dire, et il ne s’en séparait plus. Comme de son chapeau, en fait. Il voyait mal quelqu’un venir l’emmerder après avoir vu ces armes, sérieusement, c’était vachement dissuadant mine de rien. Et il imaginait encore moins qui que ce soit continuer à le menacer si Howl lui pointait l’un des flingues - ou les deux - sur le front. Mais bon, la proposition de Sed, il le devinait, n’était pas ce genre de mots jetés en l’air ; c’était la promesse d’un frère à son frère, ce genre de serment que seule la mort peut briser. Euh, oui mais bon, ça serait sympa si tu ne psychotais pas tout de suite sur une éventuelle mort, parce que là tu viens tout juste de le retrouver, stupide boule volante ! Il sourit à nouveau, observant son frère perdu dans ses pensées lui aussi. Howl se remit à parler, brossant un portrait élogieux de la Gardienne. Pourquoi disait-il tout cela ? Il ne le savait pas. Peut-être parce qu’il avait envie, non, parce qu’il avait besoin d’avoir l’avis de son frère sur la jeune femme ? Celui-ci lui jeta un coup d’œil, relevant apparemment la note d’amertume dans les derniers mots d’Howl. Il le questionna un peu dessus, puis parla lui aussi de celle que tous appelaient la Traîtresse. Au grand soulagement du grand brun, son frère semblait lui aussi apprécier la jeune femme. Tant mieux.
Tant mieux pour quoi ?
Parce qu’ainsi, il était sûr que son frère comprendrait son amour ? Ridicule. Un instant, Howl envisagea de le lui avouer, puis il se ravisa. Pas maintenant. Pas tout de suite. Il ne connaissait pas ce frère, bien qu’il l’aimât, et ce sujet était un peu trop personnel pour pouvoir être jeté comme ça, sur le tapis, dès leur première rencontre. Un jour, plus tard, il le lui dirait. Peut-être. Pardonnes moi. Omettre, c’est mentir. Je n’ai pourtant pas à te mentir … Je t’en prie, pardonnes moi. Tant mieux, peut-être, parce qu’ainsi Howl était sûr qu’ils pourraient tous deux s’accepter mutuellement ? Qu’est-ce que ça aurait donné si Sed n’avait pas aimé la Gardienne ? Il ne serait peut-être jamais venu vers Howl. Ou alors ils ne se seraient jamais rencontrés. Et puis, peut-être que lui-même aurait rejeté ce frère qui n’acceptait pas la personne qui était la plus chère au cœur d’Howl … C’aurait été une réaction intolérante, lamentable, pitoyable, mauvaise. Ce genre de réaction qu’il avait souvent. Si tout le monde le voyait comme Howl, le serviteur impitoyable et hautain de la Traîtresse, si tout le monde le respectait tout en le détestant, ce n’était pas pour rien. Etrangement, ça ne le dérangeait pas plus que ça. A Yomi, le mieux était souvent de ne pas avoir trop d’amis, car un traître se cache toujours dans le groupe. Trop d’ennemis n’était pas appréciable non plus. Lui, il avait trouvé le juste milieu. On ne l’aimait pas à cause de son attitude, mais on le respectait pour son dévouement à la Gardienne et parce qu’il avait beau être hautain et méprisant, il n’était pas crétin non plus. Les ordres qu’il donnait avaient beau ne pas toujours être compréhensibles, ils ne mettaient jamais la vie en danger des serviteurs. De même, Howl n’était pas du genre à abuser de son pouvoir, et si on ne l’aimait pas, c’était plus pour sa froideur méprisante que pour autre chose. Il était supérieur, le savait, le montrait. Et pourtant il haïssait les nobles … C’était un peu paradoxal comme attitude, mais avec ce genre de bestiole volante, il faut s’attendre à tout, non ?
Retenant un soupir, il se réintéressa à la question qu’avait émis son frère quelques secondes plus tôt. Est-ce que le fait que la Gardienne l’apprécie « comme ça » le dérangeait ? Pour tout dire, il ne savait pas vraiment. D’un certain côté, oui, bien sûr, il aurait aimé que ce soit plus, mais d’un autre … Il était heureux d’être le seul humain à pouvoir caresser Slade sans se faire gnaper la main. Il y avait bien ce Gardien qu’elle avait laissé en vie, mais il ne l’avait jamais vu, et n’avait jamais eut envie d’en parler à Aileen. Il devinait que s’il lui demandait pourquoi elle avait ça, elle serait déçue. Jusque là, Howl avait été différent des autres. Il l’avait approchée sans jamais lui parler du massacre qu’elle avait commis, sans jamais prononcer le nom du Gardien de la Foudre, sans jamais chercher à aller sur ce sujet. Tous les autres serviteurs, un jour ou l’autre, en parlaient entre eux, se questionnaient ; pas lui. Il ne lui posait jamais de questions personnelles. Chacun a son jardin secret, et nul ne peut prétendre au droit d’y entrer. Lui-même obéissait à cette règle : quand on le questionnait sur son passé, il ne répondait pas, sauf à la Gardienne, et ces fois-là, il se contentait de quelques mots amers ; quand c’était lui qui lançait le sujet, par contre, il était intarissable. Sed en avait eut un bon aperçu aujourd’hui. D’ailleurs, en repensant à lui … Howl se remit à réfléchir à la question posée par son frère. Franchement, il ne savait pas. Sûrement oui, que ça le gênait un peu.
Howl fit un grand sourire à Sed en penchant la tête, fermant les yeux l’espace d’un instant.

« Non, ça ne me gène pas. Pas du tout. »

Menteur.

« Au contraire, je suis flatté d’être si proche d’elle. J’ai conscience que c’est pas tout le monde qui peut parler comme je parle à la Gardienne … Et puis, c’est vraiment une bonne maîtresse. Je te l’ai déjà dit, certes, mais de là où je suis, c’est encore plus flagrant. Certes, quand je fais des erreurs, il lui arrive parfois de me gueuler dessus, mais c’est rare. En général, elle a plutôt tendance à m’expliquer ce qu’il se passe, et à me laisser moi-même trouver mes fautes. Parfois, elle va jusqu’à me dire que je raconte des conneries et que je ne pouvais pas savoir. Non, vraiment, tous les maîtres ne feraient pas ça. J’imagine que l’ancien roi était plutôt du genre à faire battre à mort les gens quand ils se plantaient. Pas que quand ils se plantaient, d’ailleurs … Elle a vraiment eut raison de faire ce qu’elle a fait. »

Il sourit à nouveau à Sed. Tout en parlant, il avait réussi à se convaincre lui-même que ça ne le gênait pas. Ce doit être pour ça que son sourire fut si franc, sans fioriture aucune. Puis, quand il sentit qu’il allait défaillir, il n’eut qu’à cesser de sourire, pour ne pas que son frère ne voit qu’il lui mentait. C’était dommage que leur relation soit déjà tâchée par ces contrevérités, alors qu’ils venaient tout juste de se rencontrer ! Non, vraiment, Howl ne voulait pas que Sed sache qu’il lui montait un bateau. Il n’aimait pas mentir, ça embarquait toujours dans des tonnes de problèmes, mais il voyait mal comment expliquer à Sed pourquoi il ne digérait pas le fait qu’elle ne l’aime « que si peu ». Et puis de toute façon, il n’avait pas à réfléchir. C’était trop tard.
Howl fit un nouveau sourire à Sed, enchaînant d’une voix amicale :

« Tu vis où, sinon ? Au Château Noir ? Je crois savoir que Mademoiselle Aileen met des chambres à la disposition de ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un toit. Moi, j’aurais parfaitement les moyens. Je devrais peut-être me payer un logement d’ailleurs … Ca serait sûrement plus sympa de pouvoir t’inviter autre part qu’au Château Noir, non ? Tu le connais déjà assez, j’imagine. »

Il fit un sourire à son frère. Oui, cette idée lui avait déjà plusieurs fois traversé l’esprit : s’acheter une petite maison ou même un simple appartement dans l’une de ces maisons séparées entre trois personnes, c’était quand même une belle perspective ! Il aurait enfin pu avoir un chez-lui qui ne soit pas prêté par la Gardienne, un chez-lui où il pourrait ranger lui-même (il en avait marre de ces domestiques qui rentraient quelques fois dans sa chambre pour y faire un semblant de ménage, et qu’il engueulait vertement en découvrant qu’on avait trié ses papiers. Si ce n’était pas de l’espionnage !), un chez-lui où il serait … chez lui. Tout simplement.
Observant à nouveau Sed, il se demanda ce qu’allait lui répondre son frère. Peut-être qu’il avait une maison, lui ?
C’est ce qu’on va tout de suite savoir …


1666 mots, arrondis à 1650, ce qui devrait faire un truc comme 33 points.
T'as vu, je susi gentille, je compte les points ! =3
Mais oui, c'est bien XD
33 points d'XP donc .
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Sed Fieldman
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Promenade à Yomi. [ Libre ] _
MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeMar 27 Juil 2010 - 21:54

    Il y avait peu de chances que l'un appelle l'autre à la rescousse. Après tout, Sed et Howl étaient tous deux des hommes matures, adultes, âgé pour l'un de vingt ans et pour l'autre de presque trente. A cet âge-là, les petits frères ont fini d'appeler les grands frères à la rescousse. A cet âge-là, les relations évoluent et deviennent plus frontales. Chacun était adulte, alors...il n'y avait plus vraiment celui qui appelle et celui qui est appelé, non, mais les rôles varieraient peut-être, qui sait. Bien que Sed voie mal comment il aurait pu venir en aide à Howl. Son frère savait visiblement bien se débrouiller tout seul. Déjà, sa stature faisait qu'on n'allait pas l'embêter pour le plaisir: il était quand même relativement grand et musclé. Ensuite, il n'avait pas l'air commode. Et à Yomi, ficher la paix aux grands ombrageux, c'était la règle de base pour ne pas finir broyé. Ensuite, Howl commençait à être connu, et rares étaient ceux qui auraient osé s'en prendre au serviteur personnel de la Louve, à moins d'avoir, bien sûr, l'idée de s'en prendre à la Louve, ce qui était, il fallait bien le dire, un peu bête. Pour finir, Howl portait, Sed le remarqua, deux pistolets -très beaux d'ailleurs- qui devaient bien l'aider à se tirer des situations difficiles. Seedle, qui venait de noter ce détail, admira les armes un instant. Ce n'étaient pas des pistolets au rabais qu'on trouvait un peu partout, mais de vraies belles pièces, qui tiraient sûrement plus loin que les pétoires de pacotille qui commençait à pulluler. Oh oui, il admirait les armes du grand frère, Sed. Avec son petit poignard, il était presque dépassé, là. Doublé. Loin derrière. Enfin bon, un poignard, quand on savait en jouer, pouvait tirer d'affaire, et le faisait même souvent. C'était certain, face à un pistolet, Sed, avec sa lame, n'aurait rien eu d'autre à faire que de fuir, d'invoquer Dancing Flame pour que le cheval -le poney, avait dit Howl en souriant- tape sur le tireur ou de faire son testament, la première solution étant la meilleure. Bah ouais, quand même.
    Howl avait brossé un portrait réellement élogieux de la Gardienne, et quelqu'un n'appréciant pas la femme aurait pu le trouver partial. Mais Sed, qui était aussi sous le charme quoique d'une façon différente, c'est à dire qui appréciait Aileen Sôma et l'admirait comme on peut respecter quelqu'un de supérieur à soi, adhérait totalement à la description de son frère.
    Howl laissa passer longtemps avant de répondre à la question de Sed, tellement de temps que le jeune homme craignit, un instant, d'avoir posé une question par trop personnelle. Mais il n'avait pas rêvé, Howl avait eu un ton réellement amer sur ses dernières phrases, comme si cette affection de la Gardienne ne lui plaisait pas. Finalement cependant, Howl répondit que non, cela ne le gênait pas, avec un grand sourire. Sed chercha son regard, mais son frère avait fermé les yeux le temps de sa réponse, un instant, et le jeune homme en fut quitte pour se questionner, pas réellement convaincu. Le ton de Howl tout à l'heure avait bien indiqué que quelque chose clochait dans l'histoire, non? Mais quoi? Finalement, le jeune frère balaya tout ceci d'un revers de main, n'estimant pas nécessaire d'en savoir plus, pas bien intelligent d'interroger Howl plus avant, inutile de se méfier. Il écouta donc la suite du speech de son frère, qui lui expliquait en quoi Aileen était une bonne maîtresse. Et effectivement, pour ce qu'en savait Sed, rares étaient les maîtres qui agissaient ainsi avec ceux commettant des erreurs. Aileen offrait donc la possibilité à Howl, en somme, d'apprendre de ses erreurs, de les corriger de lui-même. La meilleure façon de ne jamais reproduire les mêmes bêtises. Si elle faisait vraiment cela -et Sed n'avait aucun doute, Milady était sans conteste possible une employeuse rare, une vraie perle parmi les perles.
    Si le sourire précédent de Howl, couplé à son long silence avant de répondre, avaient étonné Sed, ses doutes s'évanouirent en voyant le sourire que, cette fois, son frère lui adressa. Un sourire et un regard sincères, sans doute possible, qui finit juste par s'évanouir au bout d'un moment, tandis que Howl cherchait visiblement un nouveau sujet de conversation. Il en trouva un visiblement lorsqu'il lui adressa un nouveau sourire.
    Howl l'interrogea sur son logis, expliquant au passage qu'il restait au Château Noir bien qu'ayant largement les moyens de se payer une maison. Visiblement, le sujet lui parlait, car il se mit à y réfléchir à voix haute, se demandant s'il ferait bien ou non de s'offrir un toit, un chez lui autre que le Château Noir -Sed avait déduit de ses mots qu'il y vivait- et si ce ne serait pas plus sympa pour recevoir son frère. Le jeune homme fut heureux, il fallait bien se l'avouer, d'entendre son frère évoquer une prochaine rencontre. Il n'avait aucune, mais alors aucune envie de laisser filer ce frère à peine retrouvé. Le sourire aux lèvres, Sed répondit à la question de Howl:

    "Oui, je vis au Château Noir. Pour l'instant, ça me convient. Disons qu'on me fiche une paix royale, alors...De toute manière, je ne pense pas avoir les moyens de trouver mieux à l'extérieur. Et puis, ça me permet de savoir bien m'orienter dans le Château maintenant...surtout à force de courir dans les couloirs après ma fugueuse de chatte!"

    Talisman avait en effet décidé qu'elle connaissait trop bien la chambre de Sed, et récemment, avait appris à ouvrir la porte en poussant sur la poignée, ou à se sauver par la fenêtre. Sed n'aimait pas la laisser sortir, sachant que la plupart des serviteurs, pour une raison obscure, n'aimaient pas les chats. Mais Talisman ne l'entendait pas de cette oreille, et Sed avait encore en tête quelques folles cavalcades, la chatte aux anges visitant tranquillement le château, et lui tentant vainement de la rattraper. C'est que, quand ça ne veut pas venir, un chat...il avait dû essayer toutes les techniques une à une. Finalement, lassé de courser cette fusée grise dans le Château Noir, craignant toujours qu'elle ne s'attire des ennuis, il avait fini par accepter qu'elle reste avec elle. Talisman, qui visiblement n'attendait que ça, passait depuis ses journées sur l'épaule de son maître, en travers en fait, pattes arrières d'un côté, pattes avant et tête de l'autre, sa queue venant parfois taquiner le cou de Sed. Elle ne descendait de son perchoir humain que pour aller faire connaissance avec quelqu'un ou inspecter un lieu, ou lorsque Sed se penchait en oubliant de la tenir. Glissant alors, elle avait tendance à sauter d'un coup pour éviter de se vautrer et, surtout, pour faire croire à d'éventuels témoins que c'était elle qui avait décidé de descendre.
    Sed reprit, n'ayant pas laissé beaucoup de temps de silence entre ses deux tirades:

    "Avant que je ne la garde avec moi toute la journée, elle passait son temps à visiter le Château par ses propres moyens...à force, je crois que je commence à bien connaître le Château."


    Il laissa passer quelques secondes, avant de répondre à la seconde question de son frère:

    "C'est vrai que ce serait plus sympathique, oui...Enfin, après, tu fais comme tu veux! Tu as l'intention de te payer un logement?"

    Il dévisagea son frère. Cela faisait, en réalité, un drôle d'effet de parler ainsi avec quelqu'un dont, au final, il ne savait encore pas grand chose. Enfin, si, mais pas tant que ça au final. Et pourtant, ils étaient frères...dans l'absolu, ce double niveau pouvait se révéler déstabilisant. Il y avait quelque chose d'étonnant à interroger son propre frère sur lui et sur sa vie...
    Sed se secoua mentalement. Arrêtes de chercher tout ce qui est bizarre, andouille. Tout ça n'est déjà pas banal. C'était vrai que le hasard avait bien fait les choses...le hasard, pour les mener tous deux vers Yomi...non, ce n'était pas du hasard, ça. C'était juste que Yomi était la seule ville de la Nation des Ténèbres. Et, s'ils ne s'étaient jamais croisés dans les rues, en tous cas sans y prêter attention, c'était à cause de leur différence d'âge, trop marquante pour que l'un prête attention à l'autre ou reconnaisse ses propres traits sur un visage inconnu. Quand au fait qu'ils soient tous deux entrés au service de la Louve, Howl n'avait pas tout à fait précisé ses raisons, mais à en juger par la façon dont il parlait de son employeuse, Sed se doutait que, comme pour lui, la Gardienne n'y avait pas été totalement étrangère.
    C'était surprenant, à bien y penser. Si ils n'avaient pas tous deux apprécié la Gardienne, s'ils n'avaient pas tous deux eu un jour de congé, ils ne se seraient jamais rencontrés, du moins, pas tout de suite. D'une certaine façon c'était grâce à Aileen Sôma qu'ils s'étaient retrouvés. Mais bon, Sed se voyait mal aller remercier la Milady qui n'y comprendrait sans doutes pas grand-chose, si jamais il le faisait.
    Milady...il devait admettre qu'elle lui plaisait bien, la Louve. Il ne s'agissait nullement d'attirance, physique ou autre, bien qu'il reconnaisse volontiers qu'elle était très belle. Non, c'était une sorte d'admiration, teintée de sympathie. Pourquoi sympathie? A cause, avant tout, de la façon dont elle s'était comportée face à lui lorsqu'ils s'étaient rencontrés, ne le traitant pas comme un moins que rien, juste comme...un être humain. Rares étaient les gens avec du pouvoir à agir ainsi. Aileen n'abusait pas de son pouvoir, elle, au moins. Elle ne se croyait pas supérieure aux autres, du moins, pas d'une façon vaniteuse ou arrogante. C'était vrai, elle était supérieure d'une certaine façon puisque Gardienne, elle était aussi plus forte que la majorité en combat, et d'une intelligence certaine. Mais elle n'étalait ni son pouvoir ni sa richesse, et aucune de ces deux caractéristiques n'était devenue pour elle une raison de se croire au-dessus de tous. Le portrait que venait de lui en dresser Howl plaisait aussi à Sed, notamment de par la façon dont elle se comportait, visiblement, avec ses employés. Sans hurler, sans se montrer accro à la punition ou inutilement dure, elle préférait montrer à ses employés ce qui n'allait pas, et leur mettre le nez sur leurs erreurs. Ou peut-être n'agissait-elle ainsi que pour Howl? Sed n'en savait rien, à vrai dire, ne connaissant pas assez bien la Louve pour se voir fixé. En tous cas, cette façon de plaire ajoutait encore une raison à l'estime du jeune homme.
    Il posa ses yeux sur Howl, suivant le fil de ses pensées.
    Au sein des serviteurs, à vrai dire, il avait entendu parler de cet homme, qu'on lui décrivait comme un type imbuvable mais compétent, d'où sa méfiance première dans la taverne. On lui avait parlé de lui, décrivant, physiquement, quelqu'un de toujours avec un château, mais surtout, un homme froid, distant, cassant. On le disait méprisant, prompt à regarder les gens de haut, et Sed, qui ne l'avait jamais vraiment rencontré, s'était dressé un portrait mental de Howl peu flatteur. Cependant, il était vrai, et cela, tous le reconnaissaient, il n'était pas crétin et il était même très compétent, même lorsque ses ordres ne se révélaient pas clairs. Il n'empêchait que...au sein du Château Noir, Howl n'était pas apprécié de la plupart des serviteurs. Détesté, même. Mais néanmoins respecté. Poursuivant sa réflexion, Sed songea qu'il avait trouvé le bon truc, en réalité. Être entouré d'amis n'avait jamais plu au jeune léopard, qui se méfiait de la traîtrise et, à un troupeau d'amis, préférait un vrai proche, et quelques ennemis ou neutres. Howl avait donc, selon les critères et les goûts de Sed, une position pas désagréable: il était apprécié de la Louve, mais détesté des serviteurs, ce qui lui valait d'être tranquille, et cependant on le respectait. L'idéal, quoi. Ou presque.
    En tous cas, Sed, fort de ce qu'on lui avait dit sur Howl, avait été bien surpris durant cette matinée qui venait de s'écouler. Il avait plutôt découvert quelqu'un de sensible, ou du moins, loin d'être méprisant et désagréable avec lui. Peut-être étais-ce juste à cause de leur ressemblance physique, qui sait? En tous cas, Sed n'avait pas trouvé son grand frère particulièrement froid ou cassant. Et surtout, il avait l'impression que le Howl qui l'avait serré dans ses bras en découvrant qu'ils étaient frères n'était pas le même que celui qui officiait au château. Ou du moins, différent de la personne qui l'avait engagé, en termes de comportement. Mais Sed ne s'en plaignait pas! Il se sentait bien en la compagnie de l'homme, indépendamment du fait qu'il était son frère, et aurait pu rester là à bavarder de choses et d'autres, y compris de lui-même -chose rare chez Sed, très taciturne et silencieux de nature- des heures entières, voire toute la journée, voire plus.
    Il avait tendance à apprécier et même, un peu, à admirer son frère, mais nulle jalousie ne le tenait. On aurait pu s'en étonner, après tout, son frère était serviteur personnel de la Louve, mais Sed n'avait pas ce genre de personnalité. Il se réjouissait pour Howl à qui le poste semblait bien convenir, sans se plaindre de sa position. Il faisait son travail, et puis voilà, c'était la seule chose qui lui tenait à coeur. L'ambition n'avait jamais été une de ses caractéristiques, même si il tenait aussi à se rapprocher de la Louve qui l'intriguait et lui était sympathique. Machinalement, Sed se dit, évidence, qu'il était hors de question qu'il dise à quiconque excepté Aileen que Howl était son frère. Ah, si, à Talisman...enfin, elle, c'était un chat, et elle n'en aurait probablement rien à faire. La chatte connaissait quelques intonations de voix, son nom, mais après...parlant avec elle, c'était avec lui qu'il discutait, bien que le regard paisible de son amie argentée l'aidât parfois à structurer ses pensées et mener son raisonnement, comme peut le faire le regard d'un ami qui écoute. En tous cas, Sed ne comptait pas crier sur les toits sa nouvelle parenté. De toute manière, à qui aurait-il pu le raconter? Il n'avait aucun ami parmi les serviteurs, aucun proche tout court. En réalité, avant que Howl ne commence à discuter avec lui, Sed était tout seul, absolument seul. D'une solitude que de nombreux humains n'auraient pas supporté, mais qui ne l'avait jamais tant dérangé, bien qu'il ait souvent désiré une oreille attentive. Quelqu'un qui lui aurait donné la réplique, quelqu'un en qui avoir confiance et à qui se confier.
    Maintenant qu'il connaissait Howl, il était satisfait.


2414 mots arrondi à 2400 mots.
Ca fait...48 points en plus, si je compte bien, et normalement je uppe *__*
Bonnes vacances à tous, à dans un mois!

Bonne vacance à toi aussi !
Points rajoutés, level up !
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Promenade à Yomi. [ Libre ] _
MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeJeu 29 Juil 2010 - 18:18

Je mens si bien. Ce fut la première réaction d’Howl quand il vit le regard, d’abord un peu inquisiteur, de son frère redevenir clair. Il semblait avoir marché droit dans le mur. Pauvre petit frère. Il ne méritait pas ça ! Et pourtant la Chauve-souris n’avait pas pu se résoudre à lui avouer l’entière vérité. C’était trop écrasant, trop ridicule. Au château, tout le monde voyait Howl comme une personne très dévouée, rien de plus. Beaucoup l’imaginaient d’ailleurs comme incapable d’éprouver des sentiments, le comparant parfois à une personne sans passé. Il était vrai que nul ne savait réellement quel était le chemin du beau jeune homme, si ce n’est qu’il avait failli se faire éventrer par la Gardienne la première fois qu’il avait voulu entrer à son service et qu’il était sûrement le serviteur à avoir le plus insisté pour pouvoir laver le sol du Château Noir. Ensuite, les connaissances des autres sur le jeune homme se limitaient au fait qu’il se serait damné pour la Traîtresse, ce que beaucoup ne comprenaient pas, et qu’elle le considérait comme son valet favori. Les employés du Château Noir pouvaient aussi ajouter qu’il était méprisant, hautain, bien que juste et raisonnable. Mais c’était tout. Il défendait jalousement son passé, et avant Sed, personne n’avait jamais eut le droit d’en savoir autant. Apprivoiser une chauve-souris, vampire qui plus est, n’était pas tâche facile : l’animal commençait par s’envoler, méprisant, n’ayant guère envie de perdre son temps avec vous, puis s’énervait et vous sautait à la gorge pour retourner les rôles, et devenir celui qui menait le jeu.
Sed sourit à son frère, répondant à sa question. Apparemment, son félin, non content de lâcher des poils partout sur le jeune homme, était aussi un explorateur avide de conquête qui s’amusait bien dans le château. Et il ne se faisait pas lyncher ? x) Les gens n’aimaient pas trop les chats, par ici : trop superstitieux, ils étaient morts de peur à la vue des petits félins pourtant inoffensif. Ce devait être qu’avec le temps, ils avaient fini par s’y habituer, ou par comprendre que la Gardienne ne tolèrerait pas qu’on batte un animal sans aucun prétexte, sinon que les légendes à son sujet n’attiraient pas forcément la sympathie. Sincèrement, à lui, petite chauve-souris de son état, ça ne posait aucun problème, même s’il se serait mal vu ramener un animal au Château Noir, un beau jour. Non, il ne savait pas, ça ne l’intéressait pas. Déjà, parce que ça ne lui ressemblait pas. Solitaire, taciturne, c’était tout lui ; gâteux devant une bête, ça lui ressemblait déjà moins. Et puis, de toute façon, son instinct de chauve-souris le poussait à faire attention. Les chats avaient une furieuse tendance à vouloir gober tout ce qui vole, et il jugeait ça un peu bête de mourir juste en se transformant. Et puis non, il aimait bien Slade et Dave, il devinait qu’il apprécierait le chat de son frère, mais il n’aimait pas les animaux au point de vouloir partager son toit avec. Tout en pensant à cela, il écoutait son frère d’une oreille distraite, tout en observant les poils sur le manteau de ce dernier. Sed, après un petit silence, affirma qu’en effet, ce pourrait être plus sympathique si Howl avait une maison bien à lui. Et le jeune homme lui demanda s’il comptait se payer un logement, ce qui posa une colle à Howl. D’un côté, ça lui aurait bien plu, mais de l’autre … Il préférait rester près de la Gardienne, allez savoir pourquoi. Peut-être que s’il trouvait une maison pas trop chère et à distance raisonnable du Château … Il pourrait bien céder, oui. Il ne comptait pas mettre tout son argent dans un logement trop grand, vu qu’il y serait seul, ni trop loin de l’imposant château : traverser la ville tous les matins et tous les soirs pour arriver à l’heure devant la porte d’Aileen, ça ne lui disait pas plus que ça. Mais bon, même un petit appartement lui aurait suffit, en fait. Tout ce qu’il fallait à un homme comme lui, qui passait plus de temps à bosser chez la Gardienne qu’à se reposer, c’était un lit, un salon confortable, une cuisine et une salle de bain. Avec un bon canapé, pour pouvoir passer de nuits potables quand il recevrait des invités, si possible. Comme ça, il pourrait volontiers inviter son frère à passer la nuit chez lui, super non ? Cette pensée lui tira un sourire, et il répondit à Sed.

« Je ne sais pas. J’attends qu’une occasion se présente, pour tout dire. Si j’achète un logement, je veux qu’il ne soit pas trop grand, qu’il soit près du château, qu’il y ai un nombre raisonnable de pièce … Bref, j’ai des critères bien déterminés, et j’attends juste de trouver ce qu’il me faut. Je préférerais un appartement à une maison, pour tout dire … Tu sais, c’est tout récent, c’est des gens qui vendent des parties de leur maison, où tu peux loger. Tu as ton étage à toi, avec des portes fermées à clé, tu as une cuisine, une salle de bain … Bref, comme une vraie petite maison. Pour tout dire, un appartement de ce style pas loin du Château, si le prix me convient, je saute dessus. »

Howl fit un sourire à Sed, ravi de voir que son frangin semblait heureux pour lui. Evoquer une possible invitation semblait avoir fait plaisir au jeune homme, comme s’il ne voulait pas qu’ils se séparent aussitôt. Ils avaient vingt ans à rattraper, il faudrait bien qu’ils se revoient ! Pour le moment, Howl devait déjà réussir à assimiler toutes les nouvelles qu’il avait apprises, et même s’il mourrait d’envie de raconter des tas d’anecdotes à son frère, il ne voyait pas vraiment que lui raconter. Le plus important sûrement, mais ça, il avait déjà décidé de lui cacher … Il ne pouvait pas parler de l’amour qui brûlait en lui dès leur première rencontre, c’était trop rapide, trop brutal. Et puis, qu’aurait pensé Sed de son frère ? En pincer pour la Gardienne, quand même … Ce n’était pas rien ! C’était même plutôt présomptueux de sa part de penser qu’elle pourrait éprouver de mêmes sentiments à son égard. Et résultat, comme Howl n’était pas assez fou pour espérer qu’elle l’aimerait autant que lui l’aimait, il se pourrissait la vie en gardant son secret et en s’interdisant d’en dire un mot à qui que ce soit. C’était son secret, et celui-ci, même Sed n’était pas prêt de pouvoir l’entendre. L’unique église, au loin, sonna plusieurs coups. La luminosité était de plus en plus forte à Yomi : la journée s’avançait vers le midi. C’était une belle matinée, et Howl devinait qu’il serait de bonne humeur le reste de la journée, malgré le petit mensonge fait à son frère.

« Que comptes-tu faire cet après-midi, Sed ? »

Vilaine technique pour suggérer à l’innocent petit frangin de t’emmener faire un petit tour comme on promène un vieux gâteux, mesquine petite bête volante.


1 176. .___. Arrondis à 1200, je pense ?
Désolée, c'est pas fameux, mais pas fameux du touuut. .___.
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Sed Fieldman
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MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeLun 23 Aoû 2010 - 0:58

    Sed sentait bien que son frère ne partageait pas son affection pour les animaux, du moins, pas au point d'en avoir un. Il ne le questionna donc pas à ce sujet, connaissant d'avance la réponse: négative. Cependant et, au vu de la réaction de Slade lorsqu'il avait confondu Sed et Howl, le loup appréciait le serviteur de sa maîtresse. Or, Sed avait fini par se rendre compte que les animaux devinaient vite qui les aimait et qui ne les aimait pas, et que leur affection envers quelqu'un n'existaient que lorsque ce quelqu'un appréciait un tant soit peu l'animal. Enfin bref, Howl aimait sûrement bien le loup et le chaton volant de sa maîtresse. Sed espérait que, s'il était amené à la croiser, il tolérerait de même Talisman. De toute manière, son grand frère ne semblait pas faire preuve de cette ridicule superstition qui poussait les gens à considérer les chats comme des malheurs, des démons, et à les éliminer. D'ailleurs, c'était une des raisons pour lesquelles Sed avait un peu de mal à se faire accepter au Château, quand il y repensait. Il aimait bien son chat, il était hors de question qu'il s'en sépare ou le laisse se faire tuer, et le dernier à avoir suggéré cette éventualité -un rouquin stupide- s'était fait envoyer paître. Quand il le voulait, Sed savait être relativement cassant, et son ton dur, couplé à un regard glacial et à une sorte de menace qui, lorsqu'il perdait patience, émanait de lui, lui permettaient de se faire respecter. Les serviteurs, pas si tendres que cela entre eux, avaient essayé au début de le chahuter, de bizuter le nouveau, en somme. Ils avaient essayé une fois, deux pour les abrutis. Et tous s'étaient rendus compte que Seedle avait un putain de sale caractère, comme on dit si élégamment. Le jeune homme sourit en repensant aux évènements. Ses collègues de travail -grand mot- avaient essayé, comme ils le faisaient souvent, de lui jouer des tours. Manque de bol, Sed était relativement malin et surtout, une sorte d'instinct développé au contact de gens peu recommandables lui avaient appris à deviner quand on se payait sa tête, quand on lui mentait. Alors, la première fois, il s'était campé devant les autres pour leur expliquer en termes choisis quoique châtiés en quoi il trouvait leur attitude ridicule, inintéressante, puérile, et en quoi ils étaient mauvais menteurs et vraiment pas futés. Les autres avaient essayé de le chahuter un peu une seconde fois et là, Sed avait été beaucoup moins aimable. Beaucoup plus froid, cassant, agressif, mordant, le tout en termes vifs et imagés. Il y avait gagné une mise à l'écart, mais aussi une paix durable, tout ce qu'il demandait en somme. Les autres serviteurs, à force de se faire rabrouer, avaient fini par comprendre que Sed n'était intéressé ni par les ragots, ni par les anecdotes croustillantes concernant la vie sexuelle d'untel ou d'un autre, ni les beuveries -le seul à lui avoir proposé ce genre de...divertissement s'était vraiment fait envoyer bouler- ni tout ce qui impliquait qu'il côtoie tous ces abrutis. Parce que bon, ils étaient bêtes pour la majorité, les serviteurs. Bêtes ou désespérément innocents, avec de grands yeux interrogatifs. Enfin, au moins, ils se tenaient convenablement dans le Château, et surtout, Sed n'avait plus à les supporter. Chance. Alors, certes, il était absolument tout seul, sans personne à qui parler, mais en contrepartie il ne devait pas faire mine d'apprécier tous ces abrutis à l'œil éteint, ne sachant parler que de choses sans intérêt.
    Oh, peut-être qu'en s'en donnant la peine il se serait fait des amis? De bonnes connaissances? Sauf que les serviteurs du Château étaient, soit venus pour gagner de l'argent et vivre, et se montraient résolument bêtes, soit, pour les autres, étaient dévorés d'ambition. Ceux-là avaient déjà tenté d'approcher Sed. Ils passaient leur temps à se faire des crasses les uns aux autres, étaient moins idiots que la moyenne, mais le jeune homme les avait évités. Se faire des amis, amis qui n'en étaient pas, au sein de ce groupe de chacals aux dents longues lui aurait valu, probablement, de se faire poignarder dans le dos tôt ou tard. Et puis, il aimait non seulement sa tranquillité, mais aussi et surtout son indépendance. Enfin, le fait que tous souhaitent lyncher son chat avaient quelque peu contribué à creuser l'écart entre le jeune employé et les autres.
    Alors, décidé à ne pas se rapprocher de ces serviteurs hypocrites, souples, mielleux, Sed préférait encore se tenir à l'écart, rester seul. Les léopards sont après tout des chasseurs solitaires, qui défendent sauvagement leur territoire. Des chasseurs qui n'hésitent pas à menacer ouvertement qui trouble leur tranquillité ou leur repos. Pareil à son homologue animal, Sed avait tendance à montrer les crocs à ceux qui s'approchaient trop près -au figuré bien sûr-. Méfiant, il ne prêtait foi aux mots de personne. Et donc, il restait seul. Belle démonstration, hein?

    Lorsque Sed lança Howl sur le sujet d'une maison, ce dernier devint presque intarissable. Et à entendre tous les critères, selon son frère, nécessaire à l'appartement de ses rêves, Sed se prit à sourire. Pas exigeant, le Howl! Cependant, il comprenait et partageait son point de vue. Howl passait son temps au Château, quel usage aurait-il d'une grande maison? Et c'était dans ce même but qu'il souhaitait un appartement, si appartement il y avait, proche du Château. Il était évident que traverser la ville, avant même le réveil de la Louve, c'est à dire à des heures indues, et après son coucher, c'est à dire au même genre d'horaires, n'était pas l'idéal...oui, les critères de Howl pouvaient sembler exigeants, mais ils étaient sensés. Seedle ne dit rien. Lui ne songeait pas encore à cela. Le jeune homme n'était pas réellement attaché aux lieux, et l'idée d'avoir un "chez lui" ne le touchait pas encore. Peut-être que, plus tard, il y penserait plus sérieusement, mais pour l'heure il ne voyait aucune utilité au fait de s'acheter un appartement. De toute manière, il n'avait pas les sous pour cela, alors...autant ne plus y penser.
    Il songea à ce qu'avait dit Howl sur une prochaine rencontre. Il devait s'avouer que ce frère à peine retrouvé lui était déjà cher, bien qu'il se sentît encore emprunté en sa présence. Il aurait aimé avoir quelque chose à lui dire, un sujet de conversation sur lequel bavarder à deux, refaire le monde comme font souvent les gens de la même famille. Ou bien juste aligner des bêtises, parler de tout et de rien, de la pluie et du beau temps -davantage de la pluie, on était quand même dans le monde des Ténèbres-...juste pour parler. Ou raconter des anecdotes. Mais il ne savait pas quoi dire, ni comment le dire, ni comment commencer la conversation ou l'entretenir. Et finalement, une fois de plus, ce fut Howl qui reprit l'initiative et lui demanda s'il avait prévu quelque chose cet après-midi. Sed se demanda si la question avait un double sens, mais apparemment, non. Alors, qu'avait-il prévu de faire dans l'après-midi? A vrai dire et à bien y réfléchir, la réponse était pas grand chose, voire rien du tout. Enfin, si, sûrement de se balader un peu, crapahuter au hasard des rues, peut-être regarder les lieux où il avait passé son enfance et son adolescence d'un autre œil. Là-bas, il n'avait pas non plus eu d'amis ou d'alliés. Aux yeux de Sed, le monde avait toujours été une jungle, et dans une jungle, on chasse seule et on se bat pour sa survie, quitte à enfoncer la tête sous l'eau à d'autres. Chose qu'il n'avait jamais faite, mais si cela avait été nécessaire pour que lui vive...il en aurait été malade, mais il l'aurait fait, sans hésiter. En fait, Sed n'aimait pas se montrer violent, ou juste tuer, pour lui. Il le faisait, bien sûr, parce que les états d'âme, ça ne nourrit pas et ça ne défend pas plus, mais il n'aimait pas ça. En revanche, si ça avait été pour un ami, bien que ce mot n'ait que peu de signification à ses yeux, il aurait sans doute presque donné sa vie. Enfin, heu, tout dépendait aussi de sa proximité avec la personne, hein. Faut pas pousser mémère dans les orties non plus.
    Ne sachant trop que répondre, Sed répliqua:

    "Heu, honnêtement, je n'y avais pas vraiment pensé. Je n'ai pas très envie de rentrer tout de suite au Château, je pensais marcher un peu. Dans Yomi, peut-être au bord de la Rivière...marcher comme ça, tu vois, sans vraiment de but ni d'endroit où me rendre."


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Howl Fieldman
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MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeMar 24 Aoû 2010 - 0:43

Faire un tour dans la ville. Ca pouvait être tentant, vraiment, surtout que ça disait bien à Howl de continuer de discuter avec son frère, mais … Il ne savait pas. Aileen lui avait laissé sa journée, parce qu’il travaillait dur tout au long de l’année et qu’elle ne tenait pas à le tuer à la tâche, mais il avait une furieuse envie de rentrer au château pour lui dire qu’elle avait raison, que le Fieldman qu’elle avait rencontré était bel et bien son frère, et non pas un assassin ! Bah quoi, Marmotte Milka *pan*, on est pas un peu paranoïaque sur les bords ?* <3 Avoue, tes employés qui mettent le chocolat dans le papier alu sous ton regard de boss, ils tentent pas d’empoisonner le monde avec un quelconque produit illicite ! Quoi que, ça le ferait trop, la Marmotte paranoïaque qui met une poudre blanche bizarre dans sa plaquette de chocolat avec un rire démoniaque, genre ahahah regardez bien car vous allez mourir de mes mains et non pas le contraire ! Quoi que parfois, Howl la Chauve-souris-Marmotte (et oui, Frankenstein existe même à Yomi) aurait bien aimé faire bouffer ce chocolat empoisonné que des vilains renégats destinaient à la Marmotte en chef. Quelle compassion, quelle compréhension monsieur le grand canon brun au large chapeau aussi propre que Jacquouilles la Fripouille ! Mais donc bref, pour en revenir au problème de base, la Marmotte, non, la Gardienne serait sûrement ravie – ou pas – d’apprendre que le jeune homme qui ressemblait tant à son serviteur favori était juste son demi-frère. Quoi que, si ça se trouve, il sortait des conneries, ce gars-là, et s’apprêtait à tuer la Gardienne en profitant du fait qu’Howl le croit son frère ! Plissant les yeux, le jeune homme se mit à réfléchir. Que savait-il de ce frère ? Rien. Il fallait qu’il trouve le temps de se renseigner et qu’il en parle à la Gardienne pour avoir des directives précises. Ensuite, il mettrait le sort de celui qui, deux minutes plus tôt était encore son frère, entre les mains de Mademoiselle Aileen. D’un certain point de vue, ça lui faisait mal, car en l’espace d’une heure, il était venu à apprécier Sed, et à le considérer comme ce frère qui lui avait toujours manqué. Et leurs histoires étaient si concordantes … ! Cela dit, il aurait pu retrouver quelqu’un qui connaissait Howl, et qui aurait pu le renvoyer vers la grand-mère de la Chauve-souris, qui aurait tout raconté, en vieille harpie crevante de rancœur et de mauvaiseté. Oh, ça se dit ça ? Et donc cette sale antipathique aurait éprouvé un sournois plaisir de malade de Parkinson et à moitié folle qui ne sait plus quoi faire sinon emmerder son monde et plus particulièrement sa descendance. Jolie famille, parfois Howl se demandait si ce n’était pas plutôt chez sa grand-mère paternelle qu’il s’était réfugié avec sa mère, vu comment elle ressemblait à l’autre ivrogne. Avec une pareille ascendance, parfois, Howl se demandait comment ça se faisait qu’il ne soit pas un alcoolique manipulateur et lâche, violent et fourbe. Quoi que, qui sait, ça se trouve …

Ce qui ne changeait pas le problème. Il avait déjà trop parlé, ce n’était pas prudent. Maintenant, il devait se taire, et vite le quitter pour pouvoir mener sa petite enquête. Il fallait qu’il rentre rapidement au Château, pour parler de cette rencontre avec Aileen, et lui demander ses directives. C’était fou, depuis quelques temps, il enchaînait les conneries : là, aujourd’hui avec ce Sed qui n’était peut-être qu’un inconnu ; un peu plus tôt, en embauchant un type qui avait failli tuer la Gardienne ; encore plus récemment, en manquant de zigouiller, décapiter, toutcequevousvoulez une Lumière, que Mademoiselle Aileen prenait sous sa protection … Un peu plus et elle allait bien gueuler, la Gardienne. Il imaginait déjà la scène : le grand brun, les yeux rivés sur le sol, le visage masqué par son chapeau, qui se faisait engueuler par un petit bout de femme trop mignon mais trop dangereux, sous le regard railleur d’un grand loup bicolore et d’un petit chat volant. Ca promettait d’être folklo, la vie au château, dans quelques jours, s’il continuait sur sa lancée. Il retint de peu un soupir, reconstituant en un instant un masque d’une neutralité absolue, presque flippante ôô, sur son beau visage de demi-Dieu aaah tellement qu’il est beau mon Howl, gniiih *_*. D’une main gantée – j’adore cette expression, mais un truc de fou -, il baissa un peu son chapeau sur ses yeux, laissant un léger sourire se dessiner sur ses lèvres. Faux sourire, mais convaincant sourire, il va de soi. x] Il ne devait pas laisser voir à ce Sed qu’il « voyait clair dans son jeu », même si ça risquait d’être plutôt ardu vu que le jeu en question était à peu prêt aussi opaque qu’un tas de feuilles humides collées au fond d’une tasse parce qu’on a fait un bon thé avec. Oui, j’avoue, c’est pas forcément très … comment dire, évocateur, comme image, mais c’est tout ce que j’ai trouvé, vu ? >< Oui donc bref, Howl adressa un charmant sourire à son frère, tout en laissant tomber sa cigarette au sol. Il l’écrasa du pied, puis prit la parole :

« Je vois ce que tu veux dire. Je vais te laisser-là dans tes pérégrinations alors, je pense que je vais rentrer au Château Noir. Il faut que je parle avec Mademoiselle Aileen, et même si j’ai ma journée, je suis sensé faire du tri dans le personnel du château dans les prochains jours, autant commencer maintenant, tu ne crois pas ? Finalement, un appartement ne m’arrangerait pas tant que ça, je perdrais du temps à venir, déjà que je n’en ai pas des masses … »

Il eut un petit rire, puis sourit à nouveau à son frère, relevant son chapeau du doigt. Il paraissait presque sincère, monsieur Chauve-souris, avec son bel air de grand frère amical et son léger sourire trop mystérieux trop classe trop Howl quoi. 8D



1011 mots, arrondis à 1000.
Howl, ou comment changer d'avis comme de chap ... Chemise, parce qu'Howl ne change pas de chapeau.

* Super référence de la mort qui tue à Alice Raven allégrement surnommée la Marmotte Milka par sa jumelle, n’est-ce pas Champi ? XD

XDD ma Momo, je t'aime <3
20 points d'xp ^^
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MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeMar 24 Aoû 2010 - 19:35


    Sed se doutait bien que Howl était quelqu'un d'occupé. On ne devient pas serviteur personnel de la Louve en ménageant son temps libre...cependant, il dut s'avouer, bien qu'il demeurât imperturbable, qu'il était un peu déçu que Howl décide de rentrer. Avant de se coller une gifle mentale. Bordel, t'as vingt ans, pas quatre! Tu vas pas nous jouer les gosses égoïstes? Il a du travail, il vient de le dire. Aïe, même mentalement ça claque, hein mon gars? Sa petite conscience était totalement dépourvue d'indulgence, mais elle avait raison: Sed n'avait pas le droit d'attendre de son frère qu'il passe la journée avec lui. Alors, il ne montra pas sa légère déception et se leva avec un léger sourire, pour répondre à son grand frère:

    "Tu as tant de tri que ça à faire?"

    C'était une question rhétorique, qui n'attendait pas de réponse. Juste une remarque comme ça, en passant, prononcée d'un air amusé. Et avec quelques arrières pensées du genre "il va s'amuser à trier tous ces abrutis".
    Quelque chose, cependant, gênait Sed. C'était comme un pressentiment, un sens animal, l'impression que Howl lui cachait quelque chose. Cela venait de le frapper, et à bien y penser, cela ne l'avait pas tracassé au début de leur rencontre. Non, c'était tout récent, et même remontant à ces dernières minutes. Sed faillit demander à Howl ce qui le tracassait, puis estima que, si il n'avait pas été mis au courant, ça ne le concernait pas. Cependant, il était sûr qu'il y avait anguille sous roche. Il faisait assez confiance à sa faculté de deviner, plus ou moins, le mensonge. Dans le passé, au sein de la capitale, elle avait souvent aidé le petit voleur qui parvenait à distinguer les arnaqueurs des gens honnêtes, les vrais amis et ceux qui voulaient juste lui piquer son butin. D'ailleurs, si sa mémoire était bonne, ils avaient tous voulu lui piquer les fruits de ses larcins! Sauf les filles, mais elle, c'était une autre histoire encore. A une époque, l'adolescent taciturne et ombrageux, mince, musclé, alerte, et surtout que de nombreux autres voleurs avaient vu filer entre les griffes de ses poursuivants, avait eu aux trousses une vraie horde. Attirées par son physique certes avantageux, sa classe particulière, sa réputation de voyou, les filles l'avaient coursé des heures entières. Il avait encore en tête la meute d'adolescentes, toutes ou presque des voleuses de Yomi, qui l'abordait avec force gloussements et rires suraigus. Lui s'esquivait alors tant bien que mal, toujours mal à l'aise face à cette étrange engeance, et sentant leurs regards pleins de...convoitise? Le parcourir. Une fois ou deux, il s'était même fait la réflexion qu'il était comme un morceau de viande face à une meute de loup. Quelles dindes elles étaient, quand même...

    En tous cas, Sed sentait que quelque chose clochait. Il s'abstint cependant de prononcer le moindre mot à ce sujet, se contentant de rester attentif, comme toujours. Pour changer...Le jeune homme se leva, lui aussi. Il n'avait aucune intention de rester immobile, tout seul, ce n'est pas drôle. De toute manière, Sed détestait la simple idée de ne rien faire. Hyperactif? Non, pas du tout. Juste habitué à bouger, et pas à paresser sur une chaise ou un banc. Il n'aurait jamais pu faire un travail de bureau, en fait, à bien y réfléchir. Ou bien, si, mais il aurait vite improvisé un lancer de fléchettes avec des plumes...cette idée amusa le jeune homme, qui s'imagina dans le rôle d'un scribe ou d'un copiste, voire d'un bibliothécaire. Même pas la peine d'y songer. Tiens, d'ailleurs, tant qu'il y pensait...Enfant d'un ivrogne puis des rues, Sed n'avait jamais pu recevoir une réelle instruction. Enfin, si, une seule fois. Un vieil homme avait pris en affection le gamin insolent, après que ce dernier l'ai détroussé puis, pris de remords car l'homme semblait pauvre, lui ait rendu la moitié du butin. Bon, Sed avait appris par la suite qu'il s'agissait d'un noble riche comme tout, mais trop tard. Quelle idée aussi de se sentir coupable...en tous cas, le vieil homme, amusé par l'initiative rare et un brin idiote du gamin, l'avait pris un peu sous son aile. Ce qui revenait à dire que, une fois par semaine à peu près, il retrouvait le jeune et lui apprenait deux-trois trucs. Et c'est comme ça que Sed avait appris les rudiments de la lecture, de l'écriture et du calcul, compétences appréciables dans un monde assez illettré, et qui lui avait permis de gagner des pièces en lisant une lettre à ses destinataires ou en en rédigeant une sous la dictée. Et d'arrêter de se faire couillonner lorsqu'un commerçant lui rendait la monnaie. En tous cas, il venait d'y penser, mais il ferait bien de s'instruire un peu, notamment sur l'histoire de son monde, quand même. Et puis, les sciences. Il adorait les sciences. Gamin, il avait fait un certain nombre d'expériences, et posé un certain nombre de questions déroutantes dans le genre "Pourquoi l'eau elle ne s'envole pas? Et pourquoi quand on coup le ver de terre, ça bouge encore?". Et il conservait cette curiosité-là.
    Étrange comme une simple réflexion sur le fait qu'il n'aimait pas rester inactif pouvait le mener loin! C'était ce qu'on appelait l'association d'idées. Et là, il venait quand même de faire un peu fort. Bon, en tous cas, il allait finir sa journée tout seul du coup, et merde, raté. Il irait probablement marcher un peu dans les rues de Yomi, comme à son habitude, dans le genre de l'idiot qui cherche les ennuis, il traînerait du côté de l'échoppe du père d'Asaka. Probablement finirait-il sa journée...non, pas dans un bar è__é Au bord de la Rivière de l'Oubli, ce cours d'eau lugubre qui n'avait de poétique que le nom. Avant de rentrer au Château à la nuit tombée, comme de coutume. Et de retrouver son assommant quotidien sous les ordres et en compagnie d'abrutis, qui passaient leur temps à essayer d'écharper son chat, de l'inviter à la taverne ou de lui tirer dans les pattes. Charmantes personnes.

    Il se leva donc, d'un geste souple et rapide. Puis Sed regarda Howl, un instant, son grand frère, avec son expression amicale et son sourire un brin...ambigu? En tous cas, avec son chapeau à moitié sur la figure, sa mise soignée et ses pistolets, il avait une sacrée classe le frangin. Sed lui rendit son sourire:

    "Bon, eh bien au revoir alors. Bon courage pour tout ce que tu as à faire!"

    Il n'y avait qu'une sortie à la petite place, c'était la ruelle par laquelle les deux hommes étaient entrés. Ils avaient donc encore quelques mètres à parcourir à deux avant de reprendre chacun leur chemin. Sed pensait s'enfoncer au coeur de la ville, tandis que Howl, repartant vers le Château, allait à l'opposé. En tous cas, le petit frère se mit en marche, estimant inutile de tergiverser des heures entières. Ils s'étaient dit au revoir, et puis voilà. Sed espérait juste qu'ils se reverraient prochainement, parce qu'il n'avait pas l'intention de perdre à nouveau de vue son frère à peine retrouvé. Et parce que bon, c'était un peu la seule personne pour laquelle il avait de la sympathie ici. Euh, à part Aileen Sôma, bien sûr, la Louve avec qui il avait eu la chance de parler un peu.
    Il quitta la ruelle tranquillement. Débouchant dans la rue, de nouveau seul, il prit une légère inspiration. C'était quand même une belle journée...il avait croisé quelqu'un qu'il appréciait, et même retrouvé un frère. Finalement, son jour de congé n'était pas vraiment un jour perdu! Le sourire aux lèvres, il salua Howl d'un signe de tête et s'éloigna dans les rues, rapide et efficace comme tous les voleurs. Et comme tous les voleurs, il devint pratiquement indécelable dans la foule bigarrée au bout de quelques pas.

[je sais pas si tu veux poster encore un coup, en tous cas pour moi, c'est RP terminé =) ]


1304 mots arrondis à 1300
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Ajout.
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MessageSujet: Re: Promenade à Yomi. [ Libre ]   Promenade à Yomi. [ Libre ] Icon_minitimeVen 27 Aoû 2010 - 12:02

Rassuré en notant que Sed ne semblait pas avoir remarqué son brusque changement de pensées, Howl lui fit un sourire d’excuses lorsque celui-ci prit la parole. Oui, du tri, il en avait des masses à faire ! Il devait passer en revue tous les serviteurs du château, faire une liste avec nom, prénom, photo et tous les renseignements possibles pour chacun, et virer tous ceux en qui il n’avait pas confiance. Enfin, tous ceux en qui il n’avait vraiment pas envie de leur faire confiance, vu qu’à part Aileen et … euh en fait c’était à peu près tout, tiens, personne n’avait la confiance de la Chauve-souris. Il devait tenir ça de la Gardienne, ça faisait quand même un bon moment qu’il était à ses ordres ! Donc il devait dresser une liste impitoyablement sévère, avec tous pleins de renseignements pas toujours reluisants sur les serviteurs, et virer tous ceux qui mettaient en péril la vie au château, ou tout simplement la vie de la Gardienne. Etrangement, Howl sentait que quelque chose clochait dans cette phrase, mais il n’aurait pas su dire quoi. Quelque chose de gênant sur lequel il n’arrivait pas à mettre le doigt, un détail important qui lui ferait comprendre qu’il se plantait sur toute la ligne et que … Non, vraiment, il n’arrivait pas à savoir quoi, et ça l’énervait un brin. Tandis qu’il réfléchissait, son frère se leva, lui souhaitant du courage pour tout son travail, puis s’éloigna. Howl lui sourit, et quand Sed lui fit un signe de tête, il leva la main en guise de salut. Dès que le jeune homme eut quitté son champ de vision, il laissa retomber son bras et changea de banc. Perdue dans ses pensées, la belle Chauve-souris. Son frère était … Non, il refusait de l’appeler ainsi avant d’avoir l’avis de la Gardienne. Sed, donc, était vraiment surprenant. Et il lui ressemblait. Alors quoi ? Etait-il vraiment son frère, ou était-ce un déguisement parfaitement bien conçu ? Comment savait-il tout cela sur lui ? Par la Vieille Harpie ? Assis sur le banc, Howl se prit la tête en les mains, les coudes posés sur les genoux. A force de se torturer l’esprit avec ça, il sentait la migraine qui commençait à pointer douloureusement. Et il y avait tout ce boulot au château, ainsi que cette gêne sur l’idée d’aller bosser … Mais qu’est-ce qui le gênait, à la fin !? Il devait juste dresser une liste de …
Dresser une liste.
Les yeux ambrés d’Howl s’écarquillèrent tandis qu’il comprenait.

Comment dresse-t-on une liste écrite quand on n’a jamais tenu un stylo de sa vie ?

Grmpf, abrutie de bête volante, tu n’aurais pas pu dire à la Gardienne que tu ne savais ni lire, ni écrire, à peine compter !? A cette pensée, son mal de crâne enfla encore un peu. Il se sentait ridicule. Aileen était plus jeune que lui, avait eut le même genre d’enfance, et pourtant il l’avait déjà vue écrire ou lire, ce qui signifiait qu’elle avait eut un semblant d’éducation, elle. Comment, ça, ça ne le regardait pas, mais le fait était qu’il avait quand même près de trente ans et qu’il se débrouillait aussi bien niveau littérature qu’un poteau malmené par les gosses de Yomi l’humiliait intérieurement. Oui, intérieurement, parce que personne ne le sait, et que pourtant il se sentait honteux, sale, bref, lamentable. Pauvre petite Chauve-souris. Comment s’en sortait-il, maintenant ? Pouvait-il se présenter à la porte de la Gardienne, les yeux rivés sur le sol, et lui expliquer du tac au tac que non seulement il avait parlé avec un inconnu sous l’effet de l’alcool – et il savait qu’elle détestait les gens qui buvaient -, mais qu’en plus, il était incapable de faire le travail qu’elle lui avait donné à cause de son analphabétisme ? C’aurait été ridicule et bien décevant pour la Gardienne, mais il ne voyait pas vraiment quoi faire d’autre. Il allait sûrement faire une chute monumentale dans l’estime de cette dernière, autant parce que ça faisait quelques choses comme cinq ans qu’il était à son service et qu’il ne lui avait jamais avoué son illettrisme, que parce qu’il avait traîné dans une taverne alors qu’elle lui avait déjà dit qu’elle méprisait tous les ivrognes. Certes, il n’était pas une épave alcoolique, mais il craignait sa réaction. Il était son serviteur principal, et à ce titre un exemple pour quelques rares autres valets. Ceux qui ne lui avaient jamais parlé quoi, et qui ne savaient pas encore à quel point il pouvait être hautain et chiant. Mais donc rien que pour la réputation, il se devait d’être sobre et capable de tout ce qu’elle lui demandait ; or, il était dans l’incapacité de remplir la mission qu’elle lui avait donné, et à cause d’une simple bière avait fait une erreur monumentale. Et dire qu’il l’aimait tant qu’il se croyait capable de tout pour la Gardienne ! Au contraire, il enchaînait erreur sur erreur. Si cette série de conneries continuait, il allait finir viré, ou peut-être même égorgé. D’une certaine manière, il préférait limite la seconde option, vu que la Gardienne était sa raison de vivre, et viré du Château, il n’avait plus rien, et que si elle l’égorgeait, cela signifiait qu’elle le toucherait, et Héla sait combien le contact de l’être aimé, même si celui-ci ne vous aime pas forcément, peut réconforter !

Un oiseau se posant à côté de lui le fit sortir de ses pensées. L’animal picora un petit peu sur le banc, ignorant parfaitement le regard d’Howl. Lorsque celui-ci esquissa un mouvement, le petit volatile se figea, la tête basculée sur le côté, puis s’envola. Le regardant effectuer de larges courbes aériennes dans le ciel, Howl se rappela alors combien voler pouvait être une expérience magnifique. Se jouer des courants d’airs chauds et froids, utiliser leur puissance pour planer ou voler sans trop se fatiguer … Il aimait ça, sûrement autant qu’un oiseau. Peut-être parce que d’une certaine façon, il était un mammifère volant ? Cessant d’observer l’oiseau, il se leva et fit quelques pas.

L’instant d’après, une petite chauve-souris noire aux doux reflets argentés s’élevait dans le ciel.

1028 mots, arrondis à 1050.
RP fini too. =]
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